N'ayez pas peur, il faut sauver la planète !
D'une entrée magistrale, Willy Rovelli annonce avec sa voix de clairon :" N'ayez pas peur, il faut sauver la planète !".
Entre provocation et interpellation , l'humoriste nous renvoie un beau miroir d'une planète en grand danger pour son avenir : surpopulation, insuffisance des ressources alimentaires, réchauffement climatique, destruction de la biodiversité, réfugiés climatiques, cataclysmes météo de plus en plus fréquents...
Bref, sur un ton convaincu, il annonce froidement que la solution est la réduction des naissances ( à entendre au "3ème degré"). Choquant malgré tout ! Et pourtant, ce choquant résonne déjà un peu dans la tête de jeunes parents qui choisissent de limiter leur progéniture à un enfant...
Ceci étant, secoué par le ton caustique et provocant de l'humoriste, j'ai envie de lui répondre que les deux exhortations de départ sont de fausses pistes.
N'ayez pas peur ne peut que réveiller déjà nos peurs primaires, celle de mourir, celle d'être impuissant devant les risques planétaires à notre porte, etc...
Je lui préfère une autre exhortation ouverte : Oser l'espérance comme le suggère l'ouvrage de l'écophilosophe américaine Joanna Macy, "l'espérance en mouvement" qui nous convie à écrire une autre histoire pour se substituer aux deux scénarios actuellement en cours. Premier scénario : celui du déni de réalité que la plupart des gouvernements utilisent car ils ne prennent pas suffisamment les moyens de faire face à l'urgence écologique. Deuxième scénario : la grande désintégration quand nous sommes paralysés par l'avenir castastrophique que les médias se chargent bien de nous rappeler. Évidemment, ces deux histoires n'ont rien d'enthousiasmant. Il nous revient d'inventer une autre histoire...
"Il faut sauver la planète" , un peu à la manière du film de Steven Spielberg, "il faut sauver le soldat Ryan". Or cet impératif est faux puisqu'à moins de vouloir jouer les sauveurs du monde, nous n'avons aucune obligation. Quel devoir aurait le citoyen pour sauver la planète ? Un devoir de réduire nos consommations dès maintenant comme le suggère l'astrophysicien, Aurélien Barrau (1) ? Un devoir de recycler nos appareils électroménagers (2) ? Un devoir de regarder comment réduire de manière significative notre empreinte écologique ?

Alors, je propose à vous, citoyens lucides, "je pratique le kaizen ".
Kaizen, synonyme de bon changement, ce petit mot d'origine japonaise, renvoie à l'art des petits pas qui a l'avantage de nous rassurer par un questionnement minimaliste comme celui-ci : " En 2020, quel plus petit pas je pourrai faire pour participer activement à cette réduction des consommations, et contribuer à du recyclage ?".
Et bien, Willy Rovelli, et si tu changeait ton message d'appel par :
Oser l'espérance et pratiquer le kaizen ! Certes, c'est moins racoleur et moins spectaculaire. Mais, ce mouvement aujourd'hui, se vit par de plus en plus de citoyens anonymes même s'il ne fait pas la une des médias.
Comme le suggère aussi , à sa manière, le pionnier du premier tour du monde en 2016 avec un avion à énergie avec des panneaux solaires (sans kérosène) le "solar impulse", Bertrand Picard, : " J'ai réalisé ce tour ( avec un autre pilote) non seulement pour un exploit technologique mais pour démontrer que nous pouvons changer de moyen de transport et réduire la pollution..."
(1) auteur de "le plus grand défi de l'histoire de l'humanité"
(2) 2,5 millions de machines à laver sont jetées en déchetterie chaque année en France. Seulement 125 000 sont recyclées !
