LE DISCOURS D'UN ROI ou un coaching réussi
Il vient de traverser plusieurs salles dans le palais royal de Buckingham à Londres croisant les membres éminents du gouvernement et les techniciens de la radio, chacun comptant sur lui. Il s'apprête, avec une angoisse presque panique, à prononcer un discours d'entrée en résistance et donc en guerre de l'Angleterre face à l'Allemagne d'Hitler. Cet homme, Georges VI, vient d'accèder au trône de roi d'Angleterre par la force des choses, son frère ayant abdiqué pour l'amour d'une femme. Or, chacun le considérait comme inapte à la fonction et surtout paralysé par un terrible handicap visible en public : son bégaiement. Cette histoire vraie, magnifiquement interprêtée dans le film sorti en 2011 " Le discours d'un roi" ( traduction française) est aussi celle d'un coaching réussi, malgré toutes les résistances du départ.
Avec le soutien de sa femme qui y croit dur comme fer, il va rencontrer divers soignants en bégaiement qui échoueront tous. La dernière chance, c'est Lionel Logue, un thérapeute de l'élocution aux méthodes, à l'époque, peu orthodoxes fondées notamment sur la relaxation physique, la respiration et la préparation mentale. La première rencontre entre les deux hommes est un petit caviar de subtilité verbale, chacun voulant se montrer plus fort que l'autre.
Logue veut amener son client à exprimer sa demande , quitte à patienter pour ce faire.
Son client, après une première séance, va renoncer puis revenir. C'est bien au coach de s'adapter et de respecter le désir du coaché. En terme de règle du jeu, elle est posée de manière directe. A la première séance, le roi Georges VI qui est dans le cabinet privé de Logue, sort une cigarette de son étui. Immédiatement, Logue lui dit sur un ton ferme sans appel : " Ici, on ne fume pas. C'est moi qui fixe les règles. C'est vous qui vous déplacerez. ". Et s'il y a un respect éthique du désir du client en coaching, les règles déontologiques sont bien fixées dès le départ par le coach pour garantir un cadre créant une relation de proximité, de confiance en dehors de toute recherche de domination.
Dans le suivi des séances par Logue, les progrès sont très progressifs et infimes et le roi Georges VI, montré sous les traits d'un homme exigeant avec lui-même et facilement en colère, claque la porte à plusieurs reprises.
Logue ira aussi sur le terrain de la provocation interpellante devant celui qui ne se considère pas à la hauteur de la fonction royale.
- Pourquoi perdre mon temps avec vous ?
- Parce que j'ai une voix, hurle le roi humilié en son fort intérieur.
Et Logue de sourire devant cette belle puissance vocale sans l'ombre d'un bégaiement !
C'est bien là, la plus belle réussite de cet étonnant Lionel Logue : contribuer à ce que cet homme peu sûr de lui, handicapé et tétanisé par sa voix, se reconnaisse finalement en capacité d'assurer cette fonction . Paradoxe entre un Hilter charismatique à la voix de tribun devant des foules séduites dans des stades plein à craquer et un Georges VI, bégayeux, angoissé, et finalement réussisant un magistral discours de soutien à son peuple entrant en guerre.
Certes, Lionel Logue , n'est pas coach mais thérapeute de l'élocution et le coaching n'existait pas à l'époque. Cependant, deux traits de caractère de Logue me semblent pertinents à pointer : sa discrétion sur son client spécial (sa femme ne le savait pas au début) et sa persévérance au delà des coups de colère, des renoncements provisoires du roi. Finalement, les "duels" verbaux entre les deux hommes traduisent aussi que le premier à croire en la capacité d'assumer la fonction royale, ce fut Logue. La croyance du coach est souvent moteur pour "déplacer" les croyances paralysantes du client.
A sa mort en 1952, Georges VI fait l'unanimité du peuple anglais en deuil car il l'a touché par sa simplicité, son courage et son humanisme révélés durant l'épreuve de la deuxième guerre mondiale. Ce destin étonnant s'est joué notamment sur une rencontre.
SMALL IS BEAUTIFUL
SMALL IS BEAUTIFUL, ou en traduction littérale " petit est formidable". Est ce si sûr ?
Dans notre siècle en recherche d'un second soufle pour retrouver du sens, les grandes choses ne manquent pas. L'attentat du World Trade Center du 11 septembre 2001 ayant détruit complétement deux tours de 415 mètres au coeur de New York , le gouvernement américain, meurtri dans sa fierté patriotique, a choisi de restaurer la grandeur de l'Amérique en reconstruisant une plus grande tour haute de 541 mètres. En Europe, les grands projets font la une de l'actualité : le projet de liaison ferroviaire du grand Est avec un TGV battant le record de vitesse à plus de 574 km par heure. Les projets sportifs d'enceinte couverte accueillant près de 10 000 spectateurs sont sollicités par plusieurs villes de France pour obtenir leur "Bercy local". Grand, toujours plus grand comme si cette course technologique dans le batiment, le transport pouvait combler le manque et résoudre tous les problémes du monde moderne.
