Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Michel BERNARD

SORTIR DES CONFUSIONS ET RELAVISER LE TEMPS

29 Juillet 2018 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #psychologie positive, #témoignages

"Regardez la concrétion au dessus de vos têtes. La stalactite semble fusionner avec la stalagmite. Regarder plus finement. En fait, il y a encore 2 centimètres qui les sépare. Il faudra environ 100 ans pour que la stalagmite progresse d'un centimètre en hauteur. Donc, elles fusionnerons dans environ 200 ans !" La jeune guide de la grotte de Clamousse, près de Saint Guilhem le Désert nous interpellait sur la relativité du temps. Aucun des touristes présents, ni même les plus jeunes enfants ne pourront voir cette fusion.

Quel contraste entre cette grotte à température constante de 15 degrés sur toute l'année avec notre actualité estivale constituée d'événements sportifs et politiques avec un niveau d'amplification médiatique exorbitant.

Sans porter de  jugement sur les événements médiatisés en cet été de canicule, je relève simplement comment l'émotionnel nous fait vibrer avec un risque de confusion et de disproportion.

L'équipe de France de football a bien remporté la coupe de monde de football le 15 juillet, 20 ans après la victoire historique en 1998 au Stade de France. Délire dans les rues des grandes villes avec des slogans " on a gagné !" accompagnés de drapeaux bleu blanc rouge. Cette fête qui a eu le mérite d'amplifier des émotions positives dans les rues s'est fondée parfois sur une confusion. Aucun français n'a gagné si ce ne sont les joueurs de l'équipe de France en comptant aussi les remplaçants qui reçoivent leur médaille. Ce phénomène d'identification m'apparait complétement excessif. Avons nous vraiment besoin de cette identification-confusion pour oser faire la fête avec nos voisins ?

Un autre exemple se révèle avec l'affaire dite Alexandre Benalla, conseiller de sécurité du président, projeté devant les médias suite à une violence exercée contre un manifestant à l'occasion du défilé du 1er mai à Paris. Une affaire qui surgit comme Zorro au cœur de l'été après la victoire des bleus. Je suis resté scotché par l'ampleur déployée autour de cette affaire : commission d'enquête de l'assemblée nationale,du sénat en plus de l'enquête judiciaire traditionnelle. Quel arsenal avec certains médias qui ont relayé les auditions heure par heure !

Et si, sans nier le fait de violence et le symbolisme rattaché à son auteur et le fait de victoire d'une équipe emblématique, nous apprenions l'art de prendre distance, de relativiser, de redonner du sens à l'essentiel. Dans 200 ans, qui se rappellera la victoire de l'équipe de France ou l'affaire Benalla ? Dans 200 ans, au fond d'une grotte dans l'obscurité et le silence,  devrait s'unir  une stalactite et une stalagmite.

 

Lire la suite

UN ETRANGE BALLON REGARDE PAR DES MILLIONS DE PERSONNES

14 Juillet 2018 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

Beaucoup de personnes, jeunes, anciens, de tous pays, de toutes confessions, de tout milieu socioprofessionnel ont stoppé leur activité durant ces quatre semaines intensives de coupe de monde de football en Russie pour regarder ...un ballon !

A quelques heures de la finale  entre la France et la Croatie ce dimanche 15 juillet, plus de 20 millions de téléspectateurs annoncés sans parler de tous ceux et celles qui se masseront, en hordes exhaltées devant des écrans géants dans les grandes villes pour vibrer avec l'équipe de France. Si un individu  d'une autre planète arrivait ce Dimanche sur notre planète Terre, il aurait sans doute quelques interrogations sur cet étrange engouement derrière un ballon et deux équipes de 11 joueurs. Autrement dit, qu'est ce qui crée un tel phénomène planétaire d'attraction aimantée sur ce ballon ?

Quelques chiffres clés d'abord . Une enquête en 2000 conduite par la FIFA (Fédération Internationale de Football)  qui réuni déjà plus de 200 associations nationales,  comptabilisait plus de 240 millions de pratiquants réguliers  de football dans le monde, soit une personne sur 25 terriens. Cette seule statistique (sans compter tous les pratiquants informels qui tapent du ballon rond occasionnellement) place le football comme sport numéro 1 mondial.

