L'empathie, une valeur qui remonte par temps de crise.
L'empathie, une valeur qui remonte par temps de crise
" Il ne m'est pas sympathique mais j'ai de l'empathie pour lui" ou encore " ah, si elle avait un minimum d'empathie pour ses employés...".
L'empathie, terme longtemps réservé à la psychologie est en passe de devenir un mot du langage courant au sein des milieux professionnels. Et pourtant, ce concept révélé notamment par le psychologue américain Carl Rogers, a un sens très spécifique que la psychologie positive tente de réactualiser.
Osons une investigation pour mettre du sens sur ce terme.
Ethymologiquement, empathie vient du grec "empatia" ( même racine que pathos, la souffrance qui donne le terme pathologie) qui signifie " souffrir avec ". Au sens littéral, être en empathie avec une personne vaudrait dire " souffrir avec elle" ou encore éprouver les sentiments qu'elle vit en même temps qu'elle. Et quand Carl Rogers, le père de la thérapie centrée sur la personne, définit l'empathie, il précise qu' "elle consiste à percevoir le cadre de référence interne d'une personne avec précision et avec ses composantes et significations émotionnelles de façon à les ressentir comme si l'on était cette personne, mais cependant sans jamais oublier le "comme si"."
Plus globalement, Carl Rogers dans les années 60-70, avait considéré qu'il y a au moins trois conditions pour permette le changement du patient dans la posture du thérapeute : la congruence ( dire ce que l'on pense et être cohérent entre pensée, parole et acte), l'accueil inconditionnel de la personne et ...l'empathie.
Plus tard, un de ses disciples, Marshall Rosenberg, également psychologue américain et fondateur notamment du processus de communication non violente, reprendra le concept d'empathie de manière imagée avec la girage. En effet, cet animal haut sur patte, peut voir loin, prendre du recul et en même temps, dispose d'un coeur puissant pour irriguer le cerveau en haut du cou. Utiliser le langage de la girage, c'est utiliser le langage du coeur, des émotions et avoir des oreilles girafe qui entendent les besoins de l'autre derrière un ton, une attitude, des mots qui peuvent même agresser.
" Quand tu me dis " vraiment , je n'y arriverai pas", est ce que tu te sens découragé devant la tâche et que tu aurais besoin de soutien ?". Voici un exemple d'utilisation du langage girafe qui tente de reformuler l'hypothèse d'un sentiment et de besoin insatisfait face à la formule jetée avec un ton désabusé " Vraiment, je n'y arriverai pas".
Plus récemment, les neurosciences ont confirmé la pertinence du concept d'empathie. La découverte de neurones-miroirs ( Rizolatti et Sinagaglia, 2008) qui permettent à un individu en percevant les mouvements d'autrui d'activer une activité cérébrale analogue à celle qu'il aurait s'il effectuait lui-même ses mouvements. C'est donc bien notre système nerveux qui nous permet d'entrer en résonance avec les autres, y compris en l'absence de parole, et d'abord par la perception du non verbal.
Dans ce domaine, est confirmée la thèse de la programmation neurolinguistique ou PNL de Bandler et Grinder, ses deux fondateurs, qui (à travers ses nombreux outils et applications en communication) ont mis en évidence le phénomène de synchronisation entre deux personnes qui se parlent dans un climat positif. Ainsi, si l'un prend un stylo dans sa main, l'autre pourra être tenté inconsciemment de prendre un objet par mimétisme comportemental.
Cette dimension est largement utilisée aujourd'hui par les professionnels de la relation qu'elle soit d'ordre thérapeutique, de conseil ou encore de coaching. Pour être en connexion avec son patient ou son client, l'intervenant est vigilant pour aligner une posture synchronisée sans tomber ni dans la singerie, ni dans le mécanique. Cette posture pourra être physique mais pourra également prendre de la " tonalité et du rythme" de parole de son interlocuteur. En effet, des travaux récents ont montré aussi que l'empathie passe d'abord par une inter action du non verbal ( expression du visage, gestes et attitude corporelle) avant même les mots.
Le professeur Mehrabian de l'Université de Californie, à travers des recherches, a mis en avant trois facteurs d'influence dans la communication : le contenu, le ton de la voix et le non verbal. Devinez lequel s'est révélé avoir le plus d'impact sur son interlocuteur ?
