En une heure, j'ai fait le tour du monde
Oui, en une heure, j'ai traversé les cinq continents de l'Europe, en passant par l'Asie, l'Afrique, l'Amérique jusqu'à l'Océanie. Par quel miracle ?
Dans la belle ville méditterranéenne de Montpellier dans laquelle j'ai élu domicile depuis quelques semaines, j'ai fait ce tour du monde un peu particulier. Comment ?
En partant en footing depuis chez moi, je me suis dirigé vers le zoo du Lunaret, situé dans la hauteur nord est de la ville. La ville de Montpellier a préservé la belle idée d'un zoo municipal gratuit ouvert au public de tout âge grâce à une donation d'Henri de Lunaret en 1910.
Passée la grille d'entrée, me voici parti pour un parcours dans un espace d'arbres et sur un chemin serpentant à travers les continents et les enclos des animaux. Un bonjour ici au loup d'Eurasie, à l'ours de Syrie, à la girafe, à la loutre d'Europe qui se cache sous l'eau, ou encore au lynx, espèce de gros chat que l'on préfère derrière une cage. C'est un trajet très agréable pour le visiteur car le zoo se prolonge par un sentier d'interprétation sur les arbres et la faune et au détour d'un virage, la vue porte sur le pic Saint Loup, promontoire dominant de plus de 600 mètres la plaine montpelliéraine. Pour un coureur de trail, le parcours avec ses montées et ses descentes est un excellent entraînement avec ce dépaysement en prime. Avant de repartir vers la sortie de ce lieu étonnant à quelques kilomètres de mon quotidien, je veux rendre visite au roi des animaux, comme l'a si bien dépeint notre auteur de fables, Jean de La fontaine : le lion. Mais en surplomblant l'enclos, M Lion nous tourne le dos avec dédain ou majesté... alors que sa compagne la lionne s'étire sur le dos dans l'herbe. Le panneau pédagogique accessible au profane que je suis permet de bien comprendre que les "composantes" de cet animal tout à la fois craint et admiré ne sont pas du hasard mais répondent à des besoins très concrets.
Ses jambes arrières particulièrement musclées lui offrent la possibilité de bondir rapidement pour poursuivre une proie innocente, sa crinière le protège des coups de griffe de ses compères lions dans les luttes de territoire, et son ouîe extrêment fine lui donne un avantage décisif sur les autres animaux : la capacité d'entendre, de détecter tout bruit à des kilomètres à la ronde. Et là dans ma contemplation de l'animal, je me surprend à me dire qu'être lion comporte certains avantages. Mais voilà les lions dorment une bonne partie de la journée jusqu'à 20 heures par jour (!) et Jean de La Fontaine dans la fable " Le lion et le rat" nous rappelle aussi comment il peut se piéger lui-même. Le plus gros et puissant des animaux peut se faire prendre dans un filet et devenir vulnérable et se voir sauver par un minuscule rat qui va couper les mailles du filet.
Ce tour du monde me fait méditer sur deux sujets : le dépaysement qui ne réclame pas des millions de kilomètres, il est à notre portée quand nous nous ouvrons à la beauté de sites, d'espaces proches de nos lieux de vie et la notion de puissance. Qui est finalement le plus puissant du lion et du rat ?
Quelle est la vraie force ? Celle qui bondit, est explosive, veut impressionner mais sans lendemain ? Celle qui a la patience du rat pour ronger une à une toutes les mailles du filet pour sauver un lion capturé ?
Pour ma part, je choisis la note finale de cette fable :
" Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage."
Dans notre société TGV, à Très Grande Vitesse, toujours plus pressée ( à un an des présidentielles en France, les médias cultivent déjà le suspens et les pronostics sur le lauréat final...) et du " tout, tout de suite " cher à l'adolescent qui veut le dernier vêtement ou la dernière paire de chaussures branchés, valorisant la "business" réussite, l'image du rat patient et respectueux de son engagement avec le lion ( qui lui avait laissé la vie) est pleine d'actualité.
vivre sans ordinateur, sans portable et sans télévision
Incroyable mais vrai ! Depuis près d'un mois, mon opérateur téléphonique contacté pour transférer ma ligne téléphonique et internet a réussi un exploit au comble de l'absurde.