A l'occasion d'une émission de télévision, j'ai revu avec beaucoup d'intérêt une interview de René Dumont dans les années 70. A l'époque, cet écologiste avant l'heure prêchait et alertait l'opinion publique très lointaine des préoccupations environnementales et du développement durable. Dès ces années 70, avec la première crise pétrolière, René Dumont , à l'appui d' un savant calcul, démontrait qu'il fallait absoluement promouvoir le rail plutôt que la voiture pour limiter la pollution et l'engorgement des centres ville. Peu , trop peu l'ont écouté. Aujourd'hui, force est de constater que toutes les grandes villes de France ont recrée tardivement un réseau de tram pour donner une bouffée d'oxygène à leurs habitants. Or, dans beaucoup de ces villes, le tram avait existé et avait été abandonné au profit de la voiture !
Aussi, je suis aujourd'hui observateur que l'envers du grand revient tout doucement dans nos systèmes de valeurs. Le petit livre de Stéphane Hessel " Indignez vous !" a été vendu à plus de 300 000 exemplaires et est devenu un phénomène de société. Dans le domaine du management, il est bien connu que le changement commence par des petites choses. Commencer une réunion en prenant le temps de se présenter, de s'accueillir plutôt que de partir directement sur les dossiers. Les rituels d'entreprise, avec le pot de rentrée, celui du nouvel an sont des occasions de renouer un esprit de convivialité même si tout n'est pas là. Les petits gestes dans les transports urbains, quand quelqu'un cède volontiers sa place pour une personne à mobilité réduite. Les petites phrases qui redonnent du courage à chacun plutôt que les grands discours d'intention non suivis d'effet. Les petits défis du quotidien qui restimulent à vivre avant les grands projets qui stressent et sont soumis à l'incertitude de l'avenir.
Pour ma part, je conserve dans un tiroir de mon bureau un petit livre qui n'a l'air de rien : le petit livre du calme de Paul Wilson, un créatif australien. En petit format, comparable à un bloc de post-it, il propose une manière simple de retrouver de la sérénité au travail....comme par exemple mettre une plante verte à portée de vue ou se nourrir d'une pensée optimiste le matin avant d'entrer dans le vif du sujet.
Et Georges Bernanos, écrivain français inspiré du XXème siècle nous ouvre l'esprit sur l' importance de donner place au "petit" dans nos vies.
"Les petites choses n'ont l'air de rien mais elles donnent la paix". Et si nous grandissions avec ces petites choses du quotidien...
ALLER AU BOUT DE SOI-MEME
Complétement déshydraté, le corps quasiment tétanisé par l'effort, les pieds en sang, et les yeux à l'agonie, il eut juste le temps de dire dans un dernier soufle :" Nous avons gagné" et l'homme s'écroula devant les hauts dignitaires grecs. La Grèce venait de remporter une victoire contre la Perse à Marathon. Il aurait parcouru près de 42 kilomètres 195 ( selon la légende) pour rallier Marathon à Athènes. Il a donné sa vie pour annoncer cette victoire. Nous sommes en 490 avant Jésus Christ.
Depuis cet événement, parfois remis en question dans son authenticité par les historiens, le marathon, avec cette distance mythique de 42 kilomètres et 195 mètres, est devenu une épreuve sportive de grande notoriété, crée à l'occasion des premiers jeux olympiques modernes en 1896 en Grèce. Le premier vainqueur, un grec, ne mourut pas à l'arrivée et réussit l'exploit de couvrir la distance en moins de 3 heures. A ce jour, le record du monde vient d'être battu en septembre, à l'occasion du marathon de Berlin, par le kenyan Patrick Makau en 2 heures 3 minutes et 38 secondes !
L'engouement pour ce genre d'épreuve devenue très populaire continue de faire des adeptes. Au delà des grands marathons de New-York, de Chicago, de Londres, d'Amsterdam ou de Berlin, en France, ce week-end, deux marathons étaient programmés : l'un à Reims et l'autre à Montpellier. Près de 1000 participants pour l'un et plus de 1200 pour l'autre.
