L'ESPERANCE et le morceau de chocolat
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Une fois n’est pas coutume, avant de lire la suite de cet article, je vous invite à écouter l’histoire racontée par Francine Christophe , 8 ans enfermée avec sa mère dans un camps de prisonniers en Allemagne pendant la deuxième guerre mondiale.
https://www.youtube.com/watch?v=ftugbci9ohg&t=4s
En quoi cette histoire émouvante peut convoquer l’Espérance ? De mon point de vue, je discerne plusieurs germes d’Espérance.
D’abord, le fait que la mère de Francine ne se contente pas de soutenir moralement cette femme enfermée , faible, fragile, sur le point d’accoucher mais cherche concrètement ce qu’elle peut faire pour sa survie et celle de l’enfant à naître. Le morceau de chocolat de sa fille Francine devient un symbole fort de cette Espérance en acte. Le peu qu’elles ont, elles en font don volontairement !
Sa mère espère que le morceau de chocolat va aider cette femme à retrouver un minimum de force pour accoucher…mais sans certitude sur l’avenir ! L’espérance reste un pari de confiance sur le futur !
Et la conclusion de cette histoire vraie : le bébé « muet » pendant la durée du camp a bien grandi et est devenue un médecin psychiatre ! L’Espérance peut conduire à des inattendus qui dépassent notre propre imagination. Qui aurait parié que ce bébé, qui aurait pu vivre traumatisé suite à ce vécu dans l’horreur d’un camp de concentration, devienne lui-même un soignant !
Cette histoire nous rappelle la force de l'Espérance quand nous cherchons des nouveaux repères, des nouvelles sécurités dans un monde qui surmédiatise les violences tout azimut ( guerres, violences urbaines, violence des catastrophes naturelles..).
Et William Clapier, théologien et chroniqueur à la Croix « branché » en particulier sur l’Espérance, un sujet abyssal selon lui, insiste sur le fait que l’Espérance est une vertu active, une force qui met en mouvement tout en restant lucide sur le réel du monde et de notre environnement. Dans une vision spirituelle, il invite à « accueillir ce souffle au plus profond de soi » et constate qu’elle nous réajuste à la réalité de la vie ici et maintenant.
Même si l’Espérance, dans le monde catholique, est reconnue comme une vertu théologale à côté de ses deux sœurs, la foi et la charité, elle me semble dépasser toutes les frontières au-delà des religions et au-delà des diverses philosophies de la vie.
L’Espérance mériterait d’être diffusée, transmise plus largement en particulier aux jeunes générations pour faire front à deux « maux » de notre monde fluctuant et anxiogène : le découragement et le manque de lucidité.
Pour conclure, une métaphore, celle des trois hommes dans la nuit. Trois hommes devaient traverser une grande forêt pour rejoindre un village dans la nuit. Le premier s’engage sur le chemin et entend des bruits mystérieux qui déclenchent immédiatement des peurs. Il ralentit son pas, hésite à poursuivre et se demande s’il ne devrait pas rebrousser chemin. C’est l’homme du découragement. Le deuxième avance avec un pas énergique, sûr de rejoindre rapidement le village. Il s’engage dans un chemin sinueux et ne voit pas qu’il le ramène sur ses pas. Il tourne en rond. Il passe à côté d’un chemin qui arrive au village mais ne le voit pas. C’est l’homme autocentré sur lui, croyant uniquement en son propre pouvoir…qui peut le conduire à la folie. Le troisième homme a choisi d’avancer avec un pas vigilant, à l’écoute des bruits et le regard ouvert. Il se réjouit de la pleine lune et se retrouve soudain face à deux chemins possibles. Il hésite puis levant les yeux vers le ciel, il aperçoit une petite étoile du côté d’un des deux chemins. Il choisit de s’engager sur ce chemin. Au petit matin, avec l'aube, il arrive heureux et soulagé dans le village, accueilli comme un homme de sagesse et de courage.
Et si l’Espérance nous invitait à sortir de nos peurs, de nos autosuffisances pour nous mettre à l’écoute des messages plus subtiles venant du ciel et pour oser avancer au large ?
L’Espérance a aussi deux autres sœurs : le discernement et le courage.