Sortir de la vengeance pour trouver la voie de la réconciliation
Sandro, professeur de philosophie dans une université new yorkaise vient d'apprendre que sa compagne Tiffany, journaliste, a été retrouvée morte suite à un sacrifice imputé à un peuple indien au fin fond de la forêt amazonienne.
Etranglé par un désir violent de vengeance, il recrute trois mercenaires pour aller détruire cette communauté d'indiens.
Cette intrigue est la toile de fond du dernier roman du talentueux Laurent Gounelle, formateur en ressources humaines et qui s'affirme avec ce troisième roman comme un conteur passionnant pour nous interroger sur nos modes de comportements et nos conditionnements.
Cette histoire pourrait sembler banale par rapport à d'autres romans sauf que trois ingrédients lui apportent une coloration inattendue :
- le mode de vengeance imaginée de manière diabolique par Sandro est de couper ce peuple indien de sa capacité innée de bonheur, de simplicité au contact de la nature et de relations de coopération naturelle entre tous sans chercher la première place. Et avec un brin d'humour, les moyens de vengeance ressemblent étrangement à certains traits de notre société de consommation comme la communication de ce qui va mal ou ce qui menace la sécurité avec le jungle time tous les soirs.
- la rencontre de Sandro avec une belle indienne nommée Elianta qui a reçu l'enseignement d'un chaman pour soutenir son peuple et lui apporter de la clairvoyance.
- la référence vivante au philosophe romain Marc Aurèle qui, dans les moments de silence, de retour sur lui même, interpelle par petite touche Sandro par rapport à la moralité de son désir de vengeance.
Bien sûr, je ne vous dévoilerai pas le dénouement très surprenant mais je peux déjà vous révéler qu'il montre l'importance de bien vérifier les faits et leur authenticité avant toute entreprise de réparation ou de vengeance. Une erreur d'analyse sur le coupable peut faire s'écrouler comme un château de cartes toute l'énergie investie.
Enfin, à travers "le philosophe qui n'était pas sage", belle lecture à recommander cet été, Laurent Gounelle nous rapproche de Marc Aurèle qu'il fait revivre avec son acte courageux de renoncer à l'exécution d'un conspirateur.
Après cette décision, à la lueur d'une bougie et sur un parchemin, Marc Aurèle écrivit : " La meilleure manière de se venger des méchants, c'est de ne pas se rendre semblable à eux".
Sandro sera partagé entre ce fort désir de vengeance impulsif et cette parole de sagesse de Marc Aurèle. Et avec lucidité, il reconnaitra la difficulté de passer de l'adhésion d'une idée comme celle ci à son intégration dans sa vie, son ressenti et son comportement.
Or, c'est déjà le premier pas : reconnaitre le difficile sans le situer comme inacessible et en faire un questionnement permanent...jusqu'au jour où la conscience laisse émerger un autre état intérieur.
Manager dans la joie
Ce titre pourrait être reçu comme une provocation pour des managers tiraillés par la pression du quotidien, la concurrence ou encore les tensions interpersonnelles, ou encore les conflits au coeur des entreprises.
Or ce titre n'est pas une virtualité, c'est le titre de l'ouvrage récent de Paul-Hervé Vintrou, manager lui même, consultant et coach ayant une longue expérience à un niveau international. Bref, l'auteur est loin d'être un farfelu.
Les témoignages de dirigeants hommes et femmes ne manquent pas pour illustrer son propos.
Ainsi, Chinian ( nom fictif) qui , victime d'un burn-out, traine des pieds de plomb du matin au soir , indisponible à sa famille et stressé en permanence. Et bien, les pistes de la joie proposées en coaching par Paul-hervé lui ont permis de retrouver un second souffle et surtout de retrouver un goût de vivre.
En fait, la "recette" de Paul-Hervé tient , comme un bon vin, dans un assemblage de 15 ingrédients majeurs qu'il distille avec humour et exercices d'application à la clé. Sur un ton alerte et convaincant, il se veut un entraineur de la joie pour nous sortir d'une croyance souvent ancrée dans notre inconscient collectif : pour être performant, il faut être sérieux.
Ceci étant, Paul-Hervé ne réduit pas la joie au seul concept d'optimisme ou de bonne humeur. J'aime bien la manière dont il l'évoque dans un feu d'artifice d'expressions :
" La joie garde une âme d'enfant....La joie est une énergie positive. La joie est généreuse. La joie s'affiche fièrement. La joie n'aime pas les compromis. La joie est une énergie à haute tension. La joie défie les lois de la finance. La joie est précieuse et abordable. ...La joie promet un avenir passionnant".
Ainsi, la joie peut devenir un carburant pour la performance de l'entreprise en fédérant les énergies, optimisant la créativité, ouvrant sur des pistes audacieuses et créant une force intérieure chez ceux qui la cultivent.
Un des premiers ingrédients développé par l'auteur est "cultiver ses racines", autrement dit reprendre conscience et confiance de potentialités qui sommeillent en nous. Dans cette perpective, parmi les pistes proposées, il nous invite à retrouver nos héros, ceux qui nous inspirent en tant que figure de référence d'une part et d'autre part il insiste pour que nous retrouvions du lien avec nos racines de l'enfance, nos activités familiales passées, notre terroir d'origine.
Sans tout dévoiler des 15 ingrédients de ce parcours qui structurent l'ouvrage, j'ai été particulièrement sensible au chapître intitulé "Réjouir mon coeur". Audacieux dans un ouvrage destiné aux managers et finalement à tout un chacun ! Relier ou encore aligner tête-corps- coeur n'est pas un exercice physique extérieur. Se réjouir, c'est rester sensible à toute situation qui nous offre du plaisir, des émotions positives et qu'il est bon d'entretenir comme un feu dans une cheminée. Entre gérer et gémir et jouer et jouir, quel choix vous attire le plus ?
Vous pourriez peut être encore penser que l'ouvrage est léger, tendance , marketing avec son titre accrocheur. Il révèle autre chose, une forme d'intériorité notamment quand Paul-Hervé évoque l'âme du manager . Cultiver son attention sur une chose à la fois, cultiver un silence intérieur, se relier à une spiritualité sont des portes d'accès à l'âme , à cette fameuse intériorité tant recherchée dans notre monde dit moderne.
Enfin, la joie a une grande qualité : elle est contagieuse et peut, cultivée quotidiennement, devenir durable. Elle pourrait ainsi rejoindre le beau palmarès des énergies propres et renouvelables.