APPRENDRE A SE PAUSER
Belle faute d’orthographe ! Et bien non, j’ai bien écrit pauser et non poser.
Au cœur de cet été brûlant par la canicule, par les feux de forêt répétitifs et par une actualité toujours en tension avec la crise écologique, la guerre en Ukraine et ses conséquences actuelles et à terme…je vous invite à vous décaler de ce flot médiatique et des mouvements souvent habituels de courir. Courir après le temps, courir pour ne pas rater le bus, le train, le dernier truc à la mode…Courir pour se donner belle allure comme les athlètes sur les stades.
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Et si cet été plombant le goudron, l’horizon et nos énergies était la belle occasion de se PAUSER réellement ?
Certes, vous pensez peut-être spontanément à la pause « machine à café » dans les milieux professionnels ou encore en vacancier à la pause sieste bienvenue après un repas bien nourri et surtout quand la température flirte avec les 35 à 40 degrés.
Je voudrais vous entrainer humblement vers d’autres formes de pause. Des pauses qui régénèrent, des pauses qui peuvent aussi réorienter notre vie, notre trajectoire qui n’est jamais tracée d’avance et souvent suspendue au fil des inattendus.
J’en citerai trois parmi d’autres.
La pause respiration. En tant que coach accompagnateur de managers, je suis souvent « impressionné » par le fait que la plupart des hommes et des femmes que j’accompagne ne s’accordent pas vraiment de pause dans leur journée comme s’il y avait nécessité d’être ou de se montrer toujours dans le flux tendu d’une activité permanente. Or, notre cerveau et les neurosciences le confirment, a besoin de respiration, de rupture avec le mental parfois en surchauffe ou même en risque de burn out.
Ainsi, je recommande souvent au moins une fois par demi-journée la pause respiration. De quoi s’agit-il ? Déjà de stopper volontairement le lien parfois addictif avec tous nos compagnons numériques : portable, smartphone, internet et cie…pour se reconnecter à soi. Comment ? Simplement avec trois lettres acronymes : le ARA avec un clin d’œil au hara, centre de l’énergie pour les japonais. A comme ancrage en plaçant sa pensée dans son corps debout ou assis. Sentir nos deux pieds comme deux racines qui s’enfoncent dans le sol. Retrouver ainsi un alignement intérieur, son axe de vie. R comme respirer, porter son attention sur sa respiration. Ouf , je respire ! Je suis bien humain et dans le présent avec au moins trois inspirs et expirs prolongés. Enfin A comme accueillir mon état présent, accueillir mon « cogitus ou cinéma intérieur » sans m’y accrocher, sans me culpabiliser, sentir me tensions du cou, du dos ou d’une autre partie du corps Bref, dire oui à cet instant qui me reconnecte à moi-même dans ma simplicité d’être humain.
La pause conscience. Cette pause est une manière de ne pas être dans « l’action-réaction » , dans un mode réactionnel et émotionnel qui peut enliser la situation dans un cercle d’agressivité ou encore de non compréhension.
Si je viens de recevoir un courriel « agressif », je peux sentir la moutarde me monter au nez, un début de colère ou encore une peur si ce courriel émane d’une autorité dite supérieure. Cependant, en appuyant sur le bouton « pause », je peux me rendre témoin de ce qui se passe en moi. Et je respire d’abord et me questionne : « Qu’est-ce que je ressens là maintenant ? » « Qu’est ce que je serais tenté de faire ? » ou encore » Qu’est ce qui me gonfle au sens propre ? ».
Petit questionnement, pas de côté pour revenir à un état de conscience moins agité et plus lucide pour trouver le chemin d’une réponse ( et non d’une réaction) plus ajustée pour nourrir mon besoin tout en préservant autant que possible la relation. Cette pause peut s’ouvrir aussi, en fonction du niveau émotionnel ressenti, d’un mouvement d’auto empathie avec soi comme le suggère la communication non violente. L’auto empathie, c’est une manière de se communiquer de la bienveillance envers soi-même par un dialogue intérieur. « Ok, je perçois l’agressivité. Je ressens de l’indignation…Et je me souviens que je dispose en moi de ressources, de fierté sur mon activité et je peux me faire du bien en repensant à tel événement porteur d’estime de soi. »
Enfin, une pause que j’apprécie particulièrement parce qu’elle peut redonner du sens particulier à nos journées qui peuvent se teinter de gris ou de noir : la pause relecture de journée que j’appelle « les cinq étoiles de jour ». Comment pratiquer ? Vous êtes à la fin de journée, chez vous dans un espace tranquille qui peut être votre lit et vous vous remémorez cinq événements qui vous ont fait du bien dans la journée et pour lesquels vous vous sentez reconnaissants. Ce simple exercice favorise une reconnexion au positif et stimule notre mémoire du bon et de l’optimisme. Un protocole américain avec des groupes d’étudiants en 2003 a confirmé le bienfait à la fois physiologique et psychologique de ce rituel de fin de journée
( cf article sur ce blog dire Merci rend heureux
https://mister-aidant.over-blog.com/article-dire-merci-rend-heureux-44407228.html
De manière plus globale, apprendre à installer ces « pauses » dans notre quotidien offre un espace de conscience plus large, plus libre moins prisonnier des conditionnements sociaux. Et ces pauses ont un grand pouvoir que l’on découvre dans la pratique : elles nous régénèrent dans notre énergie psychique et ravivent la flamme de notre vitalité intérieure source de créativité.
