Au temps du coronavirus, entre manque et abondance.
Depuis plus de 10 jours, la France vit en confinement imposé par le gouvernement qui agit par ordonnance, dans une course de vitesse pour gagner contre un virus contaminant , le coronavirus. Tout un pays entraîné dans une crise sanitaire devenue mondiale mobilise toutes ses forces hospitalières, ses médecins, ses infirmières en première ligne dans ce qui a été qualifié par le président de la République de guerre. Dans cette situation sociale et économique inédite ( un confinement en temps de paix), j'observe un mouvement entre manque et abondance, qui peut apparaitre déstabilisant en regard de notre vie antérieure.

Manque de liberté de déplacement ( avec une restriction à 1 heure par jour pour exercice physique à 1 kilomètre du lieu de domicile),
Manque de masques pour les soignants au début de l'épidémie, augmentant le risque de contamination en proximité des patients.
Manque de travail pour toutes les professionnels arrêtés ou en chômage technique du fait de la restriction aux entreprises dont la production est indispensable à la santé de la population.
Manque de relation en présentiel avec sa famille, ses amis, ou encore ses collègues de travail
Manque de certitude sur la fin de la période de confinement à durée indéterminée.
Manque de préparation , j'ose le pointer, pour un Etat et une population qui n'avait jamais vécu une telle catastrophe sanitaire.
Or, en regard de ces manques qui pourraient nous conduire à un pessimisme de la passivité, il existe fort heureusement la caverne d'Ali Baba des abondances attendues , voire inattendues.
Abondance des propositions sur la toile du web des offres culturelles en tout genre, souvent gratuites, pour celles et ceux qui sont confinés 24h sur 24 : films de l'INA gratuits, ebooks en ligne gratuits, autoformation sous forme de MOOC gratuit,, méditations guidées, et site réservoir civique destiné à mettre en relation les bonnes volontés par rapport à des demandes ponctuelles.
Abondance pour ceux qui ne sont pas en première ligne ( soignants) ou deuxième ligne ( chaine alimentaire et professionnels indispensables), de bénéficier d'un télétravail sur la semaine réduisant les déplacements et pouvant permettre de retrouver une vie de couple, une vie de famille plus reliée.
Mais avouons aussi que la limitation des sorties pour faire ses courses, rappelle à contrario combien nous étions dans la surabondance de biens de consommation.
Un nouveau mode de vie semble émerger dans les quartiers urbains :
plus de liens entre voisins...et moins de biens achetés à tout vent.
moins de déplacement en voiture, moins de pollution, , au bénéfice de GAIA notre terre.
Et si ce "déficit d'abondance matérialiste " nous invitait en douceur à revenir à un mode de vie allant plus à l'essentiel.
Essentiel ? Passer plus de temps avec ceux et celles que l'on aime, réduire les moyens polluants de déplacement, vélo ou marche à pied d'abord.
Essentiel, comme accepter les moments d'ennui comme les moments d'exaltation dans le combat du quotidien.
Essentiel comme cultiver l'Espérance dans la sobriété dans un monde qui souffre d'un modèle économique du "toujours plus", formule qui se trouve à l'arrêt aujourd'hui.
Avec Edgar Morin, sociologue toujours l’œil alerte à plus de 99 ans, je crois beaucoup à la renaissance des espaces de solidarité entre voisins, de FRATERNITE comme il aime à le rappeler. Entre manque et abondance, osons regarder à l'intérieur de nous, regarder ce qui nous fait du bien (sans déplacement) et osons regarder cette abondance en nous, notre expérience de vie, notre intériorité avec nos dialogues internes. Quand les limites sont posées à l'extérieur, cela nous invite plus qu'auparavant à nous retirer en nous, à nous accueillir en sortant du conditionnement des outils numériques.
Bon voyage à l'intérieur de votre âme, le temps est avec vous !
Après 1789, la révolution non violente
Debout devant plus de 1300 personnes, il invite chacun à joindre ses deux mains, à se pencher en avant puis il suggère que chacun lève sa main avec le pouce pressé contre l'index. " Vous voyez, comme votre pouce se relie à votre index, vous êtes tous reliés ici. Nous sommes tous connectés sur la terre, avec la nature, les animaux, le soleil..."

