LE MONDE D'AUJOURD'HUI...en faire moins !
Pourquoi parler sur toutes les ondes médiatiques du monde de demain, du monde d'après la crise sanitaire du coronavirus ? Comme si il y avait un avant et qu'il y aura un après. Le monde se "fabrique" jour après jour dans son instantanéité, dans son imprévisibilité et souvent dans l'insuffisance de conscience et de courage des gouvernements et décideurs de la planète. Des scientifiques comme ceux du GIEC (1) et plus récemment les médecins et soignants de "première ligne" nous ont déjà alertés sur les priorités de la vie sur terre. La première priorité , c'est plus que jamais la survie d'une espèce animale appelée "homme" menacée par des phénomènes climatiques déjà présents et qui mettront de plus en plus en péril l'habitat, la vie de millions de terriens y compris sur notre vieux continent européen ( canicule en extension..). La deuxième priorité complémentaire : la santé de tous ! Le "prendre soin de la vie" depuis la naissance jusqu'à la mort avec une attention à nos aînés dans les EPHAD (2) en particulier.

Or, force est de constater que le "système politico-médiatico-économique" ( je ne sais plus comment l'appeler) semble vouloir repartir et effacer la crise sanitaire qui a secoué ce beau cocotier financier et spéculatif du mythe de la croissance infinie et de la rercherche du profit à tout prix !
A quel sein se vouer dans un monde où chacun en vient à douter fortement du sens des entreprises "carnivores du profit", des gouvernants dans la difficulté de faire face et de tenir un discours humain de lucidité, d'humilité en cohérence, en congruence avec le courage de décisions pour le bien de tous ? Pour ma part, l'éclairage vient du monde des sages très discrets qui ne siègent ni sur les plateaux médiatiques, ni sur les matinales radiophoniques. Et si nous les écoutions pour une fois avec nos deux oreilles ?
" Beaucoup d'entre nous essayent d'en faire toujours plus. Nous sommes dans l'action parce que nous nous croyons obligés de l'être, ou parce que nous voulons gagner de l'argent, accomplir quelque chose, prendre soin des autres, ou rendre notre vie et notre monde meilleur. Souvent, nous agissons sans réfléchir, par habitude, pour répondre aux attentes d'autrui ou parce que nous voyons que c'est notre devoir. Mais si les fondations de notre être ne sont pas suffisamment solides, alors plus nous agissons, plus nous embrouillons notre entourage."
Ces convictions exprimées sont celles du moine zen originaire du Vietnam Thich Nhat Hanh qui anime un centre de ressourcement spirituel en France qui attire de plus en plus d'hommes et de femmes de tout horizon...en quête de sens profond à leur vie.
Tentons une traduction simple, immédiate de cette invitation douce et interpellante de Thich Nhat Hanh que d'autres ont aussi repris comme Pierre Rabhi, écrivain philosophe expert en agrobiologie et auteur de "vers la sobriété heureuse" . Faire moins pour être davantage dans la qualité de présence à l'autre, au lien humain fondateur de notre humanité.
Moins de consommation, moins de temps passé dans les super et hypermarchés . Réduire nos temps d'achat à l'essentiel en privilégiant autant que possible le producteur local.
Moins de déplacement en véhicule polluant pour les professionnels en privilégiant l'audio ou la visio conférence , pour plus de présence en collectif de travail, ou pour les managers, un temps de déplacement supprimé pour plus de lien avec leur équipe...
Moins de communication "égocentrique" de valorisation d'image, de l'entreprise, de la collectivité territoriale, du service public pour plus de temps de présence à ceux qui en ont besoin.
Moins de consommation de spectacle sportif pour "engraisser" des millionnaires du sport qui ne regardent que leur petit nombril , pour plus de pratique sportive de santé pour soi-même et sa famille.
Moins de débats "houleux ou agressifs" dans les instances électives sociales et politiques jusqu'à l'assemblée nationale pour plus d'écoute, de silence, d'intégration du point de vue de l'autre pour enrichir sa vision.
Or, ce moins a été expérimenté pendant notre temps de confinement. En sommes nous sortis "traumatisés" ? Pour ma part, j'avoue humblement que j'ai redécouvert avec bonheur mes voisins et voisines de ma résidence que je saluais poliment d'un bonjour, bonsoir. En effet ce temps "dilaté" m' a donné finalement l'autorisation de prendre le temps de "papoter" avec mes jeunes voisines du rez de chaussée au retour de la marche oxygénation quotidienne avec mon épouse. Belle découverte avec des liens sociaux de proximité plus forts dans l'entraide mutuelle quand il s'agit de faire les courses chaque semaine pour une personne âgée.
Combien faudra t'il encore d'alerteurs de sagesse pour que nous vivions un changement collectif, une transition intérieure pour retrouver ce que le renard répondait à la question du petit Prince " Qu'est ce que signifie apprivoiser ?"

"C'est une chose trop oubliée, ça signifie "créer des liens".
Faire moins, créer et entretenir des liens humains de solidarité, d'entraide mutuelle largement vécus par beaucoup d'entre nous pendant ce temps inédit du confinement contraint ouvrent un horizon nouveau, une espérance nouvelle pour aujourd'hui.
Dès que nous faisons moins, nous redit le sage, nous offrons au monde l'élément le plus positif : la qualité de notre présence. C'est tout et c'est beaucoup !
(1) Groupe Intergouvernemental des Experts sur l'évolution du Climat crée en 1988 par l'ONU. Extrait du prologue du rapport 2014 :"Cependant, pour stabiliser l’augmentation de la température sous le seuil de 2 °C par rapport aux niveaux préindus-triels, nous devrons d’urgence nous écarter radicalement du scénario du «statu quo». Par ailleurs, plus nous attendrons pour intervenir, plus les mesures à prendre coûteront cher, et plus les problèmes techniques, économiques, sociaux et institutionnels qu’elles posent deviendront difficiles à surmonter."....Sans commentaire !
(2) Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes. Ce nom "aseptisé" est déjà révélateur en soi...