ALLER DANS LE SENS DE LA VIE
Notre réunion du club des optimistes vient de se terminer. Ce soir, nous avons partagé chacun autour d'un ouvrage qui nous a marqué, qui a eu une résonance particulière avec notre vie. Ainsi sont évoqués " le cœur de cristal" de Frédéric Lenoir, " les sept savoirs nécessaires à l'éducation de l'avenir" d'Edgar Morin; "Ça commence par moi" de Julien Vidal, " la panthère des neiges" de Sylvain Tesson, "l'intelligence des plantes" de Stefano Mancuso et Alessandra Viola," Où cours tu, ne sais tu pas que le ciel est en toi" de Christiane Singer, et "l'espérance en mouvement" de Joanna Macy. Qu'est ce qui fait la convergence de ces ouvrages dont un est un conte, l'autre , une réflexion sur l'éducation, un "pense bête" intelligent et astucieux sur les éco gestes du quotidien, une histoire d"amour et d'observation fine de la nature, une interpellation sur le sens profond de la vie, ou encore le déploiement d'une praxis relative à l'écologie intérieure ? Rien de commun à priori entre des auteurs d'univers varié qui ne se sont probablement pas rencontrés ou de manière fortuite. Et pourtant, quant nous avons pris un peu de distance sur notre partage rappelant pour certains un ouvrage marquant de l'adolescence, il m'a semblé que le trait commun à tous ses ouvrages , c'est l'amour de la vie, de la vitalité dans toutes ses dimensions. A l'ère de l’anthropocène où les rythmes de vie sont de plus en plus conditionnés par la technologie digitale numérique (omniprésence ou omnipotence du smartphone au bureau, dans la rue et même sur un vélo), où la terre crie souterrainement sa souffrance d'une maltraitance galopante, nous pouvons choisir d'aller dans le sens de la vie, la vie connectée à notre intériorité, à la nature, à la recherche d'un sens profond qui échappe aux médias et aux pouvoirs institutionnels.

Cette vie sur terre, si elle était rapportée à une valeur temps de 24 heures par rapport à une planète Terre née il y a environ quatre virgule cinq milliards d'années, nous indique que les premiers organismes multicellulaires sont apparus entre 18h et 19h, les singes 2 minutes avant minuit...et l'homme, l'homo sapiens 5 secondes avant la fin des 24h ! Nous sommes issus du monde des êtres vivants, nous sommes la dernière chaîne du vivant. Aller dans le sens de la vie, c'est se souvenir émotionnellement que nous sommes constitués de tout ce vivant avant nous. La nature est en quelque sorte aussi en nous.
Comment retrouver cette connexion originelle avec la VIE alors que notre société industrielle, consumériste, bétonnée nous a enfermé dans des conditionnements du manque, du toujours plus, ou encore du jamais satisfait ?
Bien sûr, cet appel à la VIE peut passer par plus de moments vécus au contact de la nature, son jardin, une ballade en forêt, un tour de lac ou un bord de mer. Cependant, dans une société urbanisée, nous avons aussi à nous questionner derrière notre ordinateur mangeur de temps . Pour ma part, même si je n'ai pas trouvé la "recette magique" (existe-t'elle ?), je pratique chaque demi journée une pause respiration. Ainsi, je me coupe volontairement pendant environ 5 minutes de tout objet ou compagnon numérique, je fais silence intérieur et je me recentre sur moi, mes sensations corporelles, avec quelques exercices d'étirement, de respiration. Et là, bonheur : je respire le présent, la présence à la vie ici et maintenant, moteur mental coupé.
Une autre manière de rester branché sur le fil de la VIE, est de garder un questionnement d'éveil dans sa journée et de temps à autre, se surprendre avec la question " Là, maintenant, dans ce que je fais, suis je vraiment branché sur la VIE ?". Ainsi, il m'arrive de lâcher, quand je peux, une activité cérébrale ordinateur pour aller à la rencontre spontanée d'un collègue, avoir l'intuition de contacter par téléphone un partenaire, ou encore de stopper la machine à fabriquer des idées, pensées et ruminations pour aller savourer un bon café sans autre intention que de savourer.
Dans une perspective réaliste, il m'arrive, comme beaucoup d'entre nous, de me retrouver certains jours, en "énergie basse", fatigué, peu stimulé par le travail devant moi. Et c'est justement dans ces creux de l'existence que le retournement à la vie est important avec une petite question à la mode kaizen (1) : " Là, avec l'énergie telle que je la ressens en moi, quel plus petit pas je peux faire pour retrouver le fil de la vie, ma vitalité profonde, le chi ou énergie vitale, nous diraient les chinois ?
Alors, je suis invité à la patience , celle que les arbres nous rappellent." Chez l'arbre, tout est lent, la façon dont il pousse, dont il se développe...En fait, les arbres constituent l'antidote absolue de cette folle époque de vitesse qui est la nôtre." ( extrait de Sentinelle de pluie, roman de Tatiana de Rosnay).
Aller dans le sens de la vie peut commencer par reprendre racine là où je suis, dans mes pieds pour sortir de ma tête asphyxiée et s'ouvrir aux opportunités du présent.
(1) référence au mot japonais qui signifie le bon changement et au petit livre de Robert Maurer, psychologue américain : " Un petit pas peut changer votre vie : la voie du kaizen".
vidéo de l'auteur sur l'art des petits pas :
https://www.youtube.com/watch?time_continue=4&v=s10kcQnM-CU&feature=emb_logo