Première explication économique : la FIFA, l'ensemble des sponsors et équipementiers des équipes, les retransmissions TV alimentent un formidable marché économique avec des transferts et des salaires de joueurs exorbitants. Cette véritable industrie mondiale du football entretient le culte via les médias, des objets marchandisés que sont devenus les joueurs ( en notant que cette année, plusieurs joueurs de l'équipe de France apparaissent dans des spots publicitaires très personnalisés...). Certes cette explication séduit car elle a le mérite de montrer le vaste marché économique derrière le monde du football mais elle ne saurait tout expliquer.

Par rapport aux autres sports collectifs comme le rugby, le handball, le basket et le volley, qu'est ce qui contribue à la première place du foot  en termes de pratique sportive notamment en Europe  et au sein de pays d'Amérique du Sud comme le Brésil ou l'Argentine ? J'ose avancer plusieurs éléments qui se combinent  pour fabriquer une attractivité très puissante :

- les techniques de gestion du ballon (déplacement, dribble, jeu de tête, duel de deux joueurs sur un ballon , tir au pénalty, tir en corner...) offrent une multiplicité de situations qui , à un haut niveau de jeu comme une coupe du monde  de football, séduisent le spectateur y compris ceux qui ne sont pas des passionnés innés du ballon rond.

- les médias, par l'amplification des commentaires sur les joueurs, contribuent à favoriser des fortes identifications nationales. Si l'équipe de France gagne aujourd'hui, c'est tout Français qui se sentira vainqueur avec son équipe. Les messages (spontanés ou téléguidés ?) de joueurs sur l'attachement à la patrie ces derniers jours jouent favorablement sur ce registre "cocorico".

- et finalement, je me demande si la simplicité des règles du jeu n'est pas un ingrédient discriminant par rapport à d'autres sports collectifs : deux équipes, deux gardiens , un ballon avec la règle de l'équipe vainqueur qui met le plus de ballons dans les filets des cages adverses. A souligner aussi un rapport à l'espace de jeu magique. Le terrain de football est ( à l'exception d'un terrain de base ball très particulier avec des règles peu explicites pour un non initié) le plus grand terrain de sport collectif. 105 mètres de longueur pour 68 mètres de largeur , c'est la norme pour les compétitions de niveau international.

Enfin, j'aimerais conclure cet article par cet objet  qui traverse l'histoire du football depuis son origine au XIXème siècle en Angleterre : un ballon rond. Un ballon qui fait l'objet d'une véritable homologation avec un diamètre de 22 cm, un poids compris entre 400 et 450 gr et une pression spécifique. Un objet qui fait tourner la tête de millions de personnes dans le monde, pour ne pas dire de milliards de téléspectateurs à l'occasion d'une coupe du monde. Et pourtant , ce ballon laissé au milieu d'un stade a peu d'intérêt. Mais les meilleurs artistes du football par leur gestuelle, leur adresse, leur rapidité offrent ce spectacle unique d'un ballon qui circule , nous surprend, nous éblouie, nous fait vibrer d'une émotion non contrôlée quand il rentre dans les cages de l'équipe adverse !

Ce ballon offre aussi une manière , dans une enceinte sportive de plus de 80 000 spectateurs, de créer des communions humaines solidaires quand le débordement est maitrisé. Faire la ola en levant les bras au stade de France, c'est comme se laisser soulever par une vague déferlante qui vous prend et vous emporte. Étrange ballon qui peut faire oublier pour des populations, le temps d'un match de 90 minutes, la réalité de la vie pour rêver, s'enthousiasmer, s'émouvoir, se crisper, ou encore exulter après une victoire. Un ballon qui nourrit des émotions de toutes les couleurs.