Podium : numéro 1, le non verbal ( expression du visage, gestes, posture) : 55%
numéro 2 : le ton de la voix : 38 %
et seulement en troisième position, le contenu, les mots : seulement 7 %.
Pause lecture :
Pensez à une rencontre récente, qu'est ce qui s'est passé en vous en terme d'état intérieur avant que la personne n'ouvre la bouche et ne parle ?
Qu'est ce qui, selon vous, a induit votre état intérieur ?
Reprise lecture
Un sourire avenant, un regard direct mais sans inquisition, des gestes de mains d'ouverture...sont des signes qui favorisent par mimétisme l'ouverture de l'autre. Par symétrie inversée, un visage tendu, crispé, fermé ou la tête baissé n'encouragent pas à première vue la communication. Sans qu'un mot ait été encore prononcé.
Enfin, l'empathie, au delà d'une technique, d'une oreille experte, d'un modèle d'influence dans la communication, est avant tout résultante d'un désir . Ai je le désir avec lui ou elle , de l'écouter vraiment et d'ouvrir mes oreilles " girafe" sans chercher à conseiller, sans chercher à juger, sans chercher à montrer que je sais écouter ? Ai je suffisamment de distance aussi pour ne pas être englouti par la charge émotionnnelle de mon interlocuteur qui me parle de son drame familial, conjugal, ou social ?
L'empathie, dans nos sociétés à nombrilisme avancé, est peut être un remède salutaire et un chemin qui nous invite à vivre plus en proximité, en lien, en connexion de coeur et à utiliser d'abord nos oreilles avant notre langue comme le suggère avec humour cette citation :
" Si nous avons deux oreilles et une seule langue,
c'est pour, au moins, deux fois plus écouter que parler."
Jacques LECOMTE, un opti-réaliste
Jacques LECOMTE, un opti-réaliste
Pionnier de la psychologie positive en France, professeur de psychologie, Jacques LECOMTE, à la suite de la conférence de présentation de l'ouvrage collectif " introduction à la psychologie positive" a répondu à nos questions. Le ton est direct, enjoué et marqué aussi d'une profonde humilité...
♥ Vous vous présentez non seulement comme le président de la première et toute jeune association francophone de psychologie positive mais aussi comme un opti-réaliste.
Comme son nom l'indique, l' "opti-réalisme" est un mélange subtil d'optimisme et de réalisme. Réalisme bien entendu quant aux potentialités néfastes présentes chez l'être humain; mais optimisme également quant à ses potentialités bénéfiques envers autrui et envers lui-même. Et comme de nombreuses recherches ont montré que les personnes qui expriment généralement le meilleur d'elles-mêmes lorsqu'on leur fait confiance, je considère que c'est cette attitude de confiance qu'il faut privilégier prioritairement.
♥ Quels sont les champs d'intervention que couvre la psychologie positive que vous situez dans le prolongement de la psychologie humaniste des années 60-70 notamment marquée par Carl Rogers ?
La psychologie positive est "l'étude des conditions et processus qui contribuent à l'épanouissement ou au fonctionnement optimal des gens, des groupes et des institutions" ( Gable et Haidt, 2005). Comme cette définition l'indique, il ne s'agit pas d'une conception égocentrique, caractérisée par la quête quasi exclusive de l'épanouissement et du développement personnel.Elle concerne également les relations interpersonnelles et les questions sociales, voire politiques. Ainsi, la psychologie positive peut tout aussi bien concerner l'épanouissement des élèves d'un collège, les bonnes relations au sein d'une équipe de travail ou encore le mode de communication entre diplomates élaborant un traité de paix.
♥ Par rapport aux personnes au tempérament à tendance pessimiste, est ce possible à partir d'exercices de les aider à évoluer vers des émotions positives et vers l'optimisme ?
Oui, j'ai moi-même constaté cela chez des personnes. A mon sens, les deux meilleurs guides pour cela sont :
Lyubormisky S (2008) Comment être heureux...et le rester, Paris, Flammarion
Seligman M.E.P.(2008). La force de l'optimisme, Paris, InterEditions.
♥ A travers vos travaux sur la résilience, vous estimez qu'il n'existe pas un modèle unique de reconstruction de la personne blessée.
