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Le blog de Michel BERNARD

Accompagner en pleine conscience

20 Novembre 2018 , Rédigé par Michel BERNARD

"Coacher et accompagner en pleine conscience", tel est le titre ambitieux de l'ouvrage de Céline Levita, coach  expérimentée et pratiquant depuis dix ans la méditation de pleine conscience ou mindfulness.

Pourtant, à la lecture des chapitres structurés autour de 5 piliers d'une posture juste, j'ai goûté l'humilité et la rigueur méthodologique de l'auteur. Encouragée par ses examinateurs et ses pairs à passer d'une soutenance à HEC concernant le coaching et la méditation à un ouvrage destiné aux coachs, aux thérapeutes ou tout professionnel de la relation d'aide, elle réussit à dépasser une simple synthèse reliant coaching et méditation. En fait, elle nous guide sur un chemin que nous pourrions croire bien connaitre quand nous sommes coachs et méditants. En effet,  elle trouve les mots justes pour redire dans un langage précis que ce n'est pas une question de connaissance mais d'expérience vécue et nous encourage à tester, pratiquer comme avec la pastille en fin de plusieurs chapitres, "1 minute chrono". Parmi les 5 piliers, la présence attentive, l'accueil inconditionnel bienveillant et non jugeant, le détachement de soi ou le désengagement de l'ego, l'ouverture et l'intelligence émotionnelle, je me suis attardé sur le deuxième. Avec beaucoup de finesse, sans nous culpabiliser dans notre petit égo, elle clarifie les pièges de l'ego à travers sa tendance à vouloir tout contrôler, sa compulsion à faire pour exister ou encore notre dépendance au circuit de la récompenses. Et j'ai apprécié qu'elle livre quelques exemples de situation de coaching où un coach reste trop centré sur une technique de détente ( la cohérence cardiaque) et entend tardivement la demande du client de vouloir bouger car pris dans son petit égo d'aller au bout de l'exercice dans son protocole de base. Elle montre ainsi tous nos conditionnements et nos programmes automatiques notamment liés à des réaction émotionnelles.

Question phare en fin d'ouvrage : en quoi la méditation peut-elle apporter un 'plus" à l'accompagnant ?

La réponse se centre sur un mot cher à Céline Levita, la posture juste ou encore ajustée à la personne, au client. En particulier, "accueillir inconditionnellement ce qui est en train de se passer" sans tout de suite plaquer du mental( analyse, critique...) est une attitude aidante pour l'accompagnant rejoignant la posture de laisser passer pensées et émotions dans une méditation silencieuse sans juger, sans contrôler. Et elle suggère un bilan de séance sur trois niveaux : la tête, le cœur et le corps. Concrètement, poser un questionnement bienveillant avec soi-même :

- la tête : comment est mon mental, paisible, agité ? ai-je une posture juste ?...

- le cœur : quel est mon état interne ? De quel besoin non satisfait  est-il l'expression ?...

- le corps : comment est-ce que je me sens ? Plein d'énergie ? Epuisé ?...Que doit-je faire pour me sentir plus à l'aise la prochaine fois ?

La méditation de pleine conscience aide à développer notre observateur intérieur dans l'ici et maintenant et peut ainsi nous permettre de prendre conscience de "dérapages" ( déconnexion mentale avec la personne accompagnée, critique dans sa tête, etc..) et de revenir...à une posture juste.

Pour ma part coach et pratiquant de méditation, je me sens pleinement rejoint par le cheminement structurant et ouvert proposé par Céline Levita. Mon grain de sel serait de dire que la posture juste n'existe pas. C'est une quête permanente, sans chercher la perfection, d'ajustement  à la personne accompagnée ici et maintenant, en renonçant à  une intention spécifique. Et dans ce sens, le méditant qui cultive le goût du silence intérieur pourra mettre cette disposition intérieure au service de l'accompagné et laisser sereinement du champ au silence, nourriture de l'être.

Comme l'écrit poétiquement avec humilité Céline Levita, "ce livre est un partage de mon propre chemin" et " je ne prétends pas détenir de vérité, je parle d'où j'en suis et de ma propre expérience." et " ce livre n'est qu'une invitation à un voyage".

Oui, un beau voyage guidé, ouvert, interpellant dans la douceur.

 

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Le grand bain...ou comment émerger !

