De Barak O'BAMA au nouveau pape François, le renouveau
Le visage ouvert sur la foule immense rassemblée sur la place Saint Pierre à Rome , ému et déjà recueilli, le nouveau pape qui a choisi le nom de François en référence au saint des pauvres, Saint François d'Assise, est apparu pour la première fois au balcon du Vatican le 13 mars 2013. Si l'événement a été relayé de manière très ample par les médias du monde entier, il y a déjà un signe de nouveauté qui a arrêté bon nombre de commentateurs. Ce nouveau pape, élu après la renonciation de Benoit XVI, estimant ne plus être en mesure d'assurer cette charge, n'est pas européen. C'est le premier pape américain de l'histoire de l'Eglise catholique et qui était encore la veille cardinal à Buenos-Aires en Argentine.
Ceci étant, le renouveau que je perçois dans cette institution religieuse qui traverse les siècles est la confiance donnée finalement à un homme de 76 ans non retenu dans les pronostics. Les premiers actes posés par le pape François témoignent aussi de petits changements qui ne laissent personne indifférent. Il refuse d'abord de porter la croix papale et préfère faire simple et garder la sienne au moment de sa première apparition, dès le lendemain, il a le souci de régler lui même sa note d'hôtel. Bref, dès son élection par ses pairs cardinaux, il bouscule le protocole bien établi du Vatican. Une liberté intérieure qui redonne déjà une fraîcheur à une institution qui en a sans doute bien besoin.
Quoi de commun avec Barak Obama, le président des Etats Unis élu en 2009 et réélu en 2012 ? Il y a plus que deux hommes issus du continent américain.
Barak Obama est aussi une exception, il est le premier président d'origine noire ( son père était kenyan) dans un pays qui a été le théâtre de luttes raciales très violentes dans les années 60. Cette période trouble fut marquée par la figure emblématique du pasteur Martin Luther King et de son discours en 1963 à Washington devant un rassemblement de millions de noirs américans : "I have a dream" traduit par "j'ai fait un rêve" .
"Je suis heureux de participer avec vous aujourd'hui à ce rassemblement qui restera dans l'histoire comme la plus grande manifestation que notre pays ait connu en faveur de la liberté".
Tel est le début de son discours entré dans la grande histoire et c'est bien ce vent de liberté qui est en jeu.
Barak Obama, avant de devenir un brillant universitaire diplômé d'Harvard et un sénateur d'influence, a fait ses armes sur le terrain social en tant qu'organisateur communautaire dans un quartier noir. Avec ses compétences en droit, il a aidé les habitants pauvres à s'organiser pour défendre leurs intérêts, pour obtenir le désamiantage de logements sociaux ou encore contribuer à lutter contre la délinquance des jeunes.
Le nouveau pape François n'a pas choisi son nom papal par hasard. Dans son pays, l'Argentine, il est reconnu comme un cardinal proche des pauvres. Il n'hésite pas à rencontrer les familles des quartiers pauvres de Buenos Aires ou encore soutenir un foyer de vie pour jeunes toxicomanes. Grande humilité, proximité et humour sont les qualificatifs qui reviennent le plus souvent chez les commentateurs journalistes.
J'ose m'avancer probablement, seulement quelques jours après son élection. Je crois que François le pape a quelque chose en commun avec Barak le président. Ils ont tous deux cette qualité rare , cette capacité à transcender les règles, le protocole, le convenu institutionnel pour oser parler en tant qu' hommes à d'autres hommes. Ce charisme est de mon point de vue un levier puissant pour contribuer à un renouveau. Renouveau des institutions, de leur fonctionnement et d'une attention réelle à celles et ceux qui en ont le plus besoin : les pauvres au sens le plus large, les personnes fragilisées, exclues, ou encore marginalisées par un système économico-politique.
Alors Barak, tu l'invites quand François ?
Et la conscience s'éveillera...
"Quand la Chine s'éveillera....le monde tremblera "était le titre du livre choc écrit en 1973 par Alain Peyrefitte, homme politique et écrivain . Il y a déjà 40 ans. Aujourd'hui, si un visionnaire ayant une personnalité aussi trempée qu''Alain Peyrefitte était parmi nous, peut être aurions nous un ouvrage intitulé " Quand les consciences s'éveilleront....le monde changera". En effet, des signes précurseurs pointent leur nez depuis quelques années.
