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Le blog de Michel BERNARD

temoignages

ALLER DANS LE SENS DE LA VIE

17 Janvier 2020 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

Notre réunion du club des optimistes vient de se terminer. Ce soir, nous avons partagé chacun autour d'un ouvrage qui nous a marqué, qui a eu une résonance particulière avec notre vie. Ainsi sont évoqués " le cœur de cristal" de Frédéric Lenoir, " les sept savoirs nécessaires à l'éducation de l'avenir" d'Edgar Morin; "Ça commence par moi" de Julien Vidal, " la panthère des neiges" de Sylvain Tesson, "l'intelligence des plantes" de Stefano Mancuso et Alessandra Viola," Où cours tu, ne sais tu pas que le ciel est en toi" de Christiane Singer, et "l'espérance en mouvement" de Joanna Macy. Qu'est ce qui fait la convergence de ces ouvrages dont un est un conte, l'autre , une réflexion sur l'éducation, un "pense bête" intelligent et astucieux sur les éco gestes du quotidien, une histoire d"amour et d'observation fine de la nature, une interpellation sur le sens profond de la vie, ou encore le déploiement d'une praxis relative à l'écologie intérieure ? Rien de commun à priori entre des auteurs d'univers varié qui ne se sont probablement pas rencontrés ou de manière fortuite. Et pourtant, quant nous avons pris un peu de distance sur notre partage rappelant pour certains un ouvrage marquant de l'adolescence, il m'a semblé que le trait commun à tous ses ouvrages , c'est l'amour de la vie, de la vitalité dans toutes ses dimensions. A l'ère de l’anthropocène où les rythmes de vie sont de plus en plus conditionnés par la technologie digitale numérique (omniprésence ou omnipotence du smartphone au bureau, dans la rue et même sur un vélo), où la terre crie souterrainement sa souffrance d'une maltraitance galopante, nous pouvons  choisir d'aller dans le sens de la vie, la vie connectée à notre intériorité, à la nature, à la recherche d'un sens profond qui échappe aux médias et aux pouvoirs institutionnels.

Cette vie sur terre, si elle était rapportée à une valeur temps de 24 heures par rapport à une planète Terre née il y a environ quatre virgule cinq milliards d'années, nous indique que les premiers organismes multicellulaires sont apparus entre 18h et 19h, les singes 2 minutes avant minuit...et l'homme, l'homo sapiens 5 secondes avant la fin des 24h ! Nous sommes issus du monde des êtres vivants, nous sommes la dernière chaîne du vivant. Aller dans le sens de la vie, c'est se souvenir émotionnellement que nous sommes constitués de tout ce vivant avant nous. La nature est en quelque sorte aussi en nous.

Comment retrouver cette connexion originelle avec la VIE alors que notre société industrielle, consumériste, bétonnée nous a enfermé dans des conditionnements du manque, du toujours plus, ou encore du jamais satisfait ?

Bien sûr, cet appel à la VIE peut passer par plus de moments vécus au contact de la nature, son jardin, une ballade en forêt, un tour de lac ou un bord de mer. Cependant, dans une société urbanisée, nous avons aussi à nous questionner derrière notre ordinateur mangeur de temps . Pour ma part, même si je n'ai pas trouvé la "recette magique" (existe-t'elle ?), je pratique chaque demi journée une pause respiration. Ainsi, je me coupe volontairement pendant environ 5 minutes de tout objet ou compagnon numérique, je fais silence intérieur et je me recentre sur moi, mes sensations corporelles, avec quelques exercices d'étirement, de respiration. Et là, bonheur : je respire le présent, la présence à la vie ici et maintenant, moteur mental coupé.

Une autre manière de rester branché sur le fil de la VIE, est de garder un questionnement d'éveil dans sa journée et de temps à autre, se surprendre avec la question " Là, maintenant, dans ce que je fais, suis je vraiment branché sur la VIE ?". Ainsi, il m'arrive de lâcher, quand je peux, une activité cérébrale ordinateur pour aller à la rencontre spontanée d'un collègue, avoir l'intuition de contacter par téléphone un partenaire, ou encore de stopper la machine à fabriquer des idées, pensées et ruminations pour aller savourer un bon café sans autre intention que de savourer.