Quand j'ai eu l'occasion d'échanger avec plusieurs coureurs de marathon , j'ai constaté que leur motivation tournait souvent autour d'un dépassement de soi. Chacun a à coeur de réaliser un temps, et d'aller au bout de 3 à 6 heures d'effort sur le macadam et parfois sous une forte chaleur.L'un m'a confié qu'il voulait descendre sous la barre des 3 heures par rapport à son temps de l'année précédente. Dans l'esprit du marathonien moderne, en général bien préparé à une épreuve d'endurance longue qui peut être incertaine ( le risque d'abandon est une donnée suite à des crampes ou épuisement des réserves), il s'agit d'aller quelque part au bout de soi-même, au bout d'une quête de soi. Ce jusqu'au boutisme ne va pas jusqu'à la mort, fort heureusement, mais l'état physique de plusieurs marathoniens, sur les tables de massage après l'arrivée, montre des visages creusés par la fatigue, des pieds boîteux et même une concurrrente en hypothermie enveloppée dans une couverture en aluminium et qui a dû été évacuée .
Ceci étant, dans le regard de celui ou celle qui a franchi la ligne d'arrivée , il y a cette fierté de l'avoir fait, d'être aller au bout de soi-même au delà de la souffrance physique et mentale. Je suis pour ma part toujours impressionné par cet esprit du marathonien qui pourrait parfois inspirer notre société dans ses valeurs profondes.
Savoir se préparer pour affronter les épreuves et la crise du siècle,
Se préparer mentalement.
Savoir tenir la distance malgré les coups au moral et les accidents de parcours.
Savoir gérer lucidement le temps pour aller jusqu'au bout en gérant l'épreuve en économisant ses efforts. Savoir détendre son corps dans une descente , c'est apprendre à se détendre au coeur de moments difficiles .
Et enfin, savoir savourer avec bonheur sa réussite et en tirer des enseignements sur la connaissance de soi pour d'autres défis...
Le marathonien nous donne à voir que la vie passe par des moments de toutes les couleurs...jusqu'au dernier soufle !
MILLE ET UNE VIES
Elle attire de plus en plus de personnes chaque année.
Près de 7000 nouveaux sont venus s'y installer en un an.
Tous les visiteurs français ou étrangers lui trouvent un charme, une sorte de magie.
D'où vient cette magie ?
Il y a de l'ordre de l'émotionnel.
Elle n'est pas ancienne, sa création remonte au moyen âge et à son développement de carrefour d'échange marchand entre le Nord, l'Espagne et le bassin méditteranéen.
Son ancien maire, visionnaire, a développé un quartier du nom grec d'Antigone prolongeant le centre ville et sa place de la comédie jusqu'au bord du Lez. Une vision qui permettra de faire passer Montpellier du 22ème rang au 8ème rang des villes de France. Un montpellierain sur 4 est étudiant. La ville bat au rythme des matchs de ses équipes sportives de très haut niveau et bat aussi dans une offre culturelle très diversifiée.
Stop, je m'arrête. Vous n'aurez pas le cours d'histoire complet sur cette ville dénommée la "surdouée".
Je veux simplement, par ces quelques lignes, rendre hommage à une municipalité qui a pris soin d'instaurer, chaque année en octobre, une journée d'accueil de ses nouveaux arrivants .
Une belle matinée entre un accueil petit déjeuner dans le hall de l'ancien hôtel de ville et un buffet de midi offert dans un des temples de la culture , le corum. Entre temps, par groupe d'une trentaine de nouveaux montpellierains, une visite guidée de la ville est proposée avec un guide officiel de l'office du tourisme. Et nous voilà embarqués de la place centrale de la Comédie, en passant par les ruelles étroites et marchandes jusqu'à la cathédrale Saint Pierre étonnament discrète au sein de la vieille ville. Ce n'est pas l'église la plus haute de la ville, c'est en fait un ancien monastère qui se partage entre la cathédrale et les locaux historiques de la faculté de médecine, une des premières d'Europe.
Juste pour conclure, une histoire qui peut rejoindre la psychologie positive.
Au XIXème siècle, les méres accompagnaient leur fille sur la place du centre ville et tournaient autour. Aux terrasses des cafés, les messieurs étaient en observation. Objectif pour les mères : "caser" leur fille avec un homme.
Cette pratique s'appelait " faire l'oeuf" signifiant se faire remarquer. Depuis, la pratique a disparu mais la place reste surnommée place de l'oeuf !
La municipalité de Montpellier a démontré, par cet accueil très apprécié pour le nouveau montpelliérain que je suis, qu'elle savait prolonger cette tradition de " faire l'oeuf". En effet, le temps de présentation de l'équipe municipale a été un moment stratégique pour mettre en valeur toute la politique municipale liée à l'urbanisme, à la solidarité et au développement économique.
