Agnès LEDIG, une romancière à la plume arc-en-ciel
Roméo, pompier professionnel, suite à une chute de 8 étages en voulant sauver un enfant, se retrouve dans un état grave à l'hôpital. Une infirmière, Juliette ( quel hasard ?) est prise de compassion pour ce nouveau et jeune patient au corps si abîmé après un long coma. Pourtant, quand Roméo prend conscience de son corps qui ne pourra peut être plus remonter sur la grande échelle, il tombe dans le désespoir mais Juliette lui réplique :
- Arrêtez de vous posez en victime. Oui, vous l'avez été, d'un terrible accident, mais ce n'est pas en vous vautrant dans ce statut de victime que vous vous en sortirez. Qui viendra vous plaindre ? Personne. Parce que çà n'avance à rien. Les autres aiment les gens positifs et joyeux, parce que les gens positifs et joyeux leur font du bien. Ceux qui se plaignent sans arrêt ne font pas de bien.....Quand je prends ma garde, j'ai envie que vous me fassiez un sourire, que vous parliez des progrès que vous avez faits, de ceux que vous espérez faire le lendemain, et aussi de quelques trois jolis moments que vous retenez de la journée passée, il y en a forcément, et de vous contenter de cela.
Ce court extrait vient du troisième roman
d'Agnès LEDIG, dont la côte de popularité gagne du terrain, elle qui exerce avant tout le métier de sage femme en libéral et a commençé l'écriture avec la mort d'un de ses enfants. Qu'est ce qui touche tant dans la plume d'Agnès ? Pour ma part , j'ai relevé au moins quatre couleurs de son bel arc-en-ciel d'écriture.Première couleur : une densité de personnages habités dans leur fragilité, leur doute, leur fêlure, des personnages loin des John wayne, héros invulnérables et qui sont restitués avec leurs dialogues internes très vivants et qui se confrontent au fil des pages. Ces personnages qui peuvent nous rejoindre quelque part dans leur ambivalence, adultes, grands parents, ou adolescents. Ainsi, Vanessa, la jeune soeur de Roméo âgée de 14 ans et qui vit une quête d'adolescente instable, en mal d'affection.
Mon petit Toi chéri ,
J'en ai marre. Personne ne croit en moi. Ils pensent tous que je suis une ratée. On me demande toujours plus. Bien travailler en classe et aller là où on me dit d'aller, enfiler des patins et me tenir droite à table.....Des fois, j'aimerais être déjà adulte. Ou ne plus être là du tout. j'hésite.
Deuxième couleur : des enseignements de vie délivrés et non des leçons de morale. Ainsi Malou, la grand mère très aimée de Juliette qui évoque que le hasard n'existe pas et montre comment les épreuves malgré tout peuvent aussi contribuer à des prises de conscience salutaires.
Troisième couleur : la place importante des symboles et du symbolisme mêlé à l'humour. Deux personnages qui se retrouvent étrangement : Roméo le pompier et sa grande échelle et Juliette, jeune femme subissant un compagnon narcissique et culpabilisant. Le fameux gâteau Paris Brest qu'affectionne particulièrement Malou en souvenir d'un vrai amour connu à Paris en faisant la liaison Paris Brest. Bref, je ne vais pas tout dévoiler de ces symboles, clins ouvent chargés d'humour ou de profonde sensibilité, comme le sens de l'arc en ciel dans le drame subi par Juliette.
Quatrième couleur : sa plume vraiment arc-en-ciel, talent naturel d'Agnès qui nous entraine dans la tendresse pour la plupart de ces personnages sans tomber dans l'eau de rose car les épreuves et même la violence sont présentes au fil des pages. Cette plume dresse autant le tableau de scènes contrastées entre un compagnon pour son ex qui jette toutes les affaires par la fenêtre jusqu'à des paysages de montagne alpine au contact des bouquetins
De "Marie d'en haut", en passant par " Juste avant le bonheur" et " Pars avec lui", j'aurais envie de vous dire que partir en voyage avec un roman d'Agnès Ledig, c'est vraiment goûter à la beauté des âmes, des sensibilités, des écorchures dans la douceur, la bienveillance, entre rire et larmes, avec un mot cher à Agnès : respect. Mot qu'elle définit elle même : sentiment qui porte à accorder à quelqu'un une considération admirative, en raison de la valeur qu'on lui reconnaît, et à se conduire envers lui avec réserve et retenue. C'est peut être aussi là un des secrets d'écriture d'Agnès Ledig, des personnages parmi d'autres qui encouragent le respect, la bienveillance au delà des douleurs, des souffrances, des résistances à se laisser aimés. Respect Agnès Ledig !
