LA LECON DE VIE DE STEPHANE HESSEL
Rappelez vous. C'était en fin d'année 2010, un petit livre à 3 euros qui avait l'air perdu sur les rayons des librairies avec ce simple titre " Indignez vous !" (1). Personne n'aurait misé un euro pour prédire que ce petit fascicule écrit par un homme de 93 ans allait se vendre, que dis-je, s'arracher à plus de 1 million et 500 000 exemplaires ! Aujourd'hui, l'auteur, Stéphane Hessel, 94 ans est toujours dans notre monde et bien dans notre monde. Depuis, il a continué sa production littéraire en duo, une fois avec le sociologue Edgar Morin sur l'espérance, une autre avec le professeur de génétique et philosophe Albert Jacquard sur le stop à l'armement nucléaire dans le monde , et un interview croisé avec sa sainteté le Dai-Lama. Incroyable vitalité pour cet homme,au physique mince et fragile !
Dans une période fortement marquée par une campagne électorale pour la présidentielle en France, Stephane Hessel nous délivre un beau message d'espérance, une sorte de leçon de vie.
Premièrement, la vitalité et la jeunesse d'esprit ne s'arrête pas à 25 ans ! Nous pouvons rester en dynamique de vie, en créativité au delà des 80 ans. Et d'autres exemples pourraient être cités.
Malgré des épisodes vécus pendant la deuxième guerrre mondiale en tant que prisonnier, d'évasions puis de capture, de torture par la gestapo, il n'a pas gardé de haine contre ces ennemis. L'interview avec le Dai-Lama est touchante sur ce point; Celui ci lui confirmant : " Je vois bien que vous n'avez pas gardé de haine...C'est ce qui fait votre force."
Invité souvent, depuis le raz de marée de "Indignez vous", sur les plateaux de télé au côté de politiques et d'artistes, sa parole est hors violence, hors parti, hors idéologie toute faite. Il appelle souvent les amateurs de joute verbale à prendre du recul avec son style paternaliste " arrêtez de vous chamailler" en s'adressant à des personnalités qui pourraient être ses petits enfants. N'ayant, comme il aime à le souligner lui-même, pas d'enjeu personnel à son âge, sa parole gagne une légitimité du sage. C'est celui d'un homme qui a traversé un siècle d''histoire en touchant aussi la grande histoire, en participant notamment à la rédaction de la déclaration universelle des droits de l'homme en 1948.
Cette leçon de vie, de vitalité est à entendre par toutes sphères de la société et en particulier la sphère politique et médiatique. "Arrêtez de vous chamailler et écouter la voix de Stéphane " pourrait être un nouveau slogan d'avenir.
(1) voir article sur ce blog "Indignez vous !"
passer de l'agir au non agir
épisode deux :
LA MEDITATION EN PLEINE CONSCIENCE
Elles sont bien rouges et appétissantes. Je les coupe tranquillement avec un couteau affuté et je les pose délicatement dans la coupe en verre. Les fraises remplissent peu à peu chaque coupe. Je suis là tout à elles, comme si rien d'autre n'existait à ce moment là. Puis, les coupes étant remplies, je prends le temps de contempler ce rouge flamboyant. Je respire, empli de leur saveur.
Courir après le bus, faire plusieurs choses à la fois, planifier dans sa tête ce que l'on fera demain, zapper sur les chaînes de télé et rechercher sans cesse de nouvelles stimulations...
Deux mondes semblent séparer celui des fraises et celui de la course du temps. Pourtant, chacun a déjà probablement vécu ces deux formes d'agir, de faire et d'être.
La méditation de pleine conscience ne condamne pas la course du temps ou encore la pression des sollicitations auxquelles nous pouvons être soumis. Elle n'idéalise pas non plus la contemplation des fraises. Elle invite, chacun à son rythme, à faire cette douce expérience du passage de l'agir au non agir.
Je laisse Christophe André (1), psychiatre de renom et pratiquant lui même la méditation de pleine conscience, nous en parler avec sa plume toute en délicatesse et nuances :
"La non action, c'est la respiration de l'action. C'est comme le silence après le bruit. C'est s'efforcer, dans bien des moments de son quotidien, de ne pas passer tout de suite à autre chose, à une autre action. Décider de prendre le temps, non pas de réfléchir , mais de ressentir, de se laisser doucement envahir par le sillage de ce que l'on vient de faire, et le présent de l'instant.