4 Novembre 2018 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #films

Ils sont 8 quadragénaires plus ou moins tétanisés au bord de la piscine avant le premier entrainement de natation synchronisée masculine coachée par une jeune femme blonde, Delphine  à priori forte en autorité et sûre d'elle-même. Ils , ce sont des losers vus de l'extérieur, des hommes qui n'ont pas trouvé leur marque dans notre société de la performance, de la réussite à tout prix. Le film "Le grand bain" est un beau miroir fort en émotions de ces hommes fragilisés par l'échec professionnel et le regard de leur environnement. L'enjeu pour chacun, au delà de plonger dans une piscine, de se soumettre à un entraînement de plus en plus exigeant, est bien d'émerger de son état de vie enlisé dans la dépression, la non reconnaissance, ou encore sous l'emprise  d'une mère tyrannique et perverse.

Sans dévoiler tous les soubresauts de ce film rythmé entre rires et larmes, jusqu'au championnat du monde de natation synchronisée en Norvège, je tiens à en partager quelques enseignements de vie habilement distillés derrière ces personnages qui nous attirent dans leur incertitude, leur pathologie et finalement leur authenticité. Parmi eux, Bertrand (joué par Mathieu Amalric) est en dépression depuis deux ans. Extrait du premier contact entre Bertrand et Delphine, la coach :

-Pour être dans cette équipe, il faut allier la volonté, la grâce, le rythme et une grande hygiène de vie. Tu t'en sens capable de çà ? ..Tu sais nager au moins ?

- Oui, pas mal...Enfin...répond avec tâtonnement Bertrand

- C'est bon. T'es dans l'équipe ! conclut Delphine.

C'est par la reconnaissance de ce qu'il est que le premier pas est franchi. Il est pris tel quel sans qu'on lui fasse passer un test qui pourrait encore le mettre en échec. Et la manière dont il appuie sur les pédales pour se rendre aux entrainements en soirée témoignent d'un retour d'une motivation pour quelqu'un qui passait jusque là, ses journées chez lui, allongé sur la banquette en jouant avec son smartphone.

Leçon deux : le groupe se retrouve régulièrement dans le vestiaire de la piscine qui devient un lieu rituel où chacun peut partager (quand il le souhaite) son histoire de vie avec une règle que le groupe semble s'être donnée et rappelé par l'un deux s'il y a dérapage "on ne juge pas l'autre ". Ainsi, le groupe s'offre un espace de parole, de reconnaissance de ce qui n'est pas acceptable dans la société du dehors.

Enfin, la coach, Delphine sera remplacée provisoirement , suite à une défaillance personnelle, par une autre coach, Amanda , qui va les diriger depuis son fauteuil roulant au bord de la piscine. C'est le passage d'une autorité soft à une autorité plus virile . "Si vous voulez aller au championnat du monde, il va falloir changer de rythme et aller au bout de vous-même" leur lance t'elle presque en colère devant leur mollesse. C'est comme si ces hommes passaient des mains d'une maman protectrice (Delphine) à la poigne de fer d'un papa exigeant ( Amanda) et le tout dans une visée de les aider à retrouver leur fierté d'homme.

Belle leçon de vie jusqu'à cette scène inoubliable où le groupe avec ses deux coachs femmes , à l'issue du championnat du monde, sort du bus pour aller observer l'aube et le lever du soleil dans la campagne. Ils ne sont plus tristes, plus coincés, ils goûtent cet instant magique...signe de renaissance : le soleil les sort de la nuit !

Comment sortir de la spirale descendante de la fragilisation sociale ? La réponse suggérée par Gilles Lellouche, le réalisateur, passe par la force du groupe, le soutien d'adultes exigeants et aimants (coachs) et un défi qui va obliger chacun à puiser dans ses ressources. Et c'est beau à voir, comme la dernière chorégraphie du championnat du Monde  avec une équipe de France composée de ces 8 hommes "reboostés" arrivant sur le bord de l'eau dans une tenue capuche noire sur la tête. Chut sur la suite époustouflante ! On rêverait même que la natation synchronisée pour hommes redevienne une  discipline sportive olympique. ! (1)

(1) au début du XXème siècle, la natation synchronisée pour hommes existait. Après la deuxième guerre mondiale, elle a été supplanté en notoriété par la natation synchronisée féminine devenue olympique en 1984. Actuellement, sont reconnues  la natation synchronisée féminine et la natation mixte en duo homme-femme.

 

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