INCEPTION, REVER SA VIE, VIVRE SON REVE
" Nos rêves semblent vrais tant qu'on est dedans. C'est au réveil qu'on s'aperçoit qu'ils étaient étranges"
explique Dom Cobb ( Léonardo Dicaprio) à sa nouvelle et jeune collaboratrice Ariane ( Helen Page). Dom Cobb est un voleur d'un nouveau genre : il s'infiltre dans le subconscient de ses victimes par le rêve pour leur dérober des idées et des secrets...fort utiles dans le monde de l'espionnage industriel. Sa dernière mission présente un enjeu encore plus gros : infiltrer une idée dans le subconscient d'un homme d'affaire...et pour ce faire, ni plus ni moins descendre dans les rêves avec son équipe pour atteindre les profondeurs de cet homme et de ses rêves. Ouf, je m'arrête là pour ne pas complexifier le propos pour les lecteurs qui n'auraient pas vu le thriller de Christopher Nolan sorti au cinéma cet été , d'un genre à vous balloter comme un yo-yo entre le réel, la fiction et le rêve.
La piste que j'ai le désir de prendre dans l'envolée de ce film hors norme, c'est la puissance du rêve dans nos vies. Qui n'a jamais rêvé un scénario pour sa vie surtout à l'adolescence, époque très privilégiée où l'univers s'ouvre au homard (1) et qui n'a jamais tenté de transformer un rêve en réalité ?
Rêver à l'âge adulte d'une autre vie, d'un autre destin " Ah, si c'était à refaire, je n'aurais pas choisi ce type de formation, de métier, de lieu de vie..." et notre nostalgie nous ramène à l'âge insoucient de l'enfance où tous les rêves semblent permis. Danger peut être aussi de vivre constamment l'insatisfaction de l'écart entre sa vie, le réel et le rêvé qui ne reste plus qu'un vieux fantasme ramené de tant en tant du grenier à une discussion entre amis.
Ne plus rêver à l'âge adulte et considérer que la vie est dure, la vie est un combat que le contexte économique, social, éthique nous rappelle tous les jours n'est pas forcément une alternative séduisante. Le risque est alors de s'enfermer dans une vie immédiate sans perspective, résignée, assumée certes mais sans feu d'artifice.
Quelle porte ouvrir pour éviter ces deux tentations de nos diablotins internes, rester acroché à nos rêves d'adolescents ou résignés dans un monde adulte sans voir de perspective ?
La voie est étroite certes, elle existe. Un peu comme le héros Coob dans INCEPTION, il s'agit de descendre à divers strates de son monde intérieur.
Première strate : je vis ma vie d'homme incarné dans le réel et cherchant à accepter, à accueillir ce réel avec tout ce qu'il comporte : événements heureux, surprenants, déstabilisants, avec ses épreuves et ses moments de joie...Carl Rogers (2) nous invite d'ailleurs à aller vers l'accueil inconditionnel de l'autre tel qu'il est et qui passe aussi d'abord par son propre accueil . Aujourd'hui est ce que je suis ok pour accueillir tous mes états d'âme quels qu'ils soient : élan de vie , tristesse, colère, ennui, angoisse, contentement, soulagement....
Deuxième strate : je veille à préserver dans mon moi intérieur, mon coeur profond, un rêve, a dream diraient nos amis américains, que j'ai préservé comme une perle précieuse dans un écrin. Ce rêve n'est pas à l'envers de ma vie d'aujourd'hui dans ce quartier, ce village, avec ses collègues de travail, ses amis , ce réseau : ce rêve, il est là au coeur.
Ce rêve mérite d'être requestionné régulièrement dans sa vie et deux questions peuvent aider à son émergence à notre conscience :
Avant de mourir, quelle expérience je souhaite vivre par dessus tout et que je n'ai pas encore vécu ?
Dans mon présent, qu'est ce qui me donne de la créativité, de l'imagination et stimule tout mon potentiel ?
Et puis, subtilement, je rajouterai bien une troisième question :
est ce que ce serait grave pour moi si je mourrais sans avoir vécu mon rêve ?
Dans les années 60, aux Etats Unis, un homme a fait un grand rêve, éveillé devant une grande foule, et il a été assassiné ...mais son rêve s'est bien réalisé ! Martin Luther King a rêvé d'une amérique dans laquelles blancs et noirs pourraient vraiment cohabiter dans un cadre de loi d'égalité concernant les droits du citoyen.
