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Le blog de Michel BERNARD

20 ans pour changer le monde

26 Avril 2018 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #films

La première scène se passe de commentaire. Un groupe de personnes dans un champ observe une coupe de terrain sur environ 1 mètre de profondeur . Constat accablant : le sous sol est devenir dur comme un cailloux , impropre à la culture, seule la couche supérieure semble encore exploitable. Oui, en France, 60% des terres agricoles sont considérées comme mortes suite à une surexploitation de l'agriculture industrielle et chimique. De quoi parlons nous ?

D'un film documentaire qui ouvre le regard sans complaisance, ni violence sur l'enjeu du passage d'une agriculture industrielle, chimique à une agriculture plus vertueuse, sans produits phytosanitaires, respectueuse et protectrice de la terre. Son titre : on a 20 ans pour changer le monde.

J'ai presque envie de renchérir : 20 ans, est ce si sûr ? Peut être moins... L'alarme de ce film, après d'autres, sonne juste. Il ne s'agit pas de condamner ceux qui n'ont connu après guerre que l'exploitation à coup d'engrais de la terre dans une période qualifiées par les historiens des trente glorieuses : 1945 à 1975 avant le choc pétrolier. Où est la la gloire d'une période de consommation sans limite ? Une autre scène montre, au milieu d'un champ l'échange entre un agriculteur traditionnel et des membres de "Fermes d'avenir" (1) qui témoignent de la nécessité de changer de mode de culture. Sans pression, sans jugement. Avec des arguments en termes de rentabilité durable par unité de surface et de protection du bien le plus précieux pour un agriculteur : la terre.

Un personnage tout en énergie, en détermination traverse ce film, entre rencontre avec des agriculteurs "traditionnels", inauguration d'une ferme d'avenir, visite d'un futur lieu, ancienne base  aérienne militaire, qui deviendra une grande ferme agrobiologique avec un vaste terrain jusqu'au bureau du Ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot. Il s'appelle Maxime De Rostolan et est un des pionniers fondateurs de "Fermes d'avenir", vaste mouvement citoyen visant à créer des espaces de culture respectant un code de conduite pour ne pas saturer la terre et produire des fruits et légumes de qualité nutritionnelle.

Autre scène savoureuse : la venue d'un grand cuisinier parisien goûtant des légumes  issus d'un sol "épuré" et s'enthousiasmant du goût au palais.

En quittant la salle de cinéma, j'étais tout retourné, comme une terre sainement labourée, par le bel élan de ce groupe d'hommes et de femmes militants avec passion et détermination sans jouer, ni les donneurs de leçon, ni les provocateurs violents. Juste une pétition remise au bon moment au Ministre de l'agriculture qui réagit avec humour. Oui,  entre un monde hors sol, amnésique sur les blessures durables infligées à notre mère la Terre et un monde où l'homme retrouve sa noblesse en prenant soin d'elle, Oui, la transition semble vraiment possible.

Un rayon de lumière, d'espérance à travers ce film bien rythmé et dense a jailli et c'est bon.

(1) fermesdavenir.org

 

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Maudire ou bénir la SNCF et ses cheminots ?

3 Avril 2018 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

Les syndicats employés de la SNCF promettent trois mois de grève dite perlée d'avril à juin 2018 ( soit 2 jours de grève pour 3 jours de non grève) , autant dire une menace de bras de fer musclé avec le gouvernement pour résister à la réforme du statut historique des cheminots et à la mise en concurrence annoncée. Certes, le droit de grève reste un droit  légitime en France sauf que, dans ce cas précis, j'estime haut et fort qu'il y a un "abus de pouvoir" de la part des syndicats qui prennent véritablement en otage les usagers.

Alors, oui, dans un mouvement réactif, j'aurais spontanément envie de maudire la SNCF et ses syndicats qui jouent trop souvent de ce type de rapport de force au détriment des usagers. Oui, quand on doit chercher pendant plusieurs heures des solutions autres pour revenir de province en passant par Paris en se passant de tout transport ferroviaire. Oui, quand, en tant que grand père, je suis contraint de ramener avec mon épouse ma petite fille de 2 ans par un bus parti de Paris hier soir à 21h 15 pour arriver ce matin à Montpellier vers 8h en passant par les belles villes d'Avignon et de Nîmes. Et en élargissant, j'imagine tous ceux qui travaillent et qui circulent par nécessité par le train, j'imagine aussi des malades tenus de faire des contrôles et devant prendre un train, j'imagine aussi des séniors coincés ici ou là. Bref, les raisons de maudire ne manquent pas.

Pourtant, dans un sursaut de réveil de conscience, et en switchant comme on le dit  en programmation neurolinguistique, j'ai finalement le désir de bénir la SNCF et ses syndicats, et ses cheminots.

Bénir pour nous avoir incités à trouver des astuces de solution inédite, à oser prendre un bus de nuit avec une petite fille de 2 ans. Je bénis aussi la SNCF pour cette aventure inattendue, avec la recherche du point de départ, la gare routière près de l'enceinte de Bercy ( vous connaissez ?), pour débusquer le bon bus où chacun y va de son énergie pour glisser tous ses bagages dans la soute. Je bénis la SNCF pour découvrir comment les 2 arrêts du bus ont été salutaires pour mon dos coincé sur un siège pendant près de 11 heures la nuit !! Oui, je bénis les syndicats  pour m'avoir fait comprendre en une nuit que nous vivons dans un monde SNCF, "Super Nourri et Confort Facile" programmé à l'heure des trains avec un confort dont nous ne mesurons plus très bien la qualité...

Je dois aussi vous confesser, cher lecteur, chère lectrice, que cet acte de bénir n'est pas tout à fait gratuit. En effet, Pierre Pradervand, humaniste, écrivain et homme de grande sagesse suisse, organisateur de stages dénommés "vivre autrement" dans les hauteurs alpestres, a écrit un magnifique texte sur l'art de bénir qui m'est revenu en mémoire. Je vous en livre le début  pour en goûter le sens :

" Au réveil, bénissez votre journée car elle déborde déjà d'une abondance de biens que vos bénédictions font apparaitre. Car bénir signifie reconnaitre le bien infini qui fait partie intégrante de la trame même de l'univers. Il n'attend qu'un signe de nous pour se manifester...."

Et la fin du texte est , de mon point de vue,  la grande leçon de sagesse proposée par Pierre Pradervand :

"Il est impossible de bénir et de juger en même temps. Et par dessus tout, n'oubliez pas de bénir cette personne merveilleuse, totalement  belle dans sa vraie nature, et si digne d'amour que vous êtes."

Ouf ! Bénir la SNCF et ses syndicats m'a donné une grande chance : ne plus les juger !

(1) texte intégral " le simple art de bénir" sur le site de Pierre Pradervand vivreautrement.org

 

 

 

 

 

 

 

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