 

Lire la suite

Ce qui me gratte chez les autres qui m'agaçent

7 Juillet 2018 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

Toujours cette  manière de provoquer l'autre dans une réunion ! Lui, il cherche vraiment la petite bête quand quelqu'un présente un projet même si celui-ci apparait déjà bien clarifié ! Et elle, n'en parlons pas,  toujours à vouloir se mettre en valeur même si elle n'a pas fait grand chose...Et ces deux là qui jouent systématiquement un rapport de force pour emporter le morceau dans une négociation; et lui qui critique un autre absent avec ironie devant son auditoire pour se placer au dessus du lot . Bref, vous avez sans doute vécu parfois, souvent, ou quotidiennement, ces attitudes qui provoquent en vous un sentiment d’agacement, un soupir de "encore"...sans forcément trouver la parade juste ou même sans chercher à parer tellement vous êtes las de ces manières de faire. En cette période où j'entends les cigales envahir l'espace sonore,( elles aussi pourraient m’agacer par ce bruit constant..), allons jeter un coup d’œil sur ce fond d’agacement qui nous touche souvent plus que nous l'imaginons.

Un exemple concret pour illustrer que l'agacement peut nous servir de révélateur miroir. J'ai eu l'occasion récente de vivre en tant que participant une journée de formation relative à un perfectionnement concernant un outil informatique . Je m'attendais à une approche pratique centrée sur l'outil avec des mises en situations immédiates. Or, la formatrice a d'abord effectué un tour de table qui a duré plus d'une heure 30 avec 9 participants puis a passé une bonne partie de la première demi journée à nous convaincre qu'il était important de comprendre le sens de l'outil avant de l'utiliser...Ainsi, j'ai nourri très rapidement au fond de moi un fort agacement sur cette insistance à nous convaincre alors que j'attendais de la pratique et non du discours.

Premier miroir  en prenant appui sur les besoins ( cf Communication non violente de Marshall Rosenberg) : j'avais un besoin d'expérimenter l'outil, de le tester et la formatrice n'a pas répondu à ce besoin et a crée en moi de la frustration. Rassurez vous, j'ai exprimé ce message en fin de matinée et l'après midi a donné lieu à un début de mise en pratique. Deuxième niveau de miroir : sa posture de formatrice heurte fondamentalement la mienne . En effet, quand j'anime une formation, je passe un temps  raisonnable à créer surtout l'inclusion du groupe en tant que formateur ( en évitant un questionnement de fond qui peut apparaitre inquisiteur) et ensuite j'amène immédiatement chacun à se positionner dans un exercice ou encore un questionnaire d'auto diagnostic, type quiz. Or, j'avais en face de moi quelqu'un qui exprimait tout l'inverse ! Mais il existe aussi un troisième miroir : celui que je peux retourner sur moi-même. Qu'est ce que cet agacement durable dit de moi par rapport à moi ? Et, après un peu de prise de distance, je reconnais que j'avais du mal à contenir mon impatience pour exprimer , de manière diplomatique, à la formatrice que j'avais vraiment le désir de pratiquer l'outil, connaissant déjà une grande partie de son discours.Le troisième miroir m'a confirmé qu'il me reste encore à travailler sur la patience pour choisir le moment opportun pour exprimer une demande qui ait le maximum de chance d'être entendue et prise en considération.

Aussi, petit exercice à vous recommander chaque fois qu'un comportement de lui ou d'elle crée en vous un sentiment d'agacement qui "gratte" votre ego, prenez le temps de regarder avec vos  trois miroirs :

- le miroir de vos besoins : quel(s) besoin(s) est (sont) insatisfait (s) ou en souffrance ?

- en quoi le comportement de l'autre me renvoie au mien ? Opposition, similitude ?

- le miroir de moi avec moi : que révèle cet agacement de mes limites actuelles ?

Et surtout, prenez cet exercice comme un jeu où vous mettez davantage aux commandes la conscience  que l'égo tourné vers son petit ou gros nombril. Et si, en pratiquant cet exercice de miroir, votre regard changeait sur les personnes sources de votre agacement.  A la fin de la journée de formation, j'ai eu l'occasion d'exprimer (le groupe ayant quitté la salle) de manière directe et authentique cette frustration et j'ai perçu en cette formatrice dotée d'une belle énergie, une personne en capacité d'entendre et qui m'exprimait qu'elle avait eu un besoin de prendre confiance avec un groupe nouveau justifiant ce temps long de mise en route du matin...

Lire la suite