Devant déménager, j'avais pris les devants pour demander mi mars un transfert de ligne début avril. Or quelques jours après ma demande, la ligne était déjà transférée sur mon nouveau lieu de vie à Montpellier et la "charmante et anonyme" opératrice contactée en urgence de m'expliquer que je ne pouvais plus revenir en arrière ou bien cela pouvait durer 21 jours !!! L'affaire prend une tournure encore plus ubuesque quand début avril, il est prévu après mon déménagement, que je récupère dans ma ville d'arrivée, Montpellier le kit complet dans un relais de l'opérateur. Et là, le dépositaire (par ailleurs buraliste dans son quotidien) de m'expliquer que le kit est bien arrivé mais comme personne ne s'est manifesté en mars, le kit est reparti. Je vous fais grâce des péripéties ultimes qui démontrent une "chaîne de l'irresponsabilité" avec un système de répondants téléphoniques anonymes et de relais pas plus préoccupés que de stocker et de redonner une marchandise de passage.
Mais, au delà de la colère contre l'opérateur, la psychologie positive m'a incité avec ma chère épouse à regarder l'autre face : une expérience de vie en l'absence de liaison téléphonique fixe et internet pendant près d'un mois à mon domicile !
Cette expérience nous a invité à nous poser la question d'une vie au XXIème siècle sans la technologie devenue aujourd'hui quasi universelle : le téléphone, le portable téléphonique et l'ordinateur.
Premier constat avant le grand départ du déménagement ( avec cependant un téléphone portable personnel) : il y a naturellement une sélection des choix d'appel. Nous avons paré au plus essentiel et urgent dans une phase de préparation de déménagement. Nos trois jeunes ne suivant pas les parents dans leur nouveau lieu de vie, il est apparu important de veiller à leur bonne stabilisation sociale et professionnelle. Quant au réseau d'amis, cela a valu des choses assez amusantes : " Quoi, votre ligne ne répond plus....On se demandait ce qui se passait !" Et l'autre chaîne plus vertueuse, celle de la solidarité active et concrète s'est mise en place et rapidement nos amis et liens ont répercuté l'information.
Deuxième constat après le déménagement : avec mon épouse, nous nous sommes recentrés de fait sur le réel, l'ici et maintenant et c'est vrai que les multiples travaux d'installation nous ont fait patienter... Nous nous étions presques habitués à l'absence de téléphone, d'ordinateur en liaison internet et de télévision.
Et le miracle s'est produit un matin quand le facteur a livré le colis contenant l'ebox et un guide sur CD d'installation . Nous avons alors renoué le lien téléphonique avec nos amis de Reims et des quatre coins de la France.
Que retenir de cette expérience insolite ?
D'abord que nous sommes devenus de fait très dépendants de ces nouveaus "joujoux" de la communication moderne et que leur suppression provisoire nous a d'abord irrités et même inquiétés dans le suivi de notre réseau social. Puis, une prise de conscience pour apprendre à lâcher la bride, et pourquoi pas des "jeûnes" certains jours d'ordinateur, de téléphonie pour renouer avec l'ici et maintenant, son cercle proche et la nature présente.
D'ailleurs, le sociologue spécialiste de la jeunessse Olivier Galland rencontré il y a quelques années me disait déjà que pour les jeunes, le tchat, les sms et l'internet dans la chambre créait un espace privé du jeune au sein de l'espace familial, avec un risque certain de s'en couper.
J'ai en souvenir le temps de mon adolescence où le soir, dans un quartier très vivant de Besançon, après les devoirs bouclés, j'allais taper le ballon pour un match de foot avec les jeunes du quartier. Pas de "machin dans les oreilles" et encore moins de casque sur la tête, le bonheur simple de se défouler entre copains.