Au début où je me suis intéressé à ce thème, je pensais qu'il était possible de repérer une sorte de parcours standard de la résilience, en partant du temps T 0 du traumatisme, jusqu'au temps T 10 ( ou T 15 ou 20...) de la pleine résilience, avec diverses étapes intermédiaires, que le parcours de reconstruction, est généralement très différent d'une personne à l'autre. Certains vont se reconstruire surtout par l'amour conjugual ou la parentalité, d'autres par l'amitié, d'autres encore par le sport, la peinture, une conversion religieuse, une psychothérapie, etc. Il n'y a donc pas Un parcours de résilience, mais de multiples. L'étude de la résilience a été pour moi une grande école d'ouverture d'esprit.
♥ Qu'est ce qui a déclenché chez vous ce grand désir et même, en vous écoutant, cette passion pour ce qui touche à la psychologie positive ?
Si j'essaie de m'examiner lucidement, force est de reconnaître que mon intérêt pour le bonheur vient tout simplement de ce que mon enfance et de ma jeunesse ont constitué une période particulièrement douloureuse de ma vie. Nul n'apprécie autant la lumière que celui qui en a été longtemps privé.
Comme vous l'avez souligné, j'ai consacré une partie de mes recherches ainsi que plusieurs ouvrages à la résilience (1). Je me suis tout particulièrement intéressé aux personnes ayant été maltraitées dans leur enfance et qui sont devenues ensuite des parents affectueux. La thèse de psychologie que j'ai réalisé sur ce thème (2) m'a permis de comprendre ces personnes et, par conséquent, de mieux analyser mon propre parcours. Tout ceci n'a donc pas été fait au hasard.
Au cours de cette recherche, j'ai d'ailleurs été impressionné par l'aptitude à savoir goûter les belles choses de l'existence, manifestée par les personnes en parcours de résilience. Un autre exemple m'avait également fortement marqué des années auparavant. J'avais interviewé le philosophe Robert Misrahi, qui a consacré l'essentiel de son oeuvre au thème du bonheur. Ma première question a précisément porté sur les raisons l'ayant conduit à cette orientation.(3)
En écoutant Jacques Lecomte, vous aurez compris que :
- la psychologie positive n'est pas un nouveau nombrilisme égoîste de recherche de son petit bonheur à soi
- que c'est un domaine ouvert sur la recherche à l'échelle des individus comme des organisations.
Enfin, il est à souligner que ce courant venant d'outre-atlantique et des Etats Unis ( Seligman,...) émerge en France en même temps qu'une crise économique et sociale pour ne pas dire morale . A travers les thèmes de la résilience, de l'optimisme, du sens de la vie, comme est lointaine la sphère du business, des traders ou encore des bonus bancaires. La psychologie positive nous entraîne sur un autre chemin, celui de l'intériorité.
(1) Guérir de son enfance, Odile Jacob, 2004. Le bonheur est toujours possible, construire la résilience, Paris, Bayard, 2000 (avec Stefan Vanistendael)
(2) Briser le cycle de la violence; quand d'ex-enfants maltraités deviennent des parents non-maltraitants. Ecole pratique des Hautes Etudes, sous la direction d'Etienne Mullet, 2002. Accessibles sur le site psychologie positive ( voir lien).
(3) Entretien avec Robert Misrahi, Sciences Humaines numéro 75, août- septembre 1997, page 22.
"Ma première démarche est évidemment la recherche de la nature humaine. Mais parallèlement, il y a eu mon vécu, qui fut particulièrement difficile, puisque j'ai perdu la moitié de ma famille lors de persécutions nazis. Dans une telle situation, ou bien on se laisse couler dans le malheur et la souffrance, ou bien on réagit fortement et on tente d'aller vers quelque chose. Mais vers quoi ?
Dès lors, l'enjeu qui consiste à se demander ce qu'est l'être humain n'est pas une question abstraite, mais prend toute sa substance à partir de l'expérience; expérience du malheur certes, mais qui, à partir d'une crise, commence à dessiner un désir d'accèder à quelque chose. J'ai ainsi pris conscience qu'au coeur de la nature humaine se situe le désir, au sens large et philosophique du terme, en tant que mouvement vers l'avenir.
L'homme de désir, c'est-à-dire désir de joie. Ce n'est pas le tragique qui définit la condition humaine, mais la joie."
Pour aller plus loin, site en lien avec ce blog : psychologie positive.
