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Le blog de Michel BERNARD

Un héritage olympique dans un village du Vercors, Autrans

16 Février 2018 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

Ils sont une dizaine de gamins à s'amuser à côté des deux tremplins de saut à ski, vestiges olympiques. Ils sautent avec leurs skis de fond  sur une petite bosse naturelle perdue entre les sapins et se laissent tomber joyeusement dans la douceur de la neige poudreuse. 50 ans après les jeux olympiques  de 1968 à Grenoble, 50 ans que le petit village d'Autrans a accueilli les épreuves de ski de fond, de combiné nordique ( ski de fond et saut) et de saut. 50 ans pour passer d'un petit village perdu sur le beau plateau rural du Vercors à une station de ski reconnue pour la qualité de son domaine skiable notamment en ski de fond avec le plateau de Gève perché dans une belle et vaste  forêt d'épicéas. A l'occasion d'une balade en raquettes avec notre guide Frédéric, j'ai vraiment perçu comment les enfants d'Autrans baignent dans cet héritage olympique.

Certes, le matériel de ski de fond et l'équipement du fondeur ont énormément évolué. Depuis les chaussettes blanches qui remontaient jusqu'au genoux, nous sommes passés aux combinaisons collantes, imperméabilisés et aérodynamiques. Mais en regardant les portraits des champions de 68 remis au goût du jour sur les pistes, je m'aperçois que le regard du compétiteur attentif et concentré sur sa trajectoire et notamment dans la prise de virage reste bien le même. L'héritage transmis de génération en génération est celui de vivre 4 à 5 mois de l'année (novembre à février-mars) dans un manteau blanc, de se déplacer en ski dès le plus jeune âge et de trouver du plaisir dans le groupe qui va grandir ensemble. Ainsi, concernant le saut, s'ils s'amusent à 10 ans sur un petit sautoir de neige improvisé, certains irons plus tard jusqu'au sautoir de 70 mètres et pour la pépite du haut niveau ,  le sautoir mythique des 90 mètres. Au contact de cette jeunesse bouillonnante , l'héritage olympique se transmet par un vivre ensemble dans le goût de la neige, de la glisse, du pays. Je suis sensible à cette transmission très caractéristique de  ce milieu montagnard loin de nos zones urbaines. Mon père a été ouvreur de piste  de ski de fond en 1968 à Autrans, j'ai été étudiant dans les années 78 à Grenobel et découvert Autrans avec ses courses universitaires endiablées, et en 2018,  j'y suis retourné  avec mon fils. Le goût de ces paysages nordiques, du silence des sapins, du bruit très particulier des skis en skating ( pas de patineur) n'a pas de prix.

Transmettre un héritage, c'est aussi, de mon  point de vue,  transmettre une manière de goûter un environnement, de s'y adapter, et de se l'approprier dans le respect des lieux. L'olympisme des temps modernes mériterait de retrouver  ces racines : transmettre des valeurs incarnées au delà de victoires et de défaites qui font le lot des champions. Rendez vous dans 50 ans à PyeongChang (1) !

(1) ville de Corée du Sud, à l'Est de Séoul, qui accueille pour la première fois en 2018 les jeux olympiques d'hiver.

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DIALOGUER AVEC SA PEUR POUR EN SORTIR !

10 Février 2018 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #psychologie positive

Dialoguer avec sa peur ?! Quelle idée incongrue !

Quand quelqu'un éprouve une peur, paralysante, envahissante, obsédante qui lui noue la gorge, crée de la tension dans le cou, le ventre , met le cœur en état d'alerte, il n'a souvent qu'une idée en tête : la fuir. Si cette émotion a sa grande utilité pour nous prévenir d'un danger immédiat ( c'est sa fonction originelle liée à notre préhistoire d'homme des cavernes),  comme la vision d'un véhicule qui ne nous a pas vu traverser un passage piéton. Le réflexe de peur nous fait retirer instinctivement le pied in extrémis et nous évite d'être percuté et blessé.