Vivre sans ordinateur, sans portable et sans télévision , cela peut paraitre préhistorique, ringuard et pourtant il y a peut être une sagesse à retrouver un juste usage de ce qui devrait rester des outils de communication et de dialogue complémentaires ou encore au service du lien social...
A DIEU REIMS
Dans moins de 48 H, je vais quitter la ville du sacres des rois de France, celle qui a vécu la reddition de l'allemagne un certain 7 mai 1945, la ville capitale pétillante du champagne et la ville parfois qualifiée de "belle endormie". Je quitte Reims, cette ville aux parfums d'histoire avec son ange du sourire, pour une destination méditteranéenne.
Quitter un lieu de vie, un réseau d'amitiés, un lieu chargé de beaux souvenirs, c'est quelque part faire un deuil.
Aussi, cet article vise à ouvrir sur le questionnement du changement dans nos vies. Changement de lieu de vie, de travail, d'environnement social...
Changer, c'est faire ce passage d'un monde connu à un monde inconnu.
Changer,c 'est quitter les habitudes ancrées, sécurisées pour faire ce pas dans le vide.
Un peu comme cet alpiniste qui quitte sa dernière prise pour se hisser plus haut.
Changer, c'est aussi ( quand il s'agit d'un choix volontaire) croire en un lendemain qui ouvre une nouvelle route, un nouvel horizon.
C'est l'histoire de Jonathan le goêland qui , loin de sa tribu, se découvre aussi de nouveaux talents .
Changer, c'est laisser le passé, sans trop se retourner, pour se projeter sur un avenir à construire.
Changer, c'est penser un rêve, l'imaginer et nourrir ce désir par l'imaginaire...
Mais voilà, le changement nous met dans une double posture : le désir du nouveau, d'une nouvelle aventure et le besoin de sécurité ,de retrouver rapidement des ancrages rassurants en terme de lieu de vie, de réseau, d'organisation au quotidien. Et pourtant, le passé n'existe plus, seul le présent peut nous concerner, nous transformer.
Le changement nous offre l'opportunité finalement de sortir d'habitudes qui ont pu nous enquiloser, pour ne pas dire nous endormir dans le train-train du quotidien, pour oser de nouvelles habitudes.
Et si je commençais ma matinée plus tôt pour goûter ce temps libre avant une reprise professionnelle ? Et si je me remettais à tel instrument de musique que j'ai trop vite délaissé ? Et si je donnais plus de temps à ma vie de couple ? Et si j'osais quitter la course folle du toujours plus, du toujours plus vite de notre société TGV pour retrouver le slow down ? Et si j'entrais dans une nouvelle solidarité avec tel ou tel groupe de personnes ? Et si j'osais faire une activité dont j'ai longtemps rêvé et que je me suis interdis tout seul ?
Et si , comme l'a chanté John Lennon avec sa chanson culte Imagine, je me laissais aller à "imaginer tous les gens du Nord et du Sud vivant dans la paix", "vous pouvez dire que je suis rêveur mais je ne suis pas le seul."
Et puis, dans un quotidien très incarné, si je suivais la suggestion de Thomas d'Ansembourg (1) dans son livre " Cessez d'être gentil, soyez vrai", un des livres que je recommande assez souvent aux personnes que j'accompagne en coaching.
Prendre trois minutes trois fois par jour d'une écoute de soi-même sans chercher à changer. Se mettre à l'écoute de celui qui habite en nous, se relier au plus profond de soi, sortir du balcon et rentrer dans notre intériorité. Et pouvoir goûter cette qualité de présence à soi-même et qui pourra aussi contribuer à une présence à l'autre.
Changer, c'est oser ce tout petit pas qui peut transformer durablement notre vie.
Vivre déjà avec soi cette bienveillance non jugeante malgré nos faiblesses et fragilités, nos doutes, c'est déjà un grand pas vers la tolérance, vertu dont notre monde a tant besoin dans la diversité des cultures, des religions et des styles de vie.
(1) formateur européen spécialisé dans la communication non violente inspirée du psychologue américain, Marshall Rosenberg.