TOUT LE MONDE DEBOUT !
Non, ce n'est pas un ordre militaire donné à des soldats tirés du lit tôt le matin pour faire un exercice. Ce n'est pas non plus un slogan d'un parti politique ou d'un syndicat professionnel. Ce pourrait être un appel au réveil d'une nouvelle conscience en émergence dans la société civile.Levons le voile : c'est le titre du premier film réalisé par notre humoriste , Franck Dubosc, l'homme au regard malicieux derrière de beaux yeux bleus sur un nez aiguisé.

Et bien, même si je ne me reconnais pas un fan de l'humoriste Franck Dubosc, il m'a bien scotché dans cette comédie romantique sur fond de confrontation à notre rapport au mensonge et au handicap physique. Si les anglais avaient depuis quelques années la "beautiful" comédie romantique et pétillante avec "coup de foudre à Nothing Hill ", menée par le duo de charme Julia Roberts et Hugh Grant, nous avons maintenant un nouveau duo romantique bien de chez nous avec Alexandra Lamy et Franck Dubosc.
Qu'est ce qui fait le charme de bout en bout de ce film ? D'abord, des scènes tout à fait inattendues comme un certain repas en tête à tête qui se termine sous l'eau ( chut, je ne peux plus en dévoiler...), des dialogues de dupes entre un homme qui veut séduire avec un mensonge qui l'enferme petit à petit vers une impasse et une femme très lucide qui a gardé, sur son fauteuil roulant, toute la fraîcheur, l'enthousiasme, pour assumer son handicap et le dépasser. Les scènes de concert et de sport , rythmées par la musique classique offrent un beau mariage coloré de sons et de lumière pour nous interroger sur un personnage finalement coincé dans un mensonge permanent dont il ne sait plus comment se défaire. Et là, la fable émeut au plus profond car le miroir nous est tendu, séquence après séquence. Je pense notamment à la phrase lâchée par le frère de Jocelyn, cet homme riche, nonchalant, menteur, incarné par Franck Dubosc : " Ton problème, c'est que tu ne t'es jamais aimé ! "
Et pour accomplir ce chemin de l'acceptation de lui-même, Jocelyn devra vivre de dures confrontations , y compris avec son ami médecin, Max, faire des kilomètres en Ferrari rouge pour un incroyable acte de pardon et souffrir dans son corps et son âme. Ouf, il évite le purgatoire ! Et si derrière la fable romantique, se cachait la question d'oser accepter son milieu d'origine, ses failles, remettre en cause son EGO surdimensionné.
Etre debout, homme ou femme debout est bien plus qu'une posture physique, c'est une posture intérieure. Laisser mourir le personnage, comme dirait Guy Corneau (1) pour faire advenir l'homme nouveau, l'homme qui accepte toutes ses parties intérieures, les parties claires,ensoleillées comme les parties plus sombres, celles que l'on voudrait laisser au grenier du passé. Etre debout, c'est porter ses forces comme ses faiblesses sans se cacher dans le déni de soi.
(1) Guy Corneau, psychanalyste québécois d'inspiration jungienne. Voir article sur ce blog :
le personnage est mort... Guy Corneau nous a quittés.
Une journée EXTRA ordinaire sous la neige !

Tout avait commencé presque ordinairement en ce 28 février 2018. Juste, un peu d'étonnement avec une légère giboulée de neige flottante en matinée qui allait disparaitre rapidement dans une ville méditerranéenne comme Montpellier. J'avais pris date ce jour d'un rendez vous avec un des grands spécialistes mondiaux des arbres, Francis Hallé. Par courtoisie, je l'appelle vers 9h pour envisager de reporter notre rendez vous concernant une visite des arbres fragilisés du parc de l'établissement dans lequel je travaille. Mais l'homme ( plus de 70 ans) habitué aux aventures aux quatre coins du monde -il revenait des forêts du Congo- me confirme qu'il viendra sans souci. A 10 heures , contre toute prévision, la neige continue de tomber drue et le parc de mon établissement ressemble à un domaine nordique du Québec , avec l'exception d'arbres méditerranéens comme les micocouliers recouverts de neige. Sous la neige, nous effectuons un parcours des arbres et Francis Hallé de préciser tranquillement : " La neige,ça ne gêne pas, pour les arbres". Compte tenu de routes enneigées dans Montpellier , il était venu ...à pied depuis chez lui. Chapeau bas !
Episode 2. La neige continue de tomber, ne fond pas et Montpellier pourrait devenir une nouvelle capitale nordique. La circulation se bloque partout dans une ville qui ne dispose pas de moyens spécifiques de déneigement comme une station alpine. Une vingtaine de personnes sont bloquées sur l'établissement et nous organisons, grâce aux chambres libres des internes sportifs pendant cette période de vacances scolaires, un accueil d'urgence pour nourrir et héberger ce petit monde. Au réfectoire, avec l'effet "euphorisant" de la neige inattendue, l'ambiance reste bon enfant et les jeunes sportifs auraient même envie de faire la fête. Et là, tout s'enchaine vite pour moi. Dans l'espace d'une heure, je réalise une première séance de coaching prévue car la personne, cadre est venue à pied sous la neige (signe positif de détermination). Dans la foulée, un appel SOS d'un couple ami qui arrive à la gare et qui m'annonce que tous les hôtels sont complets, que le tram ne fonctionne plus et que je propose d'héberger . De la Martinique, un appel inattendu d'une personne que je coache "à distance" pour lequel je n'avais plus de nouvelle et qui m'annonce qu'il "ressort" d'une hospitalisation de plus de 2 mois. Bref, une avalanche à gérer d'un coup. Pourtant, tout va rester fluide jusqu'au bout !
Fin de partie. Dans une ville recouverte de neige qui devient fondante, je vais chercher Christiane et Eric à la gare. Et nous effectuons une traversée de Montpellier, de la place de la Comédie en remontant vers le Peyrou jusqu'au quartier du stade Philippidès avec des visions insolites. Là, des jeunes "snippers" entament une bataille de boules de neige et nous épargnent gentillement. Un skieur en skis alpins déboule tracté par un véhicule, heureux de skier en pleine nuit. Plus loin, un groupe de jeunes qui tente de sortir un véhicule avec pneu crevé d'un bourbier neigeux. Petit coup de main au passage. Enfin, mes hôtes inattendus poussent un grand soupir de soulagement en arrivant dans une chambre chaude après avoir laissé, comme des trappeurs en Alaska, leurs traces dans la neige du parc pour arriver à la résidence.
Que retenir de cette journée blanche ? Un sentiment de grande présence à l'instant et aux autres pour trouver les solutions les plus adaptées dans un contexte inattendu. Un rapprochement aussi avec quelques personnels un peu "abattus moralement" de devoir rester sur leur lieu de travail. L'humour est une belle arme pour relativiser une situation qui ne fait aucune victime. Bref, une journée qui me rappelle que la nature est première et que l'homme est un animal, certes douée de conscience, mais davantage pour s'y adapter que pour y combattre. Et puis, en franc comtois, la neige réveille en moi cet adolescent qui n'hésitait pas à skier seul dans une forêt immense de sapins et d'épicés du jura, la forêt de la Joux
...avec un grand père qui venait me rechercher en "2 chevaux" à une heure prévue avant que la nuit tombe. Et si cet enfant intérieur avait été réveillé de son sommeil d'adulte pas la neige inattendue au cœur d'une ville méditerranéenne ?