Après l'incendie de Notre Dame de Paris, que reste t-il ?
Tous hébétés devant ce drame lundi 15 avril de Paris touché en plein cœur , sur l'île de la cité, avec l'embrasement nocturne de Notre Dame , un toit en bois qui s'effondre et une flèche qui tombe...et un air de catastrophe du 11 septembre 2001 pas loin dans les esprits. Beaucoup de commentaires dans les médias et même d'hommes politiques les plus divers. La cathédrale ne laisse personne indifférent, elle touche notre humanité profonde.

Que retenir de toute cette montée en puissance médiatique ? les 750 millions de dons publics et privés réunis en moins de 2 jours ? L'engagement du président de la république, Emmanuel Macron de reconstruire en moins de 7 ans ? ou encore, tous ces visages en souffrance, en pleurs, en tristesse tournés vers la cathédrale en flammes ?
Pour ma part, j'ai le désir de conserver deux images qui s'interpellent : la chute dans la fumée et les flammes mêlées de la flèche et le lendemain, la croix restée telle qu'elle derrière l'autel et un amas de débris tombés du toit : droite, digne et seule. Et si ces deux images fortes en émotions nous renvoyaient en miroir notre condition humaine sur terre. Trop haut , trop lointain, nous risquons la chute par trop d'ego, trop d'individualisme. Tout peut se détruire en une nuit, mais ce qui nous reste , c'est notre intériorité même si elle est encombrée de détritus, d'encombrants. Elle est libérée par la croix. Devant cette flèche qui tombe et cette croix qui résiste à la destruction, j'ai une pensée pour une des saintes les plus populaires de notre monde moderne , morte très jeune à 24 ans après 9 ans de vie monastique . Il s'agit de la petite Thérèse de Lisieux qui a vécu une vie spirituelle intensive, dans la souffrance de la maladie ( elle est morte de la tuberculose) mais dans une Espérance totale. Imaginons la petite Thérèse devant ce drame de Notre Dame, quel message pourrait-elle nous communiquer ?
Gardons nous de jouer les tout puissants. Prions pour que la destruction de Notre Dame de Paris réveille les consciences endormies quelle que soit la culture de chacun. Et puis, si Dieu le veut, elle sera reconstruite encore plus belle ! Patientons, la construction de la première cathédrale a commencé en 1167 et s'est terminée au XIV ème siècle, soit près de 200 ans plus tard.
Et si pour une fois, sans tomber dans le syndrome de l'après 11 septembre pour des américains voulant montrer leur toute puissance avec une tour nouvelle encore plus haute que les deux tours jumelles détruites, nous donnions le symbole de la simplicité, de la pauvreté dans la beauté sobre ?
Et si la flèche n'était pas remplacée, si le chantier mettait surtout en valeur le travail des futurs ouvriers avec un esprit coopératif ? Et si cette cathédrale du XXIème siècle devenait le symbole d'une intelligence collective ouverte à la différence des cultures et des croyances ?
Les contrariétés, source d'enseignement
Winston Churchill a laissé cette belle citation qui fait partie de mon top ten des citations :
"Le pessimiste voit dans chaque opportunité une difficulté,
l'optimiste voit dans chaque difficulté une opportunité".
Je rajouterais volontiers une troisième phrase s'inspirant de l'élan optimiste : l'optimiste voit dans chaque contrariété une opportunité.

En effet, je constate chez moi, deux attitudes qui ne font pas bon ménage.
Je veux évoquer toute sorte de contrariété, un rendez vous qui se fait attendre avec beaucoup de retard, un meuble attendu qui n'arrive pas et qui bloque l'aménagement d'une pièce, ou encore un mal de dos, suite à un déménagement, qui me limite en activité sportive, ou tout simplement un non non prévu à une demande légitime dans un cadre professionnel ou amical. Premier réflexe "originel" : crispation et impatience de ne pas avoir satisfaction sur quelque chose d'attendu, presque comme un dû.
Depuis quelques semaines, j'expérimente une autre regard sur la contrariété et je l'interroge en direct : " Contrariété, que m'apporte tu comme opportunité, comme élément positif au-delà des apparences ?". Et là, c'est déjà un déplacement de perspective.
Je vous partage deux exemples récents. J'arrive trop tard en fin de journée ( après une journée professionnelle dense) pour un achat prévu dans un magasin de meubles. Il est 18h 58 et le magasin a déjà fermé ses portes avec une fermeture officielle à 19h. Gâchis de temps, de déplacement...mais j'ai l'occasion de revenir à la voiture et de prendre le temps d'écouter à la radio une belle interview du rappeur, compositeur et écrivain Abd Al Malik très engagé dans le combat social des quartiers et très reconnaissant à ce qu'il doit à sa mère qui l'a élevé seule et lui a forgé une "colonne vertébrale" solide. Beau moment de communion avec un artiste que je découvre réellement dont je partage le même idéal même si je ne rappe pas ! Autre contrariété. Suite à un changement professionnel récent, je me retrouve dans un nouvel environnement à Montpellier au sein d'un service public. Or, à Paris dans un premier déplacement, doté d'un nouvel ordinateur, celui ci se se met au noir alors que j'ai un diaporama installé pour le lendemain prévu en conférence. Je réussis à communiquer avec un disque dur externe un diaporama aux organisateurs du séminaire national. Et comble de panne informatique, la projection ne fonctionne pas alors qu'elle avait bien fonctionné toute la matinée ! Dans un autre temps, je me serais crispé, agacé, décomposé en face de cette "satanée technologie trop fragile". Mais là, j'ai changé mon fusil d'épaule et quand j'ai constaté que les images ne passaient pas , j'ai exprimé devant les 50 personnes présentes : " Ce n'est pas grave, je vais vous exposer le sujet sans diaporama !". Ce fut l'opportunité d'exposer en direct et pour une fois sans le support devenu souvent systémique du diaporama power point. Et le résultat fut plutôt concluant d'autant que la plupart des participants connaissaient déjà une partie du sujet !
Qu'est ce que cela change au fond ? En apparence, moins de crispation, moins d'énergie gaspillée et surtout une ouverture sur des "cadeaux" du présent, des occasions de capter autre chose ou encore d'oser autre chose.
Une confidence aussi au lecteur, lectrice du blog. Je suis un peu contrarié de ne pas avoir produit au moins un deuxième article en mars car c'est le rythme que je me suis donné : au moins 2 articles publiés sur mon blog par mois. Que m'enseigne cette contrariété ? Peut être accepter ma limite du moment liée à des contraintes de déménagement et de réadaptation au poste.
Oui, la contrariété est vraiment , si nous la retournons, une source de questionnement, d'enseignement et peut finalement nous rendre service. Elle se marie bien aussi avec l'accueil de ce qui se vit ici et maintenant que je n'ai pas choisi ...Il ne reste plus qu'à le méditer en silence !