Rêvons, rêvons encore et osons exprimer nos rêves individuels et collectifs....la réalité se construit aussi à partir des femmes et des hommes qui ont rêvé : inventeurs de génie, hommes politiques visionnaires, ou encore des êtres engagés qui ont choisi de tout donner à une cause improbable à leur époque et qui se poursuit sans eux depuis des années et parfois des siècles ...
(1) métaphore utilisée par la psychanalyste Françoise Dolto pour exprimer que l'adolescent est mou ( fragile) à l'intérieur comme un homard et dur à l'extérieur pour se protéger comme la carapace du homard.
(2) Carl Rogers, psychologue des années 60 , est le pionnier de l'approche dite centrée sur la personne intégrant notamment le concept d'empathie et d'accueil inconditionnel de la personne.
vigilance détendue sur le sentier du paradis
La roue avant vient de s'enliser dans des gravillons en pente, le coup de frein est donné. Trop brusque et c'est un magnifique vol plané qui m'envoie au dessus du guidon du vtt. Heureusement, le réflexe de réception sur les mains atténue le choc au sol. A peine 100 mètres de descente et c'est la chute pour quelqu'un qui n'avait pas chuté en vélo depuis une éternité.
Cette histoire est toute récente et l'auteur de la chute est l'auteur du blog. La scène se situe dans les hauteurs du jura français sur le Mont d'or à 1400 mètres d'altitude et sur une pente de vélo tout terrain ou vtt... sur le sentier dénommé du paradis ! Effectivement, le site est magnifique avec un balcon offrant un panorama large sur la chaîne des alpes et la Suisse. Cette chute m'est apparue, après le choc et la remise en selle pour une belle randonnée à travers alpages, forêts et vaches en libre pâturage, pleine d'enseignements.
D'abord la surprise, je n'imaginais pas faire une chute sur une pente raisonnable et sans difficulté apparente...sauf que mon oeil n'avait pas perçu l'amas de gravats et gravillons qui, après une journée de pluie, avait plutôt la consistance de sable mouvant. L'importance de l'observation du détail pertinent pour rester en selle et éviter la chute. Autre élément, c'est le début de la randonnée après une montée en télésiège, j'ai constaté que mon esprit n'était pas encore en pleine possession de l'engin loué pour la circonstance. Bien connaître sa " monture" et sa réaction au freinage est une nécessité avant de se lancer.
Qu'est ce que ces observations de pratiquant de vtt ont à voir avec la psychologie positive ?
Elles m'ont ramené à l'importance d'un état psychologique qualifié de vigilance détendue, celle que j'ai adoptée pour la suite (sans chute) de la randonnée. Vigilance pour anticiper la trajectoire du vélo notamment pour trouver le meilleur passage quand il y a des petits rochers qui affleurent sur le chemin ou encore des racines de sapins susceptibles d'entrainer un dérapage.
Vigilance aussi pour être prêt à poser le pied à terre si d'aventure le vélo cale dans la montée trop glissante ou trop escarpée. Mais, pour préserver le plaisir de la randonnée et goûter les senteurs forestières, les paysages ou encore les rencontres inopinées de cavaliers, il est opportun de préserver aussi la détente physique. Pas de crispation inutile sur les manettes de frein, sur les avant bras. En descente, garder autant que possible les bras souples, flottants amortissant les chocs du terrain et les mains prêtes à donner le coup de frein au bon moment et avec la juste intensité.
Et c'est bien finalement la recherche de cet état de vigilance détendue qui, pour les spécialistes, permet la meilleure concentration de l'esprit que ce soit pour mémoriser une lecture ou suivre un cours . Paul Scheele (1) a même imaginé une astuce pour retrouver plus facilement le chemin de cet état hautement appréciable, évitant les chutes pour un pratiquant de vtt et évitant les dispersions de l'esprit pour les travaux intellectuels.
Il s'agit d'imaginer une mandarine toute orange, toute fraîche, de la prendre dans une main puis de la faire passer plusieurs fois dans l'autre et enfin, une fois qu'elle est bien ressentie, la poser mentalement à l'arrière du sommet du crâne. Fermez les yeux et penser à la mandarine en équilibre derrière votre tête. Les yeux fermés, respirez profondément et imaginer votre champs de vision élargi. Ouvrez les yeux et ressentez cet état de vigilance détendue alliant concentration mentale et détente physique; cela supposant aussi que votre corps soit dans une position ajustée. Des expériences conduites dans les années 80 ont montré que, pour favoriser une fixation de l'attention, le repère derrière le haut du crâne s'avérait opérationnel.
Et si le lien entre cette chute en vtt et la psychologie positive n'était pas évident, je vous invite à relire vos chutes personnelles physiques ou symboliques et surtout à vous attarder sur les enseignements qu'elles vous délivrent. N'est ce pas par la chute répétée et répétée que chacun de nous, bébé, a appris à tenir debout sur ses deux jambes !