Dans une perspective réaliste, il m'arrive, comme beaucoup d'entre nous, de me retrouver certains jours, en "énergie basse", fatigué, peu stimulé par le travail devant moi. Et c'est justement dans ces creux de l'existence que le retournement à la vie est important avec une petite question à la mode kaizen (1) : " Là, avec l'énergie telle que je la ressens en moi, quel plus petit pas je peux faire pour retrouver le fil de la vie, ma vitalité profonde, le chi ou énergie vitale, nous diraient les chinois ?

Alors, je suis invité à la patience , celle que les arbres nous rappellent." Chez l'arbre, tout est lent, la façon dont il pousse, dont il se développe...En fait, les arbres constituent l'antidote absolue de cette folle époque de vitesse qui est la nôtre." ( extrait de Sentinelle de pluie, roman de Tatiana de Rosnay).

Aller dans le sens de la vie peut commencer par reprendre racine là où je suis, dans mes pieds pour sortir de ma tête asphyxiée et s'ouvrir aux opportunités du présent.

(1) référence au mot japonais qui signifie le bon changement et au petit livre de Robert Maurer, psychologue américain : " Un petit pas peut changer votre vie : la voie du kaizen".

vidéo de l'auteur sur l'art des petits pas :

https://www.youtube.com/watch?time_continue=4&v=s10kcQnM-CU&feature=emb_logo

 

 

 

 

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LE VELO , UN EXEMPLE DE MOUVEMENT CITOYEN EN EMERGENCE

10 Novembre 2019 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

Aujourd'hui, Montpellier comme d'autres villes de France s'est mobilisée pour  un déplacement en vélo sécurisé avec des pistes cyclables adaptées et continues. Cette manifestation et rassemblement bon enfant a été organisée par l'association vélocité, membre de la fédération nationale des usagers des vélos, la FUB. Près de 3000 cyclistes des plus hétérogènes se sont déplacés entre la place coeur de ville de la comédie jusqu'à l'hôtel de ville. Familles avec enfants, vélos électriques, monocyles, livreurs professionnels, femmes, hommes et séniors, tous là réunis pour une seule cause : afficher publiquement aux futurs candidats aux élections municipales de mars 2020 qu'il faut bien compter sur cette force citoyenne nouvelle. J'ai participé à cette manifestation avec un élément important à noter : le seul service d'ordre était assuré par les membres de l'association elle-même.

Quel contraste avec la veille ! Le samedi, face aux risques de débordement des gilets jaunes encore mobilisés sur la place de la comédie, des dizaines de cars de crs rangés sur l'esplanade voisine de Charles  de Gaulle. Brusquement,  une course de CRS à pied qui surgit dans la foule piétonne jusque là sereine en une belle journée ensoleillée. Et un sentiment de malaise qui m'etreint devant ce type de scène qui sème un vent de violence dont on ne mesure pas clairement d'où il vient.

Je ne peux comparer bien sûr dans leur nature ces deux manifestations. Cependant, je m'inquiète sur cette fracture. D'un côté, un mouvement comme les gilets jaunes qui ne fait plus l'unanimité dans la population "usée" par ce trop long, cet excès sans parler des commerçants du centre ville qui en sont les premières victimes. De l'autre côté, Vélocité, association locale avec un nombre d'adhérents en augmentation constante, reste dans un dialogue direct avec la municipalité pour faire pression et  améliorer la qualité des pistes cyclables et étendre le kilométrage de réseaux.

Et la manifestation contre l'islamophobie à Paris qui a réuni plus de 13 000 manifestants de milieux très divers... sans débordement.