OPTIMISME ET ESPERANCE, quelle résonance ?
L'optimisme pourrait être symbolisé par un rayon de soleil qui traverse une couche de nuages plus ou moins obscure et qui permet de voir un ciel bleu de l'autre côté. L'optimisme répertorié comme une des 24 forces de caractère par le psychologue Martin Seligman et son confrère, Christopher Peterson (1), s'avère, dans le contexte social et économique de notre société, une puissance à contre courant. Cultiver l'optimisme est une tâche noble qui peut contribuer à un mieux être collectif. Comment cultiver cet optimisme ?
Une première piste, me semble être dans l'attention au vocabulaire que nous utilisons dans nos conversations quotidiennes. Dire "quel sale temps avec cette pluie qui tombe !" pourrait être retraduit par " Il pleut. Une occasion de faire des choses au chaud chez soi", ou encore par rapport à un jugement sans appel sur une personne " Avec lui/elle, c'est toujours pareil, il/elle n'est pas capable de prendre des initiatives..." pourrait être repris différemment comme "Effectivement, j'aimerais qu'il/elle prenne plus d'initiative et je me questionne comment le stimuler dans ce sens". Ce n'est pas uniquement un changement subtil de mots, c'est plus que cela, c'est un changement de pensée, de point de vue. Un point qui vue qui ne fige ni dans la plainte, ni dans le jugement sur soi ou sur l'autre mais ouvre un horizon du possible, du dialogue. Autre piste plus profonde car parfois plus difficile à modifier : transformer nos croyances limitantes en croyances ressources. Exemple : " Je dois toujours faire de mon mieux pour être reconnu et apprécié" , croyance enfermante pour les perfectionnistes qui pourrait être remise en cause par une autre croyance antidote : " J'ai le droit à l'erreur, à mettre la barre plus bas et je peux aussi être reconnu avec ce que je suis". Enfin, cultiver l'optimisme, c'est orienter son attention, son regard de manière sélective sur ce qui peut nous toucher par sa vérité, sa beauté, son interpellation. Dans une rame de métro ou de tram, je peux voir que des têtes branchées avec des écouteurs de smartphone dans les oreilles et me dire intérieurement " Décidément, chacun vit sur son petit nombril y compris dans les transports en commun" ou bien , voir autrement : " Oui, c'est leur manière de rester branché avec le copain, la copine à distance. Ils savent utiliser cette technologie en pianotant avec une vitesse vertigineuse pour écrire un message." Notre réalité est une accumulation de regards tournés dans une certaine direction.
Et l'ESPERANCE est -elle fille ou mère de l'optimisme ?
L'ESPERANCE dont la connotation est davantage spirituelle et est reprise dans les églises chrétiennes au moment de l'Avent, de l'attente de la naissance de Jésus, signifie une croyance forte dans un avenir possible, meilleur quelles que soient les circonstances actuelles. Jean Claude Guillebaud, ancien grand reporter qui s'est frotté à de nombreux conflits dans le monde, témoigne qu'il a toujours rencontré, sur ces lieux de violence extrême, des hommes et des femmes capable de croire encore à une paix possible, à une réconciliation. C'est ce qui le rend, avoue t'il, toujours optimiste. Mais peut on se nourrir seul d’espérance ? Là, les religions nous invitent à croire à un plus grand que nous qui peut être signe d'ESPERANCE au delà de nos grisailles, de nos tempêtes, de nos peurs devant un avenir flou ou incertain.
L'Espérance est porté par un cœur qui croit , l'optimisme pourrait se vivre sans croyance spirituelle. Reste que la frontière est fine.
L'alliance optimisme + espérance m'apparait être une bonne étoile pour éclairer nos chemins parfois perdus dans le brouillard, la mélancolie, le renoncement. Une lumière qui nous remet en face de notre rêve d'enfant à réactiver régulièrement à l'âge adulte. Quel serait votre plus beau rêve aujourd'hui que vous aimeriez réalisé si vous deviez quitter cette terre avant la fin de l'année ?
L'optimiste est celui qui ose chercher à transformer ce rêve préservé des "briseurs de rêve" pour le vivre dans le réel en s'armant souvent de patience et de persévérance. L'espérance donne la force de tenir le temps et la distance car elle sait que tout tunnel débouche immanquablement sur une sortie et la lumière.
Soyons ainsi des veilleurs d'Espérance en jardinant notre optimisme au quotidien !
(1) site américain viacharacter.org sur lequel un questionnaire gratuit en ligne est disponible pour mieux connaitre la hiérarchie de ses forces de caractère et notamment les dominantes chez soi.