La pleine conscience nous permet, finalement, de considérablement augmenter notre liberté. Plus je la pratiquerai, plus je ressentirai dans mon quotidien la différence entre réagir ( aveuglément aux impulsions) et répondre (en toute conscience). Et plus je préférerai répondre à ce que me demande le quotidien, avec toute ma conscience, qu'y réagir, l'esprit absent. C'est bien pour cela que les pratiques méditatives peuvent transformer profondément notre rapport au monde,...." (2)
Et si je lisais cet article en prenant le temps, sans réagir trop vite, de goûter simplement ce qui m'est proposé dans l'instant ?
(1) voir article sur l'auteur sur ce blog : l'apprentissage de la sérénité , un puits pour boire une eau fraîche.
(2) extrait de "Méditer jour après jour", 25 leçons pour vivre en pleine conscience.
MINDFULNESS ou la méditation de pleine conscience
PREMIERE APPROCHE
Vivre en conscience chaque moment de la vie, être là et bien là et pas ailleurs. Accueillir le moment sans jugement, sans impatience. Accueillir tout ce qui vient, sans présélection, toutes les émotions, sensations agréables et désagréables. Revenir finalement à son essence humaine profonde. Et, se mettre à un endroit où je peux voir passer mes pensées sans m'y accrocher, sans tomber dans la rumination ou encore la cogitation effrénée. Etre là, bien présent à moi même, aux sensations de mon corps, au rythme de ma respiration, au vagabondage normal du mental et aux émotions qui surgissent.
Cette démarche est appelée en anglais mindfulness et traduit en français par méditation de pleine conscience.
Le pionnier s'appelle Jon Kabat-Zinn. Professeur en biologie moléculaire et professeur de médecine aux Etats Unis, il a conceptualisé un programme de méditation s'inspirant de la méditation bouddhiste et visant à toucher le maximum de personnnes, au delà de leurs croyances ou non croyances. L'exploit de ce chercheur est bien de mettre à la disposition de tous une démarche guidée pour nous sortir du " trop plein ", de l'encombrement, de l'éparpillement de notre mental et nous déplacer vers un "ici et maintenant" ancré.
Loin des clichés de la méditation zen dans laquelle chaque pratiquant, sur son coussin, se tourne vers le mur et dos à son voisin, cette approche méditative reste humanisante. Chacun, s'il l'a pratique dans un groupe de suivi avec un instructeur habilité par Jon Kabat-Zinn, reste en contact avec le groupe qui offre une dynamique aidante. Seul, chacun est invité à pratiquer chez lui, dans la rue en marchant, dans les gestes de sa vie quotidienne ou encore au coeur d'une forêt.
Quel est donc ce trésor ressurgi au début du XXIème siècle dans notre monde occidental très centré sur le haut, le cerveau et le mental ?
Dans son ouvrage de vulgarisation à recommander pour une première approche douce, "Où tu vas, tu es", Jon Kabat-Zinn écrit : " En nous retirant à l'intérieur de nous-mêmes, dans la tranquillité, pendant quelques moments chaque jour, nous sommes en contact avec ce qu'il y a de plus réel et de plus vrai en nous. Lorsque nous réussissons à nous recentrer, même pour quelques courts instants, confrontés aux turbulences du monde extérieur,...,nous sommes à l'aise partout, en paix avec les choses telles qu'elles sont, moments après moments."
Une instructrice méditteranéenne, ayant bénéficié de la formation auprès de Jon Kabat-Zinn, nous racontait une de ses anecdotes et une suggestion d'un exercice dans un lieu que nous pratiquons tous, la douche. Essayez d'être tout(e) seul(e) sous la douche sans faire de conférence (intérieure) avec votre voisin, votre cousin, votre employeur ou encore votre compagne (ou compagnon) ? Et si faire plusieurs choses à la fois (1) était une manière habile d'éviter d'être avec nous-mêmes ?
(1) voir article sur ce blog : êtes vous multivore ou unifiant ?
