Et si je changeais de connexion ?
En écrivant cet article , le dernier de l'année 2015, j'ai bien conscience que je suis connecté à la belle machine appelée ordinateur et au réseau appelé internet pour donner accès à tous sur mon blog. Et il m'arrive, comme à chacun, de me connecter aussi à la vieille dame Télévision née dans les années 50 en noir et blanc. Et puis, j'observe souvent dans les rues de ma ville, dans le tram des têtes baissées. Non pas en signe de repentance mais davantage rivées sur un petit écran d'un smartphone, iphone ou ipad. J'avoue que je m'y perd moi-même dans cette technologie sans cesse en évolution, vantant le dernier à se procurer pour rester au top.
Quand je prends un peu de recul, de hauteur sur ces trois connexions de la vie dite moderne qui nous conditionne chaque jour ( ordi-tv-téléphone portable), je me mets aussi à imaginer une journée sans, une journée de jeûne. A quoi alors se connecter ?
Trois autres formes de connexion me semblent prendre du sens.
1 Me reconnecter à moi-même, redonner de l'espace intérieur à ma vie. En quelque sorte, il s'agit de prendre du temps avec son dialogue intérieur. Marshall Rosenberg, psychologue initiateur du processus de communication non violente et décédé cette année, nous dirait : "Apprenez à être en auto-empathie avec vous même.". J'aime bien aussi la manière dont le formule Jean Philippe Faure, formateur suisse, "ouvrir un espace intérieur de plein accueil." Autant dire accueillir autant le bon, le sel de la vie comme ce qui tourmente, les soucis avec son lot d'émotions négatives. Accueillir et faire sa lessive, faire crier en soi les "chacals" de colère, d'indignation, de peur...pour purifier cet espace et retrouver un contact avec soi-même et son âme. Oui, je suis bien là, je m'habite intérieurement.
2 Me connecter à la Terre. Imaginez un seul instant vivre dans un univers sans sol, sans herbe, sans arbre, sans arbuste, sans fleur, uniquement hors sol fait de béton, d'asphalte, de vitre ou encore de plastique. Pierre Rabhi, pionnier de l'agriculture biologique, l'a souvent rappelé. Nous appartenons à la Terre, c'est elle qui nous nourrit et non l'inverse. Marcher dans la nature, le long d'une plage, sur un chemin de plaine, dans un sentier montagneux nous reconnecte à cette énergie terrestre, nous remet finalement les pieds sur terre !
3 Trouver sa connexion "avec le ciel." Vous pourriez penser que mon vocabulaire est emprunt de "new age". J'ai choisi l'expression "avec le ciel" pour respecter toutes les formes de croyances autour du fait que l'homme ne se suffit pas à lui-même. Les croyants des religions monothéistes trouvent leur connexion dans un dialogue, une prière avec leur Dieu. D'autres se relient à une énergie intérieure, le ki des arts orientaux. Et de plus en plus d'hommes, de penseurs, pressentent bien que nous sommes reliés à un lien qui nous dépasse : le tout autre ou encore le très bas qu'évoque Christian Bobin, poète de l'incarnation du présent;
Vous remarquerez que vous n'avez besoin d'aucun objet technologique pour vivre ces trois connexions. Et chose rare : tout homme, depuis l'origine du monde, a pu les vivre. Elles sont intemporelles. Et si je donnais priorité à ces connexions avant de me brancher sur ma tv, mon ordi ou encore mon portable ?
Depuis l'Antiquité est Inscrit sur le fronton du temple de Delphes en Grèce " Connais toi-même et tu connaitras l'univers et les Dieux ". A l'aube de 2016, j'ose vous proposer d'inscrire dans vos agendas 2016 " Apprends à te connecter à toi-même et tu trouveras ton chemin de Vie". Un apprentissage à renouveler au cœur de la modernité ambiante.
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le pouvoir du STOP
Vous connaissez bien sûr ce panneau hexagonal rouge avec quatre lettres blanches à l'intérieur : STOP.
