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Le blog de Michel BERNARD

On ne change plus après 50 ans ?

25 Août 2013 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

" Tu sais, j'ai revu dans ma région des copains de mes 20 ans  et ils n'ont pas vraiment changé. Ils sont restés les mêmes." Cette parole entendue cet été d'un ami de 50 ans à l'occasion d'une reprise de contact téléphonique m'a questionné.

Certes, il ne s'agit pas de regarder le changement physiologique et biologique qui s'opère entre un homme, une femme de 20 ans et un homme, une femme de 50 ans . Tout le monde est bien acqui au fait de performances moindres dans la force physique, l'endurance ou encore des capacités de détente ou de souplesse. A ceci près que , cet été, ayant eu l'occasion d'être spectacteur d'une démonstration de haut vol en kyudo (1) , j'ai été  sidéré par la force tout en intériorité,  souplesse et adresse de 4 maitres japonais âgés de près de 80 ans !

Mais qu'en est il du fond de l'âme, des désirs profonds, de la personnalité marquée par plus de 30 ans de vie, de joies, d'épreuves, et de rencontres ?

Je veux simplement me livrer à quelques observations autour de ces deux questions  :

- les désirs de nos 20 ans restent-ils présents à 50 ans et sous quelle forme ?

- à 50 ans, a t'on encore des désirs de changement  ?

J'entends autour de moi des adultes qui me racontent rêver de faire telle activité qu'ils n'ont pas encore entreprise faute de temps ou de circonstance favorable et quand je creuse avec eux, je constate que ces désirs ne datent pas d'hier mais peuvent remonter à l'adolescence. L'un rêvera de traverser la méditerranée en catamaran, une autre de pratiquer la danse classique, et un troisième de devenir écrivain...Et puis, il y a le constat parfois plus douloureux ou nostalgique de ceux qui constatent que leur condition physique, leur réalité sociale ou économique, leurs capacités actuelles ne leur permettent plus ou pas de réaliser ces rêves d'adolescent. Faut-il s'en attrister, s'en culpabiliser, en faire le deuil ?

Non point. D'abord, ouvrons les yeux sur ces séniors parfois déroutant qui s'engagent dans des activités nouvelles qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de vivre adolescent ou adulte. Ainsi, ce couple rencontré ce week-end. Lui, plus de 70 ans , l'esprit toujours vif et la langue alerte, vient d'acheter une moto et sillonne les routes avec sa belle comme des "petits jeunes" de 20 ans ! Il m'explique au passage que le vendeur a eu une hésitation quand il lui a avoué ne jamais avoir piloté de moto .ete-2013-Biarritz-Cauterets-095.jpg

Pour ma part, avec mes 53 ans, j'ai fait un constat assez amusant sur le cycle du désir. Etudiant à Grenoble à 20 ans, j'ai eu l'envie de m'initier à la méditation. A l'époque, celle qui était repérée dans les années 80 s'appelait méditation transcendentale popularisée par les beatles qui s'en étaient fait les "supporters". Puis, y découvrant une dimension sectaire ( confirmée par la suite), j'ai arrêté cette pratique. Plus tard, j'ai découvert le zen, son assise et sa forme de méditation de deux fois 30 minutes entrecoupée par une marche lente. Je n'ai pas continué cette pratique liée à un groupe que je ressentais trop centré sur son nombril. Récemment, dans la vogue actuelle de la reconnaissance scientifique de la méditation, j'ai eu l'occasion de m'initier au cycle de 8 semaines de la MBSR ou Mind Based Stress Réduction  ( réduction de la méditation par le stress) élaboré par le professeur de biologie américain Jon Kabat-Zinn. J'ai vraiment goûté le silence intérieur qui laisse passer les pensées, les constructions mentales avec une instructrice très imprégnée, humble à la fois et au sein d'un groupe  bienveillant. Puis, j'ai redécouvert cette année une forme de méditation intérieure en accord avec mes valeurs profondes. Finalement, plus de 30 ans après ma première initiation, je redécouvre la méditation avec , sous doute moins de forcing et plus de lâcher prise sur le résultat et les bénéfices attendus, et je me suis engagé dans une pratique quotidienne.