A l'image du vélo qui réuni des jeunes et des anciens, des hommes et femmes de tout milieu, je rêve que les mouvements citoyens structurés puissent contribuer à l'émergence d'un dialogue plus direct avec les élus décideurs. La transition est en route dans la mesure où le citoyen d'aujourd'hui ,qui  se reconnait de moins en moins au sein d'un parti ou d'un syndicat traditionnel, veut aujourd'hui plus qu'hier un dialogue direct avec le décideur politique.

 

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Des rituels pour structurer notre vie sociale et individuelle

29 Octobre 2019 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

Hier, le service national obligatoire, même s'il était très controversé parmi les jeunes appelés qui estimaient y perdre une année, avait au moins le mérite de favoriser une mixité sociale entre jeunes de banlieues et jeunes étudiants, permettait à un grand nombre de passer le permis de conduire gratuitement et se frotter à l'autorité avec plus ou moins de rudesse. Promesse de campagne du candidat Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 1988, il fut supprimé sans qu'il y ait eu une véritable réflexion de fond sur le vide qu'il allait créer. Ce service national autour de la parole des anciens " Le service va faire de toi un homme" avait quelque chose de l'ordre du rituel du passage de l'adolescence à l'âge adulte. Olivier Galland, sociologue de la jeunesse, reconnaissait lui-même que notre jeunesse manquait cruellement de rite de passage avec des adulescents à la mode "Tanguy" (1) prolongeant leur vie et hébergement chez les parents parfois jusqu'à l'âge de 30 ans et plus. L'expérimentation du SNU, entendez Service National Universel pour les garçons et les filles de 16 ans ( niveau 3ème) vient d'être bouclée et la volonté du gouvernement est d'étendre cette forme de stage de citoyenneté progressivement à l'ensemble de la jeunesse comme rempart notamment aux dérives de jeunes désocialisés, errants ou encore en voie marginalisation ou radicalisation...

 

Pour ma part, je partage fortement la conviction de remettre plus de rituel dans une société consommatrice, en mal de confiance dans ses élus politiques, secouée par la crise des gilets jaunes et marquant son patriotisme essentiellement dans les victoires sportives "cocorico" comme celle de l'équipe de France de football  en 1998 et 2018 quand "nous" avons été champions du  monde.

Sans jouer les maîtres à penser, il y aurait à retrouver au moins :

1) des rituels signifiants pour permettre aux jeunes de passer du statut "étudiant" au statut d'adulte engagé dans la société. Les programmes "jeunes" que sont le service civique en pleine expansion  quantitative, le service volontaire européen moins connu et le service national universel tout neuf peuvent y contribuer dans la mesure où les formateurs sont eux mêmes imprégnés de cette démarche et proposent des moments de réflexion sur soi, son identité, son parcours de vie pour aider leur maturation et prise de conscience d'homme et de citoyen.

2) des rituels intégrés sur les lieux de travail qui favorisent l'intégration des nouveaux et leur inculturation.

Acteur et coach au sein d'une administration, je suis frappé par la place donnée aux départs en retraite avec remise de cadeau, discours émouvant sur la carrière de l'intéressé(e) et la participation collective à ce moment convivial souvent gastronomique. L'arrivée de nouveaux est souvent moins marquée : pas de cadeau d'arrivée ( ce n'est pas dans la tradition), éventuellement la proposition d'un tuteur et go, c'est parti, à toi de faire ta place dans l'organisation. Un rite d'accueil avec un moment formalisé avec le dirigeant ou directeur, un repas pris en collectif, la proposition d'un tuteur ou parrain serait bienvenue dans un monde privé ou public où le maitre mot est bien souvent "adaptation rapide souhaitée".

Plus régulièrement, les fameux CODIR, comités de direction plus ou moins formalisés généralement une fois par semaine, souvent le lundi à une heure précise ,à durée à rallonge et parfois en visio conférence compte tenu d'équipe composite sur divers sites, pourraient donner lieu à des rituels de relecture pour tirer des enseignements sur leur fonctionnement qui tombe parfois dans la routinisation sans que personne n'ose lever le petit doigt. Exemple que j'ai connu une fois dans toute ma carrière de fonctionnaire : le pilote, directeur ou manager propose une réunion spécifique "regard sur notre fonctionnement en CODIR" et , avec un cadre de protection et de permission précisant que tout peut être exprimé dans la bienveillance du ton. Ainsi, l'équipe CODIR pourrait enfin se donner un temps de relecture, de respiration avec un rituel une fois par an. Ce qui ne me semble pas un luxe quand nous mesurons le temps cumulé de ces espaces de réunion.