Et bien, s'il est très utile pour ne pas dire indispensable à des carrefours routiers pour éviter des collisions entre voitures, je constate qu'il est un STOP aussi important dans les relations humaines. A l'occasion de stages que j'anime sur la thématique "efficacité et sérénité en milieu professionnel", et à travers des jeux de rôles, j'ai observé plusieurs participantes confrontées à des situations toxiques comme une collègue déversant son trop plein de venin chaque matin à ses oreilles, une autre humiliée par un chef autoritaire ironique, ou encore une autre débordée et acceptant encore une tâche supplémentaire au risque de faire un burn out.; Or, il s'est avéré qu'une stratégie la plus efficace, quand la méthode douce de la négociation reste vaine, est le recours au STOP;
Evidemment, il ne s'agit pas de se braquer dans une attitude rigide de Stop qui pourrait encore plus contaminer la situation déjà tendue et entrainer au conflit. ll s'agit d'abord de prendre appui dans son corps, son ancrage au sol par les pieds comme deux racines solides et avec la main pointée à plat en avant de montrer physiquement ce Stop,signifiant " Ok, çà suffit comme çà ! Je ne joue plus"
Cette posture vécue dans le réel a souvent permis à des personnes de sortir de cercle de pollution verbale et ainsi retrouver une estime d'elle même et une sérénité intérieure.
Dire Stop, c'est autant dire non à l'attitude polluante de mon interlocuteur que oui à mon besoin de protection, de respect et de considération..
Et visualiser mentalement le panneau Stop peut se révéler une aide précieuse pour oser ce courage de dire STOP.
Un effet papillon : si j'ose dire STOP à des attitudes non respectueuses et récurrentes d'une personne au sein de mon organisation, il est fort probable que j'aide tous ceux et celles qui subissent sans rien dire ce type de comportement.Le Stop est certes un pouvoir de protection de soi et c'est aussi un formidable lien de générosite avec les autres souffrants...
Le STOP peut devenir, à travers un usage de bon sens et de discernement,, un bel outil pour rester vivant, sortir des pollutions verbales et vivre un respect durable. Stopper un moment votre réflexion et poser vous deux qestions complémentaires : "Et si demain, j'osais exprimer ce Stop, est ce que je prends un risques ? Et si je le fais, quels avantages pour moi ?
Deux morceaux de chocolat pour donner la vie
1944 : Francine, une petite fille de 10 ans est retenue prisonnière avec sa mère dans un camp de concentration en Allemagne nommé Bergen-Belsen, Elles manquent cruellement de nourriture . La mère a gardé précieusement deux morceaux de chocolat pour sa fille, au cas où celle-ci aurait une défaillance dangereuse pour sa santé. Or, elle apprend qu'une jeune femme, Hélène est sur le point d'accoucher. Elle sait que, dans ce camp avec la malnutrition et les conditions d'hygiène insalubres, Hélène court le risque de mourir . Elle se tourne vers sa fille, Francine et lui demande si elle peut tenir sans prendre ce chocolat. Elle lui explique que, si c'est le cas, elle donnera ces deux morceaux de chocolat à Hélène. Francine répond oui. Je vous laisse découvrir la suite de l'histoire dans cette vidéo parue dans le film Human.
Quand j'ai découvert ce témoignage de Francine âgée aujourd'hui de 82 ans, j'ai été très bouleversé par la fin de l'histoire. En prenant un peu de distance avec la résonance émotionnelle, je vous livre une proposition de lecture de sens :
- le oui de Francine a été déterminant pour sauver Hélène qui a donné naissance à une petite fille.
- cette petite fille, née dans un camp de concentration, et qui a fait sa vie témoigne d'une forme de résilience, d'une capacité à dépasser un contexte de l'horreur et de la souffrance pour rebondir. Le choix de son métier, médecin psychiatre est à rapprocher des circonstances de sa naissance.
Enfin, Francine Christophe est devenue écrivain et poète et intervient régulièrement auprès des lycéens, des jeunes pour témoigner de cette mémoire collective de la deuxième guerre mondiale.
Son oui de petite fille de 10 ans dans un camp de la souffrance a contribué à donner la vie à une petite fille qui a fait profession d'aider les autres dans leurs souffrances psychologiques. La boucle est bouclée.
Combien un oui de générosite peut amplifier ses effets dans la durée !