(1) auteur de la méthode de lecture active dite photolecture, voir article sur ce blog : télévision, lecture et pédagogie : le choc des cultures.
INTERIORISER , un chemin de développement personnel
Recherchez vous, en vacances, les lieux de bruit ou les lieux de silence ?
Question sans doute décalée. En effet, suivant les endroits et les moments de la journée : au sein des villes, des villages, en montagne ou sur la plage en bord de lac ou de mer ,avec 3 mètres carré par personne dans certains cas, la notion de bruit est une grande variable.
Un constat, cependant, de plus en plus de vacanciers aspirent à venir fréquenter une journée, voire à faire retraite au sens spirituel du terme, au sein d'un monastère, lieu par excellence du silence, celui des moines ou moniales qui vivent chaque jour le même rituel ponctué d'offices, de prière et de travail manuel, un équilibre dans l'ora et labora ( prière et travail) , remontant au VIème siècle et inspiré de la règle de Saint Benoît.
Eux ont fait un choix,qui peut étonner, tout entier tourné vers leur Dieu ( catholique, orthodoxe...) et ont compris depuis longtemps que le silence est la première règle pour vivre cette intimité spirituelle.
Or force est de constater que beaucoup de nos contemporains aussi aspirent, dans leur vie quotidienne, à une forme d'intériorité, pour sortir de la superficialité d'une vie et se trouver davantage eux- mêmes... sans nécessairement se lier à un Dieu.
Le mot "intériorité" fait un chemin dans le langage courant, phénomène assez étrange dans une société de bruit, de consommation hâppée par trois syndromes en particulier : la performance à tout prix dans une culture du résultat omniprésente, l'abondance dans les choix des biens de consommation , et le culte du paraître dans son corps, dans le choix de vêtements de marque pour les jeunes, dans un style socialement acceptable en fonction des cultures professionnelles...
Qu'est ce que l'intériorité ?
En revenant aux pères de l'Eglise catholique et à Saint Augustin, inspirateur de la liberté intérieure avec son fameux " Aime et fais ce que tu veux !", il considère que l'intériorité est une manière de retourner à l'intérieur de son coeur.
Mais, me direz vous, comment retourner à l'intérieur de son coeur ?
Suffit-il d'avoir été sensibilisé à l'intelligence émotionnnelle pour mieux connaitre et nommer les sentiments et les émotions qui nous traversent tout au long de nos journées ?
J'ose, à la lueur d'expériences rencontrées autour de moi par des professionnels du développement personnel comme par des engagés dans une démarche spirituelle, avancer quelques repères :
- intérioriser , c'est le contraire d'être au balcon de sa vie, noyé dans le monde, perdu dans ses pensées ou ballotté par tous les vents culturels et médiatiques environnants.
-intérioriser, c'est rechercher un centre qui nous rassure, qui nous stabilise au fond de nous mêmes. Retrouver l'essence, dirait Jung, au lieu de rester conditionné dans l'ego prisonnier de ses automatismes.
-intérioriser ,c'est retrouver un dialogue intérieur avec soi ou avec son Dieu ( pour les croyants ) et chercher des réponses à ses questions à l'intérieur de soi.
Enfin intérioriser, c'est se redonner une colonne vertébrale intérieure pour être moins balloté, entraîné malgré soi et influencé trop vite par les penseurs et idéologues du moment et recueillir ses propres valeurs et convictions profondes sur la vie.
Dans cette recherche d'intériorité, il y a, pour beaucoup, la nécessité de trouver autant que possible chaque jour un espace seul avec son âme, à l'écart du bruit, chez soi, dans un lieu de silence, ou dans une pièce ou bureau paisible.
Trouver les conditions de l'intériorité représente déjà un beau défi pour beaucoup.
Celles et ceux qui ont goûté cette intériorité témoignent qu'ils ont fait l'expérience du silence intérieur, du silence arrêtant les pensées tourbillonnantes pour vivre une réelle réceptivité à l'instant présent.
Certains exercices proposés par la méthode Vittoz (1) concernant la réceptivité ( ex : faire sonner une cloche et rester attentif avec ses deux oreilles à la durée du son jusqu'à son extinction), les techniques de méditation et d'assise zen ou encore la respiration complète du yoga peuvent contribuer à apaiser le corps et le sortir du " balcon".
Cependant, l'expérience montre que l'intériorité reste un chemin très personnel. En effet, comme une disciple sportive, elle réclame un entraînement régulier et consiste moins à l'application d'une technique méditative, corporelle ou mentale qu'à créer en soi un espace de dialogue intérieur pour toucher le coeur profond.