3) des rituels pour soi, pour les managers souvent en "immersion totale non stop" dans leur journée. Le psychologue "positiviste" Tal Ben-Sahar (2) dans son ouvrage a largement démontré la force du rituel pour se structurer, pour retrouver un équilibre de vie et de santé. Un manager en conscience ( ce que je suggère au sein de mes stages " les clés de la sérénité du cadre manager") pourrait "ritualiser" la manière de se poser au début de sa journée avant d'éplucher sa litanie de courriels ou de décrocher son téléphone avec un temps d'accueil de soi, de sa météo intérieure, de respiration abdominale, ...En cours de journée, je suggère au moins deux pauses (une par demi journée) dites "pauses respiration" en écartant tout compagnon numérique, en effectuant étirement du corps, du dos en particulier  appuyé par une respiration longue et ample pour réoxygéner le cerveau et en terminant par un acte conscient.

Et vous, lecteur , quel(s) rituel(s) avez vous mis en place ou envisagez vous d'expérimenter à la suite de cette lecture pour :

vous mettre en forme le matin ?

vous ressourcer au cours de votre journée ?

ou encore pour tirer le meilleur parti de votre journée quelle que soit sa coloration émotionnelle, qu'elle soit soleil, brumeuse ou même ténébreuse.

Et oui, un rituel mérite d'être expérimenté pour vérifier le bénéfice réel pour soi avant d'être intégré dans sa vie au même titre qu'une habitude d'hygiène de vie. Pratiquer le rituel, c'est s'ouvrir une voie vers la stabilité intérieure comme le vivent depuis plusieurs siècles les communautés monastiques avec le rituel d'un nombre d'offices religieux par jour à heure fixe rythmant leur vie quotidienne...

(1) référence au film Tanguy dans lequel le fils trentenaire revient chez ses parents et s'y incruste à leur grand désespoir.

(2) cf article sur ce blog mister-aidant.over-blog.com/article-le-rituel-une-strategie-pour-changer-43526915.html

 

 

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L'arbre sous le feu des projecteurs

29 Septembre 2019 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

"Dans l'âtre embrasé, le feu geint et se tord." C'est une petite phrase que je retiens depuis mon enfance. Elle est extraite d'un texte du poète Théophile Gauthier. Et effectivement ce feu est vraiment symbole aujourd'hui d'un être vivant menacé et pourtant vital. Il a fait la une des médias souvent cet été même s'il n'est ni star du show biz, ni homme politique. Cet être s'inscrit dans la  stabilité , la durée (1), et souvent la majesté de sa posture. Il est droit, plus ou moins trapu (2) et peut atteindre dans sa croissance le 2ème étage de la tour Eiffel (3). Qui est-il ?

Vous l'avez deviné. C'est Monsieur ARBRE !

Des forêts ravagées  par des incendies cet été, l'Amazone, le grand poumon vert de la planète est elle-même en danger de déforestation accélérée par le brûlis des terres par les agriculteurs.

Face à ce combat pour préserver les 30  % de surface d'arbres sur la terre, des pays comme l'Ethiopie touchée par une extrême déforestation s'est engagée à planter pas moins de 4 milliards d'arbres d'ici la fin de l'année 2020. Le 29 juillet dernier, tous les habitants ont été mobilisés pour planter près de 380 millions d'arbres. Plus près, dans la région d'Occitanie, la présidente s'est engagée symboliquement à planter 230 000 arbres correspondant au nombre de lycéens de la région. Et l'enjeu des villes en transition notamment  est bien, entre autre, de remettre des arbres au coeur des villes bétonnées, asphyxiées par la circulation encombrée , la pollution de l'air par le gaz carbonique dégagé par les véhicules et un niveau de décibel élevé et fatiguant pour nos oreilles.