Alors, à vous adultes de 50 ans et plus, la question pourrait être : quel désir m'a habité naguère que j'ai peu ou pas creusé et qui cherche à resurgir ? Laisser le émerger puis poser vous délicatement la question : et si je lui donnais corps pour  vérifier sa consistance ?

Le moine bénédictin Anselm Grûn, grand spirituel de notre temps, et accompagnateur de nombreux adultes, a pris l'habitude de questionner ceux qui viennent le voir de la manière suivante : " Quand vous étiez enfant, quelle activité vous donnait du plaisir, de la joie, de l'élan ?"

Bien sûr, il n'invite pas les femmes à revenir au jeu de la dinette, de l'infirmière ou aux hommes à celui du cowboy ou encore du pompier. Mais derrière ces activités, qu'est ce qui en faisait l'attrait au fond : l'imitation de l'adulte, l'imagination, la création, le sens de la justice, l'organisation d'un groupe, ....

Ce pont entre l'enfance et l'âge adulte  me semble présenter un grand mérite. C'est celui de nous recentrer sur notre enfant intérieur, celui qui nous fait vibrer, rire, remuer, nous étonner, nous émerveiller...L'avons nous baillonné pendant 30 ans, étouffé au fond d'une cale remplie de nos rationnalisations d'adulte ou bien est il une composante bien vivante de notre personnalité ?

Et si un changement positif pour les plus de 50 ans était de réveiller cet enfant intérieur pour lui donner toute sa place et ainsi retrouver un élan vital parfois émoussé, amoindri par les chaos du chemin ?


(1) art originaire du japon proche du zen qui vise à tirer des flèches sur une cible avec un arc simple en bois et dans la concentration d'un état présent à soi et un lâcher prise sur le résultat.


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HISTOIRE D'EAU

13 Août 2013 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

En ce mois d'août, l'air est chaud et le soleil haut dans le ciel. Ce n'est pas un temps pour laboureur mais plutôt pour faire la sieste derrière des volets clos pour se préserver de la canicule. Soudain, autour de la fontaine aux multiples jets, deux jeunes enfants , tout rire déployé, s'amusent à une folle course poursuite en s'aspergeant de cette eau. La scène est amusante au coeur d'une ville, Montpellier comme si des lutins en maillot de bain avaient surgi au milieu des passants . 100_4246.jpg

Autre moment, au bord de la méditerranée, avec des mouvements de grâce tout de lenteur, une jeune femme , les pieds dans l'eau, enchaîne un tai chi chuan (1). Ses bras se baissent dans l'eau jusqu'à l'éffleurer et remontent dans les airs. Son petit garçon, tranquillement , avec sa pelle et son seau,  monte un chateau de sable devant elle . Toute entière donnée à son mouvement, elle semble oublier les touristes qui arrivent sur la plage.

Ces deux histoires d"eau m'ont touché car elles révèlent deux belles dimensions : la spontanéité et la grâce. Spontanéité de ces jeunes enfants jouant avec l'eau comme s'ils étaient seuls au monde. Grâce de cette jeune femme dans la lenteur d'un mouvement effectué en bord de méditerranée. Elément commun, l'eau, celle dans laquelle nous avons baigné d'une certaine manière avant notre accouchement, dans le ventre de notre mère. Notre corps reste bien constitué de 60% d'eau et notre cerveau est encore plus riche puisqu'il contient  près de 80% d'eau en volume.

L'eau reste bien une ressource multiple. Quand elle manque dans un certain nombre de pays du sud, c'est une des principales causes de mortalité notamment des enfants. Quand elle est disponible, elle nous abreuve et répond à un de nos premiers besoins physiologiques, et nous aide à contempler comme un beau lac au coeur scintillant au coeur d'une montagne. Elle est, à l'image d'un torrent, un symbole de permanence et de renouvellement.

Pourrions nous imaginer une journée sans boire et sans voir de l'eau ?

 

(1) le tai chi chuan est un art martial chinois interne proposant l'enchaînement de 108 mouvements codifiés et visant à favoriser un travail d'équilibre de l'énergie en réduisant le stress.

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