Dans les formations que j'anime, je touche évidemment l'intellect de mes participants ou encore la sphère émotionnelle quand ils vivent une connexion profonde à eux-mêmes. Ces formations autour de la sérénité, de l'efficacité ou encore de la posture d'acteur de sa vie professionnelle sont loin à priori de l'âme. L'âme que l'académicien français d'origine chinoise, François Cheng considère comme le terreau du désir et de la mémoire. L'âme considérée aussi comme un espace intime d'intériorité à situer plus profondément que notre intellect ou activité purement mentale. Je peux cogiter une journée entière dans une sphère professionnelle sans connecter mon âme. Et pourtant, dans une société en quête d'une nouvelle spiritualité, l'âme est souvent évoquée dans des magazines de développement personnel.
Il y a aussi la belle définition donnée par Frédéric Lenoir, notre expert philosophe des religions, dans son ouvrage sous forme de roman " l'âme du monde" :
"...votre âme spirituelle n'est autre qu'une parcelle infime de l'Ame du monde. C'est par elle que vous ressentez la beauté et l'harmonie du monde...C'est elle qui vous met en quête d'une source qui puisse enfin désaltérer la soif la plus profonde de votre être."
Or, je crois avoir touché un peu de l'âme de mes participants à mes derniers stages grâce à un petit livre magique : "Mon année Haïku (1) : un poème et sa méditation chaque jour pour être plus présent à la vie" écrit par la journaliste Pascale Senk. J'ai eu l'idée spontanée (intuition ?) de proposer à un participant de jouer le rôle de lecteur d'haïkus. Pas n'importe comment . A l'occasion d'une fin de séquence , je l'invitais à se centrer sur une intention précise pour le groupe puis à ouvrir au hasard ( est -ce si sûr ?) une page contenant un haïku . Puis, dans la tradition des haîdjins ( écrivains de haïkus), de lire deux fois le haïku puis de conclure par le commentaire interpellant de Pascale Senk. Et soudain, durant cette lecture, j'avais l'impression que chacun , dans un silence intérieur, se reconnectait à une partie plus profonde de lui-même. Reste aussi à préciser que le haïku "trouvé" n'est jamais tombé à plat, au contraire à l'image de celui-ci :
Au fond d'un tiroir
des trombones
Insectes métalliques
de Igor Quézel-Perron.
Le commentaire de Pascale Senk est incisif. En voici quelques extraits signifiants : Plus les vies professionnelles se sont technicisées, désincarnées, plus on a tendance à voir dans le travail des enjeux relationnels et affectifs...En réalité, travailler est une manière de contribuer au monde.
Aucun participant ne pouvait s'attendre à tant de proximité avec le propos du stage et l'image saisissante de trombones insectes donne la chair de poule. Notre âme a vraiment besoin de sortir de son tiroir pour découvrir la face cachée du monde : sa beauté, sa singularité, et son évolution permanente. Aux âmes, citoyens !
(1) un haïku est un poème d'origine japonaise construit sur une structure tertiaire de trois lignes avec une première et troisième ligne de 5 syllabes et une deuxième de sept.
cf article sur ce blog http://mister-aidant.over-blog.com