Rupture. Quand j'observe le matin, le beau pin parasol qui dresse vers le ciel ses aiguilles comme des étoiles, je ressens au moins deux invitations quant il me parle.

Regarde tes racines . Les siennes s'enfoncent dans le sol tant en profondeur qu'en horizontalité, ainsi , il est solidement arrimé à la mère Terre.Et moi, mes racines, à quoi ressemblent - t'elles aujourd'hui ? Encore profondes, un peu vieillissantes, ou peut être disparues ? Les racines sont pour l'homme tout ce sur quoi il est stable et peut se nourrir. Et par exemple se nourrir de ses valeurs "racines", celles qui nous relient à notre famille ou au contraire nous éloignent encore plus.

Regarde le ciel. Oui, j'observe son magnifique houppier comme un demi cercle vert qui salue le ciel bleu de la méditerranée. Quelques branches verdoyantes laissent passer le bleu du ciel. Et mon ciel, à quoi ressemble-t-il aujourd'hui ? Ciel léger, tonique ou ciel rapetissé par un manque d'enthousiasme ou d' optimisme ? En fait, dans cet espace baigné du silence matinal, je me sens entrainé à me relier  entre terre et ciel, à capter ses sources d'énergie si vitale pour l'homme. Un enjeu guette les villes de demain avec les élection municipales. Une interrogation pour tous : à quoi ressemble votre centre ville ? Dans ma ville de Montpellier en train d'être submergée par les projets immobiliers à chaque coin de rue, la place centrale cœur de ville est bétonnée sans la moindre trace de végétal. Isolée au centre entre l'arrêt du tram et les brasseries, la fontaine des trois grâces mérite d'être soutenue par des compagnons verts, arbres ou arbustes qui partagent aussi la même symbolique (4).

Alors, un message fort à vous tous, messieurs les Arbres :

reprenez votre place au cœur des villes,

et des villages et devenez nos amis de sagesse pour l'éternité...

 

(1) le pin de Bristlecore, au sud-ouest des États-Unis, aurait une longévité de 5062 ans.

(2) En Californie, l'arbre le plus haut du monde est un séquoia qui mesure plus de 115 mètres et est appelé hypérion.

(3)  Au Mexique, le cyprès du marais mexicain possède une circonférence de 42 mètres, soit l'équivalent de 20 personnes se touchant bras tendus.

(4)  les 3 grâces sont trois statues enlacées qui représentent les filles de Zeus, déesses qui traduisent la  séduction, la beauté, la nature, la créativité et la fécondité.

 

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Etes vous en transition ?

17 Août 2019 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

Le mot transition a le vent en poupe dans une société mondiale secouée par le réchauffement climatique et par une montée médiatique de la problématique à l'image de la montée de thermomètre caniculaire cet été. Le mot transition est inscrit dans le nom d'un Ministère : Ministère de la transition écologique et solidaire. L'objectif de transition écologique et de réduction des dépendances aux ressources fossiles est inscrit dans le programme de nombreux pays en Europe. Enfin, sous l'impulsion de l'anglais Rob Hopkins,

enseignant en permaculture, avec son manuel de transition, actuellement plus de 2000 initiatives sont recensées dans le monde et plus de 50 pays dont une cinquantaine en France ( Francetransition.fr) . Ces villes dont la démarche est souvent initiée par un groupe de citoyens se déclarent "villes en transition" pour signifier leur engagement dans un programme concret de réduction des gaspillages, des déchets et avec comme point d'appui la préparation collective à changer de comportements dans un monde où les ressources seront plus réduites. La démarche proposée par Rob Hopkins et expérimentée dans la petite ville de Totnes au sud de l'Angleterre vise à créer un réel tissu solidaire de citoyens engagés sans attendre la bénédiction du politique. Et vous, dans ce vaste concert à l'échelle de la planète TERRE, êtes vous aussi en transition ?

