RECHERCHE CONNEXION ORIGINELLE AVEC LA NATURE
Frédérika Van Ingen, journaliste exploratrice nous emmène dans une aventure loin de nos écrans connectés, une aventure qui tisse un pont avec les peuples premiers qu’elle nomme peuples racines. Avec son dernier ouvrage « 101 façons de se reconnecter à la nature », elle nous réveille à notre origine « d’homo naturalus » au cœur de la nature dont nos sociétés hors sol, envahies par le numérique à tous les étages, nous a séparés.
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L’approche de cette journaliste qui a vécu au contact de divers peuples premiers comme les lakotas aux Etats-Unis, les bushmen en Afrique ou encore les kogis dans la Colombie au Nord de l’Amérique latine n’est pas un hymne à la nostalgie de ces peuples qui ont su préserver un mode de vie simple et solidaire avec des rites de lien avec Mère Nature. L’attrait de ce bel ouvrage tient de mon point de vue davantage à un mariage réussi entre au moins trois ingrédients : un chemin progressif proposé avec des éléments de sagesse puisés chez ses peuples racines, une ouverture sur des expériences de personnes en France qui proposent des expériences à tous en reconnexion avec la nature et à l’écoute de ces peuples, et une ponctuation régulière avec des fiches pratiques d’invitation à un exercice de connexion à la nature.
Un chemin progressif qui rappelle comment la pensée de Descartes « je pense dont je suis » a contribué aussi à nous couper de notre ressenti corporel , de la confiance en nos propres sensations et perceptions par nos cinq sens. Ces peuples nous interpellent et pourraient nous dire : « Tu sens donc tu vis ».
Pour eux, la nature n’est ni un décor, ni une ressource à exploiter, c est un être qui leur permet de se nourrir, de s’abriter ou encore de se vêtir. Et le mot nature n’existe pas dans la langue de la plupart d’entre eux. En effet, ils se vivent avec la Nature en eux et avec eux. Ainsi, ils ont développé une acuité étonnante de leurs sens à l’image des Tupis d’Amazonie qui distinguent 7 types d’écoute : l’oreille gauche associée à l’énergie féminine d’ouverture et d’accueil ; l’oreille droite associée à l’énergie masculine plus active ; l’oreille de terre est plus globale en percevant les différences infimes de l’environnement, l’oreille d’eau pour entendre les émotions, l’oreille d’air plus lié à l’esprit ;l’oreille de feu pour une écoute intuitive et l’oreille totale correspond à une écoute large qui englobe toutes les autres !
Concernant les « passeurs » de ces expériences de reliance à la nature et à ces sagesses qui ont traversé les siècles, elle les cite en fin d’ouvrage et fait régulièrement référence aux uns et aux autres dans une belle ouverture d’esprit. Jean Claude Catry et Ingrid Bauer , en Colombie britannique, ont développé le modèle 8 shields inspiré de l’américain naturaliste Jon Yong. Ce sont huit principes de vie symbolisés sous forme de roue qui contribuent à vivre en harmonie avec la nature. Ils ont fondé une école avec ce modèle pour offrir aux enfants des apprentissages essentiels pour les rendre plus curieux, plus observateurs et plus autonomes. L’école pratique de la nature et des savoirs dans la Drôme initiée par Eric Julien après sa rencontre avec le peuple des Kagabas, propose des stages pour retisser des liens d’alliance avec la nature pour adultes, éducateurs et enfants. Frédérika Van Ingen a elle-même crée un lieu « le cercle des passeurs » dans la Drôme, et propose un cheminement à des participants au contact de passeurs, de personnes issus de notre culture et qui ont intégré et peuvent transmettent des savoirs issus de peuples racines.
Enfin, le lecteur ne peut rester extérieur à ce voyage « déstabilisant » nos savoirs rationnels d’une société fondée sur le profit et la consommation. De manière très douce, Frédérika Van Ingen propose 42 fiches pédagogiques d’exercice de connexion accessibles.
Ainsi, la fiche intitulée » ma nature en ville » invite à prendre le temps d’observer sur son trajet habituel des éléments non humains et vivants et à ouvrir sa curiosité avec des questions : comment est cet élément ? Me plait-il ? Semble-t-il en bonne santé ? Quelle caractéristique m’évoque-t-il ? Est-ce que je connais son nom ? Plus loin, la fiche « le partage bienveillant des histoires » nous invite à raconter à un retour d’un temps passé en nature ce vécu à un ami, une personne en lui demandant simplement son écoute avec une oreille bienveillante…
Une belle richesse d’une palette d’invitations pour nous reconnecter par nos sens à Mère Nature.
Et Frédérika de préciser, avec un témoignage très intime, comment ce chemin de reconnexion qu’elle a vécu a pu révéler une blessure, celle d’une séparation originelle avec notre Mère Terre et avec ses propres racines familiales…et comment son cheminement de reliance à la nature l’a aidé à panser cette blessure pour se réinventer.
Pour vous partager un avant-goût de ce voyage qui encourage à aller régulièrement en nature pratiquer ces reconnexions vivifiantes, un zeste de l’écriture poétique de l’auteur :
« ..Il n’y a qu’à suivre le chemin de notre curiosité, tel un enfant émerveillé, pour réinventer le grand livre de la nature…Pour cela, il est utile de ranger nos écrans, de confronter notre corps au monde réel, sauvage, de revenir à la présence dans l’ici et maintenant, à l’écoute sensorielle, sensuelle même pour ne pas nous séparer de ce qui se trame autour de nous. »
Un voyage qui ne peut que nous faire du bien pour notre santé physique, psychologique et spirituelle.
Par cette exploration et reliance sensorielle à la Nature, nous nous donnons la possibilité de retrouver nos vraies racines de Vie et ainsi redécouvrir un autre Sens à notre existence de terrien.