Avec un ton exhortatif et une douceur malicieuse qui passe dans le regard, Satish KUMAR, ce jeune d’esprit de 83 ans, viens de créer un lien fort au cœur d'un symposium organisé par le magazine INRESS (1) à Toulouse sur le thème "Nature extraordinaire, vers une écologie spirituelle." Imprégné de la philosophie de Gandhi dans sa jeunesse, activiste pour la paix, en 1962, il a réalisé une marche de plus de 8000 kilomètres pour rencontrer les dirigeants des grandes puissances nucléaires à Moscou, Londres, Paris et Washington en leur proposant un sachet de thé. Symbole ?
« lorsque vous penserez que vous devez appuyer sur le bouton, arrêtez-vous pendant une minute et prenez une bonne tasse de thé ».
Converti à l'écologie spirituelle, il explique avec force conviction sa thèse. Nous sommes trinitaires avec un lien entre le sol, le soi et la société. Nous devons sortir des divisions qui sont des illusions et croire à la beauté de la diversité humaine et de la nature. En effet, la nature ne devrait pas être perçue comme une ressource économique mais davantage comme la source de toute vie. Nature a aussi une étymologie proche de naitre, natal. "Vous, en France, vous avez vécu une première révolution en 1789. C'est l'heure maintenant d'une deuxième révolution non violente. La peur et la colère sont à remplacer par le pouvoir de l'amour". Activiste expérimenté, Satish KUMAR n'est pas qu'un orateur captivant son public par sa congruence. Il est aussi le fondateur d'un centre international d'écologie dans le Sud de l’Angleterre où il vit actuellement. Et puis, avec une pointe d'humour, il insiste pour que nous commencions par nous aimer nous-mêmes. " Je suis bon et j'ai un grand potentiel." Et les 1300 participants de reprendre en cœur ce slogan inhabituel.

Ce samedi, cet homme missionnaire a fait passer un nouveau courant : un courant d'oser, un courant pour sortir de nos divisions intérieures et extérieures. Pour lui, chaque être vivant dans la nature est doué d'une conscience comme le soleil, notre frère soleil ou encore notre mère Gaia. En cela, il rejoint très clairement la démonstration de Rupert Sheldrake, biologiste anglais, auteur des concepts de résonance et de champ morphique (2), qui s'est exprimé après lui ( via une vidéo dédiée au symposium). Au XVII ème siècle, Descartes, dans un esprit scientiste, a voulu faire croire que l'esprit est à séparer du reste donc du corps ou de l'âme alors que les premiers peuples ont toujours relié corps, esprit et âme. Et cette "séparation" a cautionné ensuite au XXème siècle une science qui cherche à tout expliquer sans croire que le spirituel est aussi une réalité. Après l'erreur de Descartes, il est urgent de vivre cette reconnexion corps-esprit-âme pour inviter chaque être humain à retrouver son intériorité et une capacité de reliance profonde avec la nature.
Dans un monde en voie de destructuration, l'enjeu de civilisation est bien là : retrouver notre connexion avec la nature pour retrouver notre humanité profonde et changer nos comportements. Le chantier est ouvert...
(1) https://www.inrees.com/
institut de recherche d"expériences extraordinaires fondé par le journaliste, Stéphane Allix et qui publie une revue trimestrielle INEXPLORE. Sa ligne éditoriale concerne toutes les sciences ouvertes sur l'innovation, le vivant, la nouvelle conscience avec une recherche de pédagogie auprès du grand public.
(2) résonance morphique. "C’est l’influence qu’exerce tout système auto-organisé passé sur les systèmes homologues présents. Atomes, molécules, cellules vivantes, plantes, animaux, sociétés, cultures, systèmes solaires, galaxies, sont des systèmes auto-organisés. Nos machines n’en sont pas, mais nos comportements ou nos pensées en sont. Chaque système se présente sous une certaine forme. La résonance morphique suppose que cette forme est comme mémorisée quelque part, dans un « champ morphique », ou « champ de forme ». Prenez des pratiques nouvelles telles que le skate-board ou la navigation sur Internet : plus leurs adeptes sont nombreux, plus leurs champs de forme se renforcent et plus ces pratiques deviennent faciles à mettre en œuvre. Je ne suis pas l’inventeur de ces concepts ; je n’ai fait que systématiser ce que d’autres avaient déjà imaginé au début du XXe siècle, souvent dans la mouvance d’un génie trop négligé : Henri Bergson. " Rupert Sheldrake dans un interview.