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Le blog de Michel BERNARD

ANIMAL, trois raisons d'aller le voir

1 Décembre 2021 , Rédigé par Michel BERNARD

Ce 1er décembre 2021, le film réalisé par Cyril Dion et nommé ANIMAL fait sa grande sortie. J’ai eu le bonheur de vivre il y a une semaine l’avant-première suivie d’un débat en ligne avec le réalisateur lui-même.

Simple rappel historique : Cyril DION, ancien dirigeant du mouvement COLIBRI initié par l’agrobiologiste Pierre Rabhi, a été le coréalisateur avec Mélanie Laurent du film DEMAIN primé comme meilleur documentaire en 2016 au festival de Cannes.

ANIMAL n’est pas la version 2021 de DEMAIN. ANIMAL est singulier dans sa forme, son rythme et sa finale.

Trois raisons au moins de sortir de chez soi pour le voir :

Première raison.Le film nous place dans le regard de deux adolescents de 16 ans, Bella, anglaise activiste au sein de manifestations contre le réchauffement climatique comme Vipulan en France. Et Cyril Dion, discret derrière la caméra, les emmène au contact direct de scientifiques de renom, biologistes, paléontologues, permaculteurs, philosophes avec qui ils vont poser les questions franches de jeunes anxieux sur l’avenir de la planète. Ce voyage aux quatre coins du monde les emmène aussi sur des lieux emblématiques. Du combat  journalier  d’un homme avec le soutien d'un collectif qui a réussi à nettoyer une plage de Bombay en Inde de 9000 tonnes de déchets plastiques en trois ans, en passant par le parlement européen où ils poursuivent micro à la main un lobbyiste qui se dérobe, jusqu’à cet élevage industriel de lapins en France. Et là, un dialogue s’instaure entre les deux adolescents et l’éleveur. Devant des lapins blancs morts en cage, Bella et Vipulan expriment sur leur visage un « haut le cœur » et l’éleveur dit simplement que ces pertes sont « normales » et que c’est la pression de la coopérative qui l’oblige à produire beaucoup et toujours plus. L’engrenage de la dépendance au système production-consommation est dévoilé sous nos yeux avec ce terrible dilemme d’un homme qui se dit passionné par son élevage  et doit produire de plus en plus vite pour assurer un salaire minimal de survie !

 

 Deuxième raison. Les images, quelles images ! Alternance d’horreurs d’animaux massacrés par l’homme au nom du commerce et du business et d’images magnifiques de relation de proximité entre l’homme et l’animal. Alternance de belles initiatives comme la ferme expérimentale en permaculture du Bec-Helloin en Normandie et des terres devenues complètement arides par surexploitation.

Ainsi, nous revoyons des images d’archives avec Jane Goodall, éthologue qui a consacré une grande partie de sa vie à la relation de l’homme avec les chimpanzés. Elle raconte qu’un des grands moments de cette passion fut quand un jeune chimpanzé lui touche spontanément le bout du nez. Belle rencontre intergénérationnelle entre nos deux adolescents plein d’admiration pour cette femme de 87 ans toujours animée de la même flamme.

 

Troisième raison : la trajectoire émotionnelle pour se questionner au fond. Le message du film évite deux dérives : la vision catastrophique ( nous allons droit vers la sixième extinction de l’espèce animale) et la vision solutionniste ( nous allons nous en sortir avec les progrès techniques, scientifiques, et les initiatives en cours pour réduire le gaspillage, la pollution, et l’épuisement de la terre..). L’intention de Cyril Dion qui parle lui-même de "trajectoire émotionnelle" est de permettre au spectateur de passer par des émotions très brutes pouvant aller de la colère, de l’indignation, à la tendresse, à la compassion…Ainsi, ce film a une odeur, une saveur, un goût très atypique. Pour ma part, il m’invite à me requestionner sur le lien originel perdu dans l’histoire d’un « système de croissance, de production et de consommation effréné », ce lien direct, sensoriel avec le monde animal et végétal. Comme le témoigne Bella vers la fin du film : et si nous nous considérions simplement comme des animaux parmi les animaux. Ni plus ni moins, comme des vivants parmi d’autres vivants qui méritent le même respect !

plus de 50 % des espèces ont déjà disparu en seulement 50 ans.

plus de 50 % des espèces ont déjà disparu en seulement 50 ans.

Enfin, en utilisant à nouveau le « Et si… » cher à Rob Hopkins, pionnier des villes en transition, et si des millions de jeunes et moins jeunes vont voir ce film produit en France et à l’étranger, que se passera-t-il ?

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