Oui, décidément, Montpellier n'est pas une ville comme les autres, entre charme attractif, mélange de population d'immigrés des quatre coins de France et sa dynamique de construction, les rêves les plus audacieux sont possibles avec un slogan prometteur : mille et une vies. Il ne manque plus que la lampe d'Aladin pour transformer des rêves ...en réalité !
MAL ENTENDU ET BIEN ENTENDU
La sonnette de la porte d'entrée retentit quand Madame vient juste de terminer de prendre sa douche et que Monsieur prend la relève. Elle se dépêche de mettre une serviette pour couvrir son corps nu, descend l'escalier pour aller ouvrir la porte d'entrée.
C'est le voisin Edouard. Il est tout surpris de trouver sa voisine dans cet état.
- Je t'offre un billet de 500 euros si tu acceptes de laisser tomber ta serviette.
Troublée par la demande, et réfléchissant en un quart de seconde, elle accepte.
Edouard ravi contemple la belle silhouette de sa voisine et lui donne un billet de 500 euros.
Elle remonte dans la salle de bain partagée entre le trouble d'avoir montré sa nudité au voisin et une pointe de fierté d'avoir obtenu 500 euros aussi vite. Justement, son cher mari sort de la douche et l'aperçoit :
- Tiens, Edouard t'a rendu les 500 euros que je lui ai prêtés il y a un mois. C'est une bonne nouvelle !
Cette petite histoire illustre ce qui peut être considéré comme une interprétation rapide d'une réalité. Le mari voyant le billet de 500 euros en déduit, sans chercher plus, que c'est le remboursement d'une dette. Erreur ! Evidemment cette histoire peut prêter à sourire... tant que c'est une histoire. Or, côtoyant divers milieux professionnels et associatifs, je constate souvent cette tendance à l'interprétation immédiate, sans discernement d'une réalité observée. Un phénomène cumulatif existe aussi : une personne B rapporte à C ce que lui a dit A. Et C s'empresse de le communiquer aux alentours, sauf que la version de A n'est plus la même. C'est ainsi que des réputations, des étiquettes excessives peuvent être posées sur des personnes. Quand je repense au procès d'OUTREAUX dans lequel des innoccents ont fait de la prison, durant plusieurs mois, ont eu leur vie et leur carrière brisée, à cause d'accusations mensongères d'enfants soutenus par des adultes et que le juge d'instruction n'a pas pu ou su prendre un vrai temps de discernement qui aurait sans doute éviter une des plus grandes injustices et erreurs judiciaires de notre siècle, je suis devenu très vigilant sur la manière dont les faits sont communiqués et rapportés. Par ailleurs, la programmation neurolinguistique (PNL) nous rappelle que la carte n'est pas le territoire, autrement dit que chacun a son propre filtre pour regarder la réalité. Chacun de nous peut voir le même éléphant mais si on demandait de le décrire, les points de description seraient probablement à forte nuance : l'un pouvant mettre l'acccent sur l'immense trompe et les défenses, un autre sur le corps massif, un autre sur les pieds et l'allure...
Comment alors sortir du dilemme de viser une communication fidèle à des faits pour éclairer une décision sans qu'elle soit "entachée" par nos filtres de perception ?
Exercice impossible en soi car nous filtrons de toute façon le réel avec une attention sélective auditive, oculaire ou encore tactile ou olfactive, avec notre sensibilité émotionnelle du moment et avec nos habitudes plus ou moins conscientes d'opérer le filtrage.
Cependant, nous pouvons réduire l'écart avec une bonne passoire qui filtre ce qui peut sembler utile et pertinent pour une prise de décision :
- utiliser le chapeau blanc ( 1) d'Edward De Bono pour séparer les faits de nos propres émotions et interprétations. Je n'aime pas sa manière de faire peut alors se traduire par : " Quand je vois qu'il porte au travail un short et des tongues ( faits), je suis choqué et indigné(émotions) .
- poser un questionnement de demande de précision. En reprenant l'histoire du prologue, Monsieur aurait pu demander à son épouse " Tiens, d'où vient ton billet de 500 euros ?"
- recouper plusieurs témoignages pour cerner les faits incontestables sur lesquels pourra se fonder une décision.
Enfin, seul face à une prise de décision, il revient à chacun de prendre le temps d'un discernement " en son âme et conscience", en se rappelant que le sens propre de discerner , "c'est de voir distinctement un objet de manière à ne pas le confondre avec un ou plusieurs autres".
Nous sortirons alors plus sûrement de mals entendus pour être mieux entendus !
(1) voir article sur ce blog : " Ne vous casser plus la tête,prenez 6 chapeaux"