LE DRAME DU TITANIC AURAIT PU ETRE EVITE
Il est 2h 20 ce 15 avril 1912 au sud-est de Terre Neuve et la température de l'océan est de -2 degrés.
Au milieu de l'océan atlantique, un paquebot parti de Southampton en Angleterre, après une étape à Cherbourg en France, se dirige vers New York. C'est le plus grand et prestigieux navire du monde. Près de 270 mètres de long, doté de 10 ponts, de 29 chaudières pour atteindre des vitesses de 23 noeuds ( 42km/h), il offre une capacité d'accueil de plus de 2400 passagers. A 2H 20 du matin, après avoir heurté un iceberg à 23h 40, ce navire réputé insubmersible se coupe en deux et coule au fond de l'océan. Près de 1500 personnes, membres d'équipage et passagers vont y laisser leur vie.
Cent ans après, ce drame humain et maritime continue d'attiser les passions et les spéculations. Le film " TITANIC" aux 11 oscars du canadien James Cameroun réalisé en 1997 avec Léonardo Di Caprio dans le rôle de Jack, un artiste voulant faire fortune outre atlantique et de Kate Winslet, dans le rôle de Rose, une jeune fille de la bonne société anglaise l'a immortalisé à l'échelle mondiale.
En recoupant les divers témoignages et l'enquête, nul doute sur le fait que ce drame aurait pu être évité. Regardons le avec la focale des croyances .
Des constats de départ. La société White Star Line et son ingénieur ont considéré que ce navire était insubmersible. Aussi, il n'y avait que 20 canots de sauvetage pour une capacité de 1189 places , donc inférieure au nombre total de personnes embarquées comprenant les membres d'équipage ( 880 environ) et les passagers (1317 pour cette première...et dernière traversée ), soit plus de 2000 personnes. La réglementation imposera, après ce drame, un nombre d'embarcations suffisant par rapport aux personnes embarquées. Cette croyance de l'insubmersibilité du navire semble, à priori, d'après les témoignages des rescapés, être aussi une raison qui n'a pas affolé certains passagers peu pressés de prendre place sur des canots : les premiers mis à la mer étaient à moitié remplis ! En amont du heurt de l'iceberg, il est à noter que des navires voisins avaient signaler par radio au titanic ce risque d'iceberg dérivant plus au sud que d'habitude... risque qui n'a pas été analysé par le commandant, Edward Smith pourtant expérimenté. La vitesse du navire n'est pas réduite avec l'idée, l'orgueil d'arriver avec un temps record à la destination finale de New York. Comble de "mauvaise coincidence", le vigile chargé de surveiller la mer n'a pas retrouvé les jumelles et personne ne s'est soucié de ce détail. Quand l'iceberg est décelé à l'horizon dans la nuit, il est à moins de 500 mètres et malgré une manoeuvre désespérée pour l'éviter, le Titanic va le heurter sur le flanc et va prendre l'eau. Moins de 3 heures après le choc, le navire coule. L'appel de détresse du titanic ne sera émis qu' à 0h 15 du matin, plus d'une 1/2 heure après le choc de l'iceberg...comme si on avait cru encore sauver le navire. Globalement la croyance d'insubmersibilité, " Ce navire ne pourra jamais couler vu la rigueur de sa construction, ses pièces étanches..." a été contagieuse et a provoqué une perte de vigilance collective du commandant, en passant par l'officier de vigile ( sans jumelles) ...jusqu'aux passagers, certains jouant tranquillement au bridge, ayant entendu une légère secousse. Reste, dans ce drame collectif, l'incroyable conscience surprenante de l'orchestre et de son chef qui joua jusqu'au bout pour soutenir, dit-on, le moral des passagers !
Finalement , à peine plus de 700 personnes seront sauvés et recueillis par le carpathia averti par le message de détresse radio du Titanic.
Et si la croyance de départ avait été " premier navire de cette taille, donc vigilance renforçée sur la sécurité avec des consignes adaptées" , l'humilité clairvoyante aurait été préférable à l'orgueil de toute puissance. 1500 personnes auraient été épargnées par la conséquence dramatique d'une croyance naive et collective jamais contredite. Et si nous refaissions l'histoire du Titanic minute par minute sur ces 4 jours uniques de voyage, qui aurait pu prévoir le drame et l'anticiper ?