DERNIER EPISODE : un colibri pour rester serein
La sérénité n'est pas une question personnelle de chacun pour soi pour nourrir sa petite tranquillité dans son petit coin le plus loin possible des lieux de pollution, d'agression, ou de violence. Quand deux ou trois personnes dans un espace de travail, un lieu de vie, dans un quartier cherchent à incarner la sérénité, il se passe forcément quelque chose. L'analyse systémique rappelle que dans tout système, le changement même minime d'un élément entraîne par effet un changement dans le système.
Oser parler de sérénité dans un univers médiatico-politique usant jusqu'à la corde la toile de fond de la crise est un pari pour sortir de la pensée convenue. C'est mettre un peu ou beaucoup de conscience, de clairvoyance pour prendre distance avec les agitateurs de discours sur l'économie, les remèdes, les responsables, les bouc émissaires ou encore les victimes.
Dans ce courant ou ce contre-courant, un homme parmi d'autres tente de réveiller nos consciences. Cet homme, Pierre Rabhi est notamment l'inspirateur de l'agroécologie tenant compte des équilibres entre la biodiversité, le respect de l'environnement et du sol cultivé en particulier et le système économique et social de production.
En quoi cela peut-il conduire vers la sérénité , me direz vous ?
De mon point de vue, j'y vois un chemin possible, parmi d'autres, pour retrouver ce lien entre l'homme et la nature. Cet ancrage, parfois perdu au coeur des zones urbaines, me semble vital aujourd'hui pour restaurer notre lien terrestre avec la terre, les arbres, les fleurs, et même la nature à l'état brute faite de ronces, de buissons plus ou moins opaques au coeur de forêts.
La sérénité, dans ce monde dont la maîtrise échappe de plus en plus aux gouvernements, malgré leur tentative de régulation, au profit des business économiques et financiers, devient un enjeu de société. Comme sur une crête en haute montagne, il s'agit d'éviter de dévisser. Plus clairement, cette marche d'équilibriste vise à éviter de tomber autant dans le camp des victimes indignées que dans celui des rebelles, aigris, voire violents condamnant sans appel le système économique actuel.
J'emprunte à Pierre Rabhi la belle histoire du colibri pour ouvrir ce chemin de sérénité au coeur de la crise.
Il y a eu , jadis sur terre, un immense incendie de forêt. Tous les animaux étaient affolés, terrifiés et impuissants. Ils observaient leur terre en train de brûler. Un seul petit animal, un oiseau lui, avait choisi de s'activer. Comme un avion canadair,il allait puiser quelques gouttes dans un lac voisin pour les jeter sur le feu. Mais le roi de la forêt, agaçé par cette agitation lui dit : "Colibri, tu as perdu la tête. Ce n'est pas toi tout seul avec quelques gouttes d'eau qui vas éteindre ce feu gigantesque ! Arrête. Cà ne sert à rien." Mais notre petit colibri, avec calme, lui répondit : " Je le sais. Mais je fais ma part."
Et si chacun faisait sa part avec persévérance , rajoutant ses gouttes d'eau à celles de ses voisins.