Pour vous permettre de vous positionner authentiquement face à cette question à enjeu, je vais oser vous proposer quelques repères soumis bien sûr à votre discernement car je reconnais volontiers qu'aucune autorité scientifique ne les a valider.

1) Repère en termes de sens. La transition signifie le passage d'un état à un autre état. Cela peut renvoyer à l'appropriation progressive d'écogestes comme la réduction de ses déchets domestiques, de son gaspillage alimentaire, ou encore d'une vigilance pour limiter les déplacements coûteux en carbone en privilégiant (quand cela est possible) les transports en commun ou encore la marche ou le vélo, ou encore la trottinette urbaine. C'est un choix volontaire qui n'attend pas la prescription autoritaire.

2) Repère dans sa dimension solidarité. Il ne vous a pas échappé que la transition n'est pas l'affaire de Robinson sur son île déserte mais bien celle de citoyens qui cherchent à se relier ensemble en partageant une philosophie, des valeurs communes pour préserver notre planète TERRE. C'est aussi une solidarité orientée pour les futures générations à qui nous "léguerons" la TERRE avec son état de santé.

3) Repère en lien avec l'écopsychologie. L'écopsychologie peut être considérée comme une approche pluridisciplinaire qui explore les interrelations entre la nature et la psyché humaine dans ses dimensions conscientes et inconscientes.

Robert Greenway, un des pionniers américains de ce courant, affirme une conviction forte : " Sans intimité avec la nature , l'homme devient malade". Ainsi, pour celles et ceux qui vivent ( comme moi d'ailleurs) au cœur de cités urbaines, souvent très bétonnées, les cures de nature, de forêt deviennent des éléments de vitalité importants. L'homme, la femme en transition cherche à retrouver un nouvel équilibre entre la tendance "connexion internet " de notre monde moderne et le lien avec la vraie nature, celle des forêts, des champs, de la montagne, de la mer... Avez vous déjà eu l'occasion de marcher pieds nus dans une forêt ? Toucher et humer l'écorce d'un arbre, d'un pin ? Observer un lever de soleil à l'horizon ? Ou tout simplement, pratiquer un shirin yoku ou bain de forêt avec vos sens qui a le grand mérite ( prouvé scientifiquement) de réduire notre hormone du stress, le cortisol. Ces moments "d'intimité" et de lien direct à la nature qui passent par l'ouverture des sens, l'émotionnel, le laisser faire sont des espaces temps de ressourcement.

Alors, être en transition vous attire-il ? vous fait-il peur ? Etre en transition, c'est croire dans un changement possible au delà des conditionnements de notre monde moderne englué dans une économie de la croissance au service du profit, et dans un déni de réalité d'une planète en souffrance. Un changement vers un mieux vivre collectif...dont nous ne mesurons pas vraiment aujourd’hui ce qu'il pourra être demain.

 

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De la liberté du supermarché à la liberté intérieure

30 Juin 2019 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

Hier, nous pouvions nous déplacer dans des super, hyper marchés et nous laissez hâper par des produits les plus divers avec des changements réguliers de linéaires pour obliger le client  à circuler dans toutes les allées et donc le tenter de plus acheter. Hier, nous étions encore dans l'utopie d'une abondance, d'une diversification sans fin avec cette joyeuse et libre société dite de consommation née dans la période  des 30 glorieuses ( 1945 à 1975).

Or, nous sommes aujourd'hui en juillet 2029, oui 2029 et cette société s'est bien effondrée sur le mythe d'une croissance durable. Car la croissance s'est éteinte dans les années 2021, 2022 après de grands cataclysmes naturels et des pics de température qui ont fait afflué en Europe des millions de réfugiés climatiques.

Malgré les avertissements du GIEC relayé par de nombreux chercheurs, personnalités de tout bord et des jeunes comme la jeune suédoise de 17 ans, Greta Thunberg invitée à la COP 21 au Maroc en 2019, les Etats , dans leur majorité, n'ont pas su réduire de manière drastique leur niveau de consommation, de pollution et de pillage des ressources de la terre.