Ne vous casser plus la tête : prenez 6 chapeaux
NE VOUS CASSER PLUS LA TETE : PRENEZ 6 CHAPEAUX !
ou comment évaluer en optimisant la créativité.
Il est bientôt 17h, le temps du bilan de la formation est arrivé. Et le formateur distribue rituellement les fameuses fiches d'évaluation qui, dans le meilleur des cas, seront suivies par un bilan oral pour celles et ceux qui voudront bien s'exprimer.
Et puis parfois, le temps manque en fin de formation et le bilan est bâclé en 5 minutes quand certains ont un train à prendre, un enfant à récupérer ou une grand mère à visiter..Oui, notre monde est fou d'évaluation, évaluer le stagiaire en formation, l'entreprise en progression ou régression avec la crise, évaluer les politiques publiques, évaluer les contrats de performance , les contrats d'objectifs, ....
Comment renouveler le genre et générer une créativité tout en permettant d'accueillir sans raideur la critique plus ou moins fondée ?
Un anglais devenu célèbre par sa fameuse pensée parallèle ou créative, Edward de BONO a imaginé que, plutôt que de s'enfermer dans la pensée binaire, "c'est bien, c'est mal, c'est intéressant, c'est ennuyeux", il existait en fait au moins six mécanismes ou modes de pensée. Faisons l'expérience avec lui.
Penser à quelque chose pour laquelle vous avez le désir d'évaluer ou de faire un bilan que ce soit professionnel ou personnel. Bilan de votre activité professionnelle, bilan d'un stage de formation vécu, bilan d'un événement au sein d'une association, et même bilan du dernier repas d'amis ou de famille...
Vous allez tour à tour, poser sur votre tête un chapeau qui incarnera une pensée spécifique.
Commençons si vous le voulez bien.
Prenez dans la collection, d'abord le chapeau blanc.
Le chapeau blanc, c'est le chapeau neutre par excellence, il concerne les donnés et les faits objectifs.
"Overblog est un site de création de blogs" par exemple. Dans votre bilan, partez des faits, que s'est il passé ? En évitant de poser trop vite un jugement positif ou négatif.
Maintenant, poser sur votre tête le chapeau rouge, comme rouge de colère. Je vous rassure, le rouge symbolise plus largement les émotions spontanées quelles qu'elles soient, de la joie à la peur en passant par la colère ou la tristesse.
Que ressentez vous en évoquant votre bilan ?
C'est au tour du chapeau jaune qui évoque la chaleur, l'énergie, l'optimisme. Pensez au personnage en haut de mon blog : Monsieur heureux. Maintenant, qu'est ce que vous pourriez exprimer de positif, d'enthousiaste sur votre bilan ?
Après le chapeau jaune, passons au chapeau noir. Vous l'avez sans doute compris instinctivement : le noir couleur sombre, couleur des ténèbres nous renvoit à notre esprit critique si naturel en nous ! En regardant votre bilan, qu'est ce qui vous a gêné, déplu,contrarié, froissé, ennuyé...?
Retirer le chapeau noir et prenez le vert, couleur de l'herbe, de la végétation, de la croissance fertile. C'est la couleur de la créativité, du neuf. Qu'est ce que votre bilan vous suggère de faire pour la prochaine fois, de modifier, d'innover, d'expérimenter ?
Enfin, nous arrivons au dernier chapeau, le chapeau bleu. Un chapeau bien particulier. Si je suis fidèle à son concepteur, Edward De Bono, ce chapeau devrait être posé par dessus tous les autres. En effet, c'est le chapeau du ciel, quand nous prenons distance par rapport aux événements et à nos propres pensées. C'est le chapeau qui fait relativiser les autres, le rouge des émotions, le noir du critique en particulier et nous aide à nous recentrer sur l'essentiel. Alors, finalement, en posant sur votre tête ce chapeau bleu ciel, qu'est ce qui vous semble important, essentiel à retenir ?
PAUSE LECTURE avec le chapeau bleu :
Fermer les yeux, et revoyer mentalement tous les chapeaux puis attarder vous sur le bleu. Qu'est ce que ce défilé de chapeaux change dans votre perception du réel et dans la conclusion de votre bilan ?
REPRISE LECTURE avec votre chapeau préféré !