Je m’étonne toujours de voir des salariés manger devant leur ordinateur, renonçant à faire une vraie pause méridienne comme si les secondes leur étaient comptées. Je rêve de voir plus de salariés sortir des bureaux et se reconnecter dans un espace de nature plus ressourçant en soi.
Se pauser, c’est arrêter le temps des horloges pour se recentrer sur la vie qui est là, en nous et autour de nous comme cet oiseau qui vient de passer dans le ciel bleu de l’été.
Cinq sagesses des arbres pour les terriens
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Cet article est inspiré du petit livre « La vie des arbres » de Francis Hallé, professeur de botanique, spécialiste et passionné des arbres et des forêts primaires et résidant à Montpellier. J’ai choisi cinq sagesses parmi d’autres que nous délivrent les arbres depuis la nuit des temps comme les cinq doigts de la main qui nous permettent de nous agripper aux branches. Oui, il est bien probable que nos premiers ancêtres vivaient dans les arbres…
Sagesse une : Les arbres sont des êtres vivants autonomes. Ils n’ont pas besoin que nous leur tenions la main pour vivre. N’ayant pas de programme de senescence comme les hommes ( nous sommes programmés pour mourir un jour), ils peuvent vivre longtemps, très longtemps. Ainsi, l’arbre le plus vieux du monde, le houx royal de la Tasmanie, une ile au sud de l’Australie, aurait 43 000 ans !
Et si nous cherchions cette autonomie dans la limite de notre vie en renonçant à certaines dépendances ou addictions ?
Sagesse deux : Ils sont droits et ancrés, plus ou moins penchés sous l’effet du vent et ils expriment cette noblesse de la droiture. Droits, stables et dignes avec leur ancrage dans le sous-sol avec leur réseau de racines.
Et si nous pratiquions plus souvent la posture de l’arbre, cet ancrage corporel avec nos deux pieds, comme des racines qui s’enfoncent dans le sol de GAIA, la mère Terre ?
Sagesse trois : Ils sont non violents et solidaires entre eux. Vous n’avez jamais vu un arbre frapper un autre arbre, l’injurier, le provoquer. Ils sont plutôt silencieux. Et chose incroyable, si un arbre est en manque de ressource, il peut être alimenté via le réseau des champignons du sous-sol par un autre arbre qui n’est pas forcément de son espèce.
Exemple relativement connu concernant les acacias d’Afrique du Sud et démontré par un chercheur en 1990. Les acacias d’Afrique du Sud ont leurs feuilles qui deviennent toxiques quelques secondes après que les gazelles commencent à les manger. Et quand les gazelles se déplacent sous le vent pour croquer les feuilles des autres acacias, elles arrêtent tout de suite sous la toxicité des feuilles. Comme si les premiers acacias avaient transmis le message suivant à leurs congénères : « Attention, les copains, les mangeurs de feuilles arrivent, protégez-vous ! ».
Et si nous osions exprimer davantage de solidarité envers les autres « espèces humaines » ?
Sagesse quatre : Avec leur tronc, le relief de leur écorce, leurs branches, leurs feuilles ou aiguilles, et leurs fruits, ils offrent au regard une beauté de fractale, une harmonie naturelle. Bref, une beauté qui nous invite spontanément à la contemplation et à l’émerveillement
.Et si nous laissions notre beauté intérieure s’exprimer sans artifice ?
Sagesse cinq. Les arbres témoignent d’une grande générosité sur la planète. Ils renouvellent l’oxygène en la produisant la nuit, ils sont de grand dépollueurs des villes en absorbant le gaz carbonique et toutes les substances toxiques volatiles. En cas de chaleur, de canicule, avec leur évapo-transpiration, sous leur ombre et ombrage, ils nous offrent un rafraichissement direct et gratuit. Et combien de produits fabriqués par la main de l’homme sont issus de l’arbre : papier, carton, produits pharmaceutiques, ustensiles comme des manches d’outils, les meubles, les rondins pour les barrières, les habitations, ou encore les charpentes des maisons, et même d’Eglises. La liste est inépuisable.
Or, ils n’ont besoin pour vivre que de quatre éléments : l’eau, des sels minéraux puisés dans le sol, de la lumière pour croitre et de l’oxygène. Ils sont donc d’une grande sobriété par rapport aux êtres humains consommateurs, voire hyperconsommateurs de biens qu’il faut renouveler régulièrement sous l’influence de la publicité et de l’obsolescence programmée.
Généreux dans leur « offre de service permanente » sur toute la terre, ils sont hyper sobres dans leurs besoins. Un contraste interpellant pour nous les terriens.
Et si nous faisions des petits pas chaque jour
pour avancer vers cette sobriété,
celle qui nous nourrit, non pas du superflu,
mais de l'essentiel ?