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31 octobre 2020 6 31 /10 /octobre /2020 18:54

LE PETIT LIVRE BLEU D’EDGAR

 

L’œil toujours alerte et pétillant, à plus de 99 ans, celui qui a failli mourir étranglé par un cordon ombilical en 1921, est bien vivant et vient de produire un petit livre bleu : changeons de voie, les leçons du coronavirus. Cet homme qui a traversé un siècle d’histoire, vous l’avez sans doute deviné, est Edgar Morin, sociologue et philosophe reconnu largement pour sa pensée complexe et visionnaire. Ce livre, je ne peux et ne souhaite pas le résumer. J’ai lu presque en une fois ces 150 pages qui nous révèlent un peu plus les dessous de notre histoire moderne menant à ce qu’il nomme la mégacrise. Dans le respect de cette œuvre à lire, je me contenterai, comme un peintre, de vous donner quelques touches de couleur.

Première touche, le résumé singlant d’Edgar Morin : « Comme nous l’avons annoncé en introduction, la mégacrise provoquée par le coronavirus est le symptôme brutal d’une crise de la vie terrestre ( écologique), d’une crise de l’humanité, qui est elle-même une crise de la modernité, une crise du développement technique, économique, industriel, une crise du paradigme maître qui a organisé et imposé toutes les forces désormais déchaînées dans une course à l’abîme ». Ainsi, il va dresser le tableau de 15 leçons du coronavirus, souligner 9 défis pour notre monde et enfin plaider pour un humanisme régénéré.

Deuxième touche : à la différence d’autres auteurs à la pensée binaire , il relie des enjeux en montrant l’importance pour sortir de cette crise de conjuguer des dimensions qui pourraient sembler opposées. Mondialisation et démondialisation. Mondialisation pour déployer des liens et des coopérations à l’échelle planétaire ( exemple plusieurs pays qui envoient des équipes de secours sur des séismes localisés) . Démondialisation économique pour  que les Etats redeviennent autonomes pour leur santé, leur alimentation ou encore leur énergie. Croissance et décroissance. Croissance de l’économie des besoins essentiels autour de la santé, de l’éducation, de l’agriculture agroécologique( cf Pierre Rabhi). Décroissance pour réduire « l’économie du frivole et de l’illusoire » : la publicité, la nourriture industrielle ( en boîte…), les objets jetables, le nombre de véhicules ou encore le trafic aérien. Développement et enveloppement. Développer non seulement la technologie au service de la vie mais le non quantifiable comme la culture . Envelopper par la solidarité ce développement pour lui donner un sens.

Ainsi, dans sa vision du futur, Edgar Morin en appelle à avancer vers un humanisme dans lequel chacun considère la terre comme une patrie et cite Montaigne qui écrivait en 1580 : « J’estime tous les hommes  mes compatriotes ». Accepter l’unité du genre humain sur un plan biologique et génétique et en même temps reconnaitre la diversité des cultures à travers leurs mœurs, leurs coutumes, leurs rites, leurs croyances, leurs musiques. En cette période marquée tragiquement en France par des assassinats barbares ( un professeur d’histoire géographie , trois femmes catholiques dans une basilique et en ce jour un prêtre orthodoxe) au nom d’un fanatisme religieux pathologique en soi, il est urgent de réveiller cet appel que lance Edgar Morin avec une expression qu’il aime répéter : nous sommes une communauté de destin à l’échelle planétaire.

Enfin, j’ai beaucoup goûté le final qui nous invite à lever les yeux vers l’espoir, l’espérance qu’il précise avec quatre principes.

1 le principe du surgissement de l’improbable.  Tout est possible face aux vents contraires. Ainsi la victoire des alliés en 1945 n’était pas une certitude devant l’armée hitlérienne. Autre exemple plus proche : la chute du mur de Berlin en 1989. L’improbable reste toujours possible.

2 le principe de régénération.  En même temps que des forces régressives alimentent une crise, des forces génératrices et créatrices émergent.

3 Le principe de la chance liée au risque. Il est formulé par Hölderlin, philosophe allemand du XIXème siècle : « Là où croît le péril, croit aussi ce qui sauve. ».

4 Le principe d’aspiration de l’humanité à un monde meilleur qui existe depuis la nuit des temps et nourri par les religions, les idéologies et les mouvements protestataires comme en 1968 en France.

Et si nous prenions ce virage de la nouvelle voie, un virage qui nous offre une chance de renouer avec les valeurs de la vraie vie et non du profit, de retisser des fraternités à l’échelle locale et « vivre poétiquement , c’est-à-dire dans l’épanouissement et la communion ». La deuxième vague du confinement en Europe, avec notamment le principe de régénération, peut devenir ce levier d’opportunité.

 

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  • : Le blog de Michel BERNARD
  • : ce blog est destiné à ouvrir un espace de reliance entre la psychologie positive, le coaching et le développement personnel.
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  • Michel BERNARD
  • Coach, praticien appreciative inquiry, et formateur en ressources humaines et management, j'ai à coeur de faire partager mes découvertes autour de la psychologie positive et de la pédagogie du "mieux apprendre".
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