Evidemment cette expérience peut se vivre en groupe et c'est bien l'intérêt pédagogique qu'Edward De Bono a dégagé de cette trouvaille qui a le grand mérite de parler immédiatement à tous sans faire de grand discours métaphysique.
Pour ma part, si j'ai choisi de l'évoquer sur ce blog, c'est parce qu'elle m'a toujours donné du bonheur notamment dans le pilotage de bilans. Que ce soit en petit groupe, en groupe de stagiaires en fin de formation, ou encore récemment avec plus de 50 participants au sein d'une association ( avec des chapeaux fabriqués pour la circonstance et posés devant tous les participants), j'ai toujours constaté les effets "magiques " des chapeaux !
Premier effet, chacun a envie de s'exprimer et y vois le plus souvent un côté ludique libérateur de la parole
Deuxième effet, même si le chapeau noir surgit au galop, le fait d'entendre le participant commencer par dire " Avec le chapeau noir, j'exprime..." nous place dans une posture de recul en tant qu'intervenant et évite de nous plonger dans la tentative de justification.
Enfin, c'est surtout riche à exploiter car la créativité de chacun "contagionne" la créativité de tous : c'est 6 chapeaux à la puissance 6. Le groupe est alors transporté sur une autre planète et j'ai constaté que le jaune et le vert sont des couleurs souvent dominantes !
Il y a aussi mille et une autre manière d'utiliser les chapeaux.
Référence : les six chapeaux de la réflexion d'Edward de Bono.
Salle pleine pour Jacques LECOMTE, l'opti-réaliste
SALLE PLEINE POUR Jacques LECOMTE, l'opti-réaliste.
Le 11 mars à Reims, devant une salle pleine et attentive, Jacques Lecomte, pionnier de la psychologie positive en France a lancé avec humour qu'il se définissait lui-même comme un opti-réaliste. A travers des exemples vivants étayés par des travaux scientifiques américains ou européens, il a ouvert le champs large de la psychologie positive et héritière de la psychologie humaniste des années 60-70 avec notamment Carl Rogers, psychologue père de l'empathie. Cette émergence en période de crise sociale et économique ouvre déjà un premier questionnement...
A suivre prochainement sur ce blog, l'interview de Jacques LECOMTE.
SLOW DOWN
SLOW
DOWN
Ce titre anglais peut peut être déranger les puristes de la langue de chez nous, le français. Cependant, je l'emploie à dessin car il vise à nous alerter, et répond à un mouvement , celui de ralentir, de reprendre le temps de vivre...De quoi s'agit-il ?
De crier halte à nos conditionnements d'hommes et de femmes pressés.
Pressés pour aller à son travail ( le temps est compté), pressés pour en revenir.
Pressés par la dégringolade des mails sur sa boite arrivée courrier, ouf , çà s'arrête enfin !
Pressés par le rythme télévisuel de spots courts, brefs, parfois violents aux journaux du 20h. Pression, zapping ( décidément , encore un mot d'origine anglaise) et encombrement. Notre cerveau arrive en fin de journée après avoir subi un bombardement non pas de missiles mais d'informations tout azimut, en provenance de notre environnement, de l'ordinateur, du portable, de l'iphone, de la radio ou encore de la télévision. Lequel d'entre nous a t'il eu l'occasion de vivre un "jeûne" de moyens de communication, ne serait ce qu'une journée, un week-end ?.
Cette expérience, je l'ai vécue récemment avec un groupe de coachs qui s'est regroupé le temps d'un week-end dans un refuge au coeur du Vercors dans un paysage de pure beauté, entre neige vierge, sapins et rochers . Or le portable ne passait pas. Quel bonheur !
Au moment des pauses dans nos temps de travail , personne n'était tenté de sortir son portable ( réflexe devenu traditionnel aujourd'hui dans les réunions, les colloques...au moment des pauses) et dans un refuge à la vie simple autour d'une cheminée et entre deux ballades en raquettes, il ne restait qu'une alternative : vivre ce qui était donné de vivre dans l'ici et maintenant. Et au coeur de ce paysage , le donné ,c'est la contemplation de la nature, la neige, sentir ses pas , voir ses traces dans la neige vierge, goûter son soufle dans la froidure du matin, goûter le silence des lieux...