Mais le grand Mais à l'âge de la révolution numérique, de l'intelligence artificielle, d'un monde dit moderne  est le constat que beaucoup de nos peurs sont alimentées par un cerveau mental en ébullition permanente qui peut fabriquer très vite des scénari catastrophes... qui ne se dérouleront jamais ! Peur de ne pas être à la hauteur d'un nouveau job,  de perdre un emploi, peur de ne pas pouvoir rembourser un emprunt, peur avant une réunion qui s'annonce difficile, peur d'être découvert dans sa fragilité, peur de vieillir, peur de certaines maladies etc....toutes rattachées à la racine des peurs : la peur de mourir.

Bonne nouvelle après ce paragraphe qui pourrait "plomber" l'ambiance de l'article. Il existe une autre manière de "traiter la peur" sans médicament ( attention, dans des circonstances de grande fragilité, mieux vaut une consultation médicale et une médication adaptée que s'en remettre à soi-même tout seul). Cette autre manière est remarquablement décrite par Tara Brach, psychologue américaine et professeur de méditation, dans son ouvrage culte : "l'acceptation radicale". Quelle est l'approche proposée ?

Je résumerai cette approche par trois mouvements : se mettre au contact de ses sensations sans les juger; entrer en dialogue avec sa peur; élargir son champ de conscience au delà de la peur. Reprenons tranquillement ces trois mouvements :

Se mettre au contact de ses sensations : "ok, j'ai la gorge nouée, çà gargouille dans le ventre, j'ai des raideurs dans le dos, mon cœur bat vite,..." La méditation peut contribuer à accueillir ces sensations qui n'ont rien d'anormales, elles témoignent de cette émotion que chacun aimerait bien faire disparaitre d'un coup de baguette magique. J'accueille et ainsi je descends un peu plus du mental enfermé dans la cage étroite de la peur.

Entrer en dialogue avec sa peur : c'est d'abord lui envoyer un message direct "Oui,peur "machin", je t'accepte." et l'expérience montre que le ballon bleu de la peur se dégonfle déjà un peu. Et lui poser la question " Qu'est ce qui t'effraie encore, ballon bleu (1) ?". Laisser émerger tout ce qui vient sans tabou ni censure. Si je suis engagé sur un chemin spirituel, je peux "remettre cette peur" à  plus grand que moi, Bouddha, le Christ... . Trouver refuge, retrouver sa source intérieure, retrouver un point d'ancrage pour échapper au torrent d'émotions liées à la peur.

Elargir son champ de conscience . Facile à écrire, pourriez vous objecter. Mais quand chacun est englué dans les méandres d'une peur, cette ouverture est loin d'être naturelle ! A travers,  si besoin, un accompagnement par un thérapeute, une méditation orientée, la respiration peu s'avérer un bon guide. A l’inspire, j'entre en contact avec toutes mes sensations immédiates, je les accueille. A l’expire, je lâche prise et je visualise le ballon bleu de la peur ou les vagues de la peur (1) qui s'éloignent dans l'univers ou l'océan.  J'aime bien la manière dont Tara formule ce final accessible dans un travail avec soi dans le temps : "Ainsi l'énergie ne finira-t-elle pas ensevelie, vouée à pourrir. Au lieu de fortifier en vous le moi craintif qui cherche à fuir l'existence, vous gagnez toujours plus en confiance. Vous vous sentez plus vivant que jamais."

Oser tester, expérimenter. Et si la peur machin, truc, ou bidule était une forme de cadeau caché ? Comment ? En considérant que chaque "voyage avec sa peur" à travers ces trois mouvements est une occasion de transformation et de libération intérieure.

 

(1) en nommant "ballon bleu" ou vagues, c'est une manière de donner un visage à quelque chose d'informel, d'émotionnellement diffus. L'humour est un ingrédient accélérateur dans ce dialogue.

 

 

 

 

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