L'intériorité responsable est tout le contraire du nombrilisme d'un petit moi recroquevillé sur lui-même mais bien une démarche d'enracinement intérieur pour mieux s'ouvrir aux autres dans la diversité de leurs croyances humaines et spirituelles.
Certains ont choisi la marche, comme les pélerins sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle, pour retrouver leur coeur, leur intérieur et l'habiter et le consolider. Et ils sont de plus en plus nombreux chaque été, signe des temps ?
Le chemin de l'intériorité ouvre, à l'image d'un arc en ciel, sur le goût de la vie ressentie, accueillie avec toutes ses couleurs et ses saveurs.
(1) lire article sur ce blog : une tasse de thé...pleine de révélation.
télévision, lecture et pédagogie : le choc des cultures
Ce matin, 10 h, Paris, dans une salle de formation, je participe à un atelier pour m'initier avec d'autres novices à une nouvelle méthode de lecture venue d'outre-atlantique dont l'américain Paul Scheele (1) est le concepteur, le photoreading ou, si vous préférez, la photolecture. La formatrice française, Thérèse s'est formée auprès de l'américain. Chaque participant dispose sur son bureau , de feutres, d'un petit cerveau en mousse pour se détendre ( le cerveau !), un bloc de post it, un puzzle à reconstituer et le livre du concepteur de la méthode qui vient de sortir en France. Les murs de la salle sont tapissés de citations et de dessins interpellant : le lieu est agréable et chaleureux.
Thérèse, avec beaucoup d'enthousiasme et de conviction, nous invite d'abord à inscrire notre objectif sur une feuille puis rapidement évoque la méthode en "accéléré" : heureusement, j'ai lu le livre de Paul Scheele car je m'en imprègne depuis quelque temps. Puis , c'est l'étape clé dite photofocus avec une lecture d'une page par seconde, soit environ 25 000 mots par minute. Stop, je m'arrête là. En fait, il y a un ingrédient qui change le décor : cette séance d'initiation est sous le regard d'une caméra de télévision, d'une perche micro tenue par le preneur de son, d'un contrôleur d'image avec son petit écran et d'une journaliste... en sitting par terre.
Et je prends brusquement conscience que c'est bientôt la télévision qui prend le contrôle "pédagogique" de la séquence en donnant des directives à l'intervenante : " Reprenez le geste de feuilleter l'ouvrage; prenez l'objet symbole du bâton de parole à nouveau pour un gros plan,... passer directement à cette étape là..." Et l'intervenante conciliante de s'adapter en rappelant que la méthode passe par telle et telle étape dont notamment une relaxation physique et mentale trop longue et pas "télévisuelle". Je me sens alors moins participant à un atelier et davantage cobbaye d'une expérience.
Et je m'interroge sur le résultat final, la diffusion sur les écrans de télévision prévue le 2 septembre (sans certitude de date, a prévenu la journaliste) : comment la télévision va t'elle rendre compte en moins de 3 minutes d'une méthode originale éprouvée aux Etats Unis depuis plusieurs années et faisant appel au cerveau conscient et au non conscient ( concept plus subtil) en étant fidèle à l'esprit et à la pédagogie ?
Commentaire : c'est de mon point de vue le format télévisuel et sa durée courte qui impose sa norme et son rythme . Or, j'ai observé que cette contrainte et cette pression du temps ont crée du stress autant pour l'intervenante que pour les participants . Heureusement, en cours de route, Thérèse a eu la belle intuition de proposer ( hors caméra) un exercice ludique de brain gym (2) pour "échauffer" d'une certaine manière les deux hémisphères cérébraux à travailler ensemble et en harmonie.
Conclusion : si vous vous intéressez aux méthodes du mieux apprendre et notamment aux méthodes de lecture rapide , le mieux , c'est peut être de commencer par lire le livre...qui vous propose une manière très pittoresque de l'aborder en fonction du temps que vous voulez y consacrer. Il ne s'agit pas tant de lire à toute vitesse ( le titre de l'ouvrage est ambigu de mon point de vue) mais plutôt de lire de manière méthodique et dans une posture dite de vigilance détendue pour mémoriser durablement...sans se prendre la tête !
(1) expert en PNL et en techniques d'apprentissage accéléré, co fondateur de la société Learning Stratégies aux Etats Unis
(2) méthode appelée aussi kinésiologie éducative mise au point par le docteur Paul Dennison et favorisant par des exercices physiques un équilibre émotionnel et mental propice à la concentration et aux apprentissages.