D'abord, l'émergence de penseurs hors du champ politique ou philosophique traditionnel et qui recueillent de plus en plus d'audience auprès du grand public. Je pense en particulier à Pierre Rabhi, orphelin d'origine algérienne qui a crée la première ferme agrobiologique en Ardèche et s'est affirmé dans le monde comme un expert et un sage reconnu dans le développemnent durable. "Eloge du génie créateur de la société civile", son petit phamphlet écrit à l'occasion de la dernière campagne présidentielle en 2011 est très révélateur à cet égard. Il affirme haut et fort les limites d'action des acteurs politiques face à la pression des lobbies économiques et des corporatismes. Ainsi, il estime que le pouvoir de transformation du monde est davantage dans les mains du citoyen, celui qui, par son initiative locale, peut changer les comportements comme le " produire et consommer localement". Une des originalités de la pensée de Pierre Rabhi incarnée notamment dans le concept de sobriété heureuse est la croyance intime en la féminité dans un monde encore trop dominé par le modèle masculin. Il convoque chacun à écouter la part de féminité en lui, cette part qui nous rend réceptifs, comme la mère à l'écoute de son enfant à naitre, à ce qui est vraiment vivant en nous et autour de nous.
Autre signe précurseur que l'on découvre dans les kiosques à journaux : l'émergence de revues d'un troisième type. Des revues qui tentent de sortir du lectorat tout fait ( mode, sport, culture, ciné, femmes...) et qui veulent relier diverses sphères comme les neurosciences, la psychologie, ou encore la spiritualité. Le magazine "Inexploré"(1) en est une belle démonstration avec un souci de rigueur scientifique, de choix éthique et de pédagogie pour tous. Ainsi, dans le hors-série remarquable de novembre 2012 intitulé " Une nouvelle conscience", sont réunis en interview construit et approfondi des spécialistes dans leur domaine dont : Frédéric Lenoir, rédacteur en chef du monde des religions érudit en la matière et auteur prolixe, Lynne Mac Taggart journaliste scientifique américaine auteur du concept de bound ou lien qui crée une interconnection entre tous dans un monde quantique, Thierry Janssen, médecin devenu psychothérapeute et promoteur d'une médecine intégrative, ou encore Jon Kabat-Zinn, le père fondateur de la méthode de méditation en pleine essor dénommée MBSR ou Mindfulness Based Stress Reduction. Un point commun à tous ces auteurs reconnus dans leur domaine : ils ne s'y enferment pas, reconnaissent l'apport des autres sciences et plaçent l'homme au coeur de leur recherche. Ils ne nient pas les grandes religions dans le monde mais montrent des voies qui leur empruntent des concepts de base comme la compassion, vertu qui se retrouve notamment dans la pratique de la méditation, la bonté ou encore l'importance de la beauté.
Enfin, un signe précurseur dans l'émergence de prospectivistes non conventionnels. Mathieu Baudin, historien et prospectiviste et Philippe Durance, économiste et professeur au cnam viennent de fonder en France en 2012 un institut des futurs souhaitables (2). Ainsi, il organise des "lab sessions" en proposant des voyages à des intellectuels, scientifiques, philosophes ou enocre poètes pour qu'ils se placent en état "d'hybridation", dans une posture d'accueil de la controverse pour observer la société. Une de leur convictions fortes est de considérer l'erreur comme une valeur de partage d'expérience. Ils sont aussi vulgarisateurs d'expériences sociales nouvelles comme ce qui se vit dans la petite ville de Tottes en Angleterre comptant 8000 habitants. Au départ, 3 habitants ont décidé de tout réinventer avec une pénurie de pétrole supposée. Aujourd'hui plus de 30% de la population s'est prêtée au "jeu" et a réinventé une manière de manger, de s'habiller et de vivre.
Des mouvements surgissent de nulle part comme les colibris à la suite de Pierre Rabhi et se développent, les groupes de méditation se multiplient, et des réseaux sociaux s'organisent autour de cette "nouvelle conscience " en émergence.
Je laisse à Thich Nhat Hanh, moine boudhiste vietnamien exilé en France depuis 1964, nous parler des conditions de cet éveil collectif :
"Il faut plus que l'intellect. Il faut que çà descende dans vos cellules...Chaque énergie que vous émettez en termes de pensée, de parole et d'acte aura un effet sur le cosmos."
Le chantier de la nouvelle conscience est ouvert. Les ouvriers y viennent de plus en plus. Un signe d'espérance est aussi dans la pluralisme de ces penseurs et sages venant d'horizons et de cultures très variées entre l'Amérique et l'Asie...sans oublier notre petite Europe.
(1) site Institut de recherche sur les expériences extraordinaires : http://www.inrees.com/
(2) site internet : http://www.futurs-souhaitables.org/