Oui, slow down. Cette expérience m'a aidé à vivre ce rythme en lien avec la nature et qui a d'ailleurs contribué à une belle cohésion et production collective. Chacun en garde un souvenir marqué. Mais, revenu dans la vallée du bruit, du rythme, du stress, comment vivre ce "slow down" dans son quotidien ?
PAUSE LECTURE :
Demain, je fais le choix de "slow down", de ralentir mon rythme pour goûter l'ici et maintenant, qu'est ce que je peux décider consciemment de faire dans ce sens ?
Reprise de lecture...calmement à votre rythme !
Comme le souligne le docteur Palardy ("Mon code de vie"), notre cerveau consomme 25% de l'oxygène utilisé par l'organisme au repos. Ainsi, notre respiration sert non seulement au corps mais également à régénérer nos neurones et apaiser notre esprit. Dans cette perspective, il recommande vivement la respiration abdominale à la portée de tous. Il va même à la recommander toutes les heures !
Enfin, la connaitre et la pratiquer ( 5 fois de suite recommandé) est déjà un premier pas vers ce retour à notre nature profonde.
Conditions : dans une position confortable, détendue ( épaules, trapèze) assis, debout ou encore allongé, inspirer au moins sur 6 à 8 secondes et expirer 8 à10 secondes ou un peu plus avec la bas ventre ( en mettant si besoin une main sur le bas du ventre pour sentir le mouvement du diaphragme). Puis rester en apnée à la fin de l'inspiration, sans respirer pendant 2 à 5 secondes ( sans chercher la performance qui serait à contre courant ). Les pratiquants de yoga parmi vous retrouveront ce qu'on nomme la grande respiration avec en fait deux apnées , une à la fin de l'expir ( poumons vides) et une à la fin de l'inspir ( poumons pleins). Que produit cette dernière apnée ? Si je suis branché sur moi, je vais ressentir un bien être du corps tout entier rempli d'oxygène. Quelle belle sensation ! Plus globalement, la respiration abdominale plus lente et plus régénatrice en oxygène provoque la production d'endorphines, hormones du bien être qui vont "irriguer" le cerveau.
Respirer lentement et en profondeur régulièrement dans sa journée offre donc cette possibilité de régénération pour ne pas dire de revitalisation .
En évoquant un autre médecin, le docteur Vittoz, auteur de la méthode Vittoz ( voir article " une tasse de thé pleine de révélation), il invitait ses patients à effectuer des actes conscients : reprendre conscience d'ouvrir une porte, de la refermer, de lasser ses lacets, de marcher, de s'asseoir,...Ces actes conscients recentrent notre cerveau et le réhabituent à habiter le présent et non le passé, ou encore le futur avec nos pensées tourbilonnantes sur nos projets ou nos soucis.
Exemple d'application : en marchant vers votre lieu de travail, sur un "tronçon choisi" pensez à votre marche, à délier votre cheville, sentir le sol avec tout votre pied , mettez votre cerveau dans vos pieds ! Faire descendre le cerveau à ce niveau est très reposant, c'est lui donner l'occasion de revenir à une altitude moins cérébrale et plus ancrée dans le corporel, les sensations.
Profitez de temps d'arrêt, arrêt à un abri bus, au feu rouge au volant de sa voiture, dans une station de train ou de métro ou encore à la terrasse d'un café, et poser votre regard simplement sur l'environnement sans le juger. Voir, être réceptif aux bruits, aux odeurs, aux couleurs, aux ombres et aux lumières.
C'est le regard qui reçoit et qui goûte ce qui est donné, la vie qui passe.
L'écrivain, Christian Bobin nous invite à ce slow down à sa manière : " J'ai toujours craint ceux qui partent à l'assaut de leur vie comme si rien n'était plus important que de faire des choses, vite, beaucoup."
STOP !
Arrêtez votre lecture. Fermer les yeux. Que ressentez vous ? Portez votre attention lentement vers votre respiration, observez la, laisser vous respirer, vivre.
Puis lentement, quand vous le décidez, rouvrir les yeux, regarder ce qui vient à votre regard, prenez le temps de le (re) découvrir.
Pour celles et ceux qui veulent aller plus avant dans ce mou ve ment de ra len ti sse ment, "slow down" de John Hapax sous titré "prenez le temps de vivre" me semble riche de petits préceptes et astuces du quotidien...qui peuvent aussi, peu à peu, dans une pratique souple et régulière le transformer !