Et pourtant, les lanceurs d'alerte dans les médias relayés par des  groupes de pétition n'avaient pas manqué. Le sociologue Pablo Servigne avec un livre collectif , "une autre fin du monde est possible", après avoir démontré la fin de notre civilisation fondée sur le capitalisme, ou encore Aurélien Barrau, astro physicien de génie , très reconnaissable avec sa coupe et queue de cheval et qui , avec un ton tranchant, scientifique sans appel a sonné le signal d'alarme pour stopper le train du "trop consommé, trop pollué".

Aujourd'hui, la liberté du choix du supermarché n'existe plus : il y a un rationnement mensuel pour éviter les mal nutritions dans une France ayant accueilli près de 10 millions de réfugiés climatiques en coopération et en solidarité avec les autres pays européens.

Heureusement, le réveil des gouvernants a eu lieu avec ce qui a été appelé la "nouvelle vague de gouvernance" tournée clairement vers la coopération prioritaire, le sens de l'assistance aux populations en danger et l'appel aux sages pour éclairer les grandes décisions politiques. Parmi eux, un jeune spirituel, nommé Dominique, très médiatique et présent sur les réseaux sociaux invitant avec enthousiasme à passer de la liberté du supermarché à la liberté intérieure.

De quoi s'agit-il ?

La liberté du supermarché , c'était encore  croire que mon bonheur, était d'avoir la possibilité d'acheter, de consommer, de capitaliser, bref de posséder des biens matériels qui me font exister socialement. C'est fini, cette liberté n'est plus qu'une nostalgie du passé pour beaucoup.

La liberté intérieure, est plus subtile. Elle se vit dans une profonde connexion à soi, à une dimension spirituelle appelée Dieu ou autre. Elle change le niveau de conscience en montrant tout ce que donne la terre, la nature simplement. Elle aide à retrouver un regard de contemplation, d'amour sur un arbre planté au milieu d'une cité et qui rayonne de sa stabilité, sur la mer protégée par des zones non piétonnes et qui est devenue un patrimoine à sauvegarder pour les futures générations. Et Dominique d'exhorter les européens ouverts à vivre ce passage : " Apprenez à contempler ce qui vous est donné, accueillez les frustrations et contrariétés de chaque jour. Toute la création, si vous en prenez soin, est là pour vous faire grandir dans votre vie intérieure".

Ces convictions qui auraient été prises comme celles d'un idéaliste ou farfelu au début du XXème siècle commencent à diffuser dans toutes les strates sociales, celles des gouvernants partageurs, celles des cadres bienveillants, ou encore celle des travaillants de la terre qui s'en réclament ouvertement.

Et puis, pour celles et ceux qui suivent sa voie appelée "voie de la libération intérieure", il les encourage même à vivre la liberté comme le fait de se réjouir, de consentir à ce qui n'a pas été choisi. Ainsi, il a invité à ce que l'obligation d'accueillir au moins un réfugié climatique par foyer soit vécue comme une chance et non une contrariété !

Heureusement que la nouvelle école de la respublica enseigne maintenant dès 6 ans , la méditation, l'accueil des petits camarades quel que soit leur passé et le silence en groupe qui aide chacun à mieux se connecter à lui-même avant de parler.

Quand je passe devant le dernier supermarché de ma cité, je m'amuse en lisant cette phrase qui a été sculptée juste au dessus du musée dénommé "musée de la consommation de masse"

" Ce bâtiment a été un supermarché qui accueillait des milliers de consommateurs, une espèce qui a disparu définitivement en 2025."

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Après l'incendie de Notre Dame de Paris, que reste t-il ?

23 Avril 2019 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

Tous hébétés devant ce drame lundi  15 avril  de Paris touché en plein cœur , sur l'île de la cité, avec l'embrasement nocturne de Notre Dame , un toit en bois qui s'effondre et une flèche qui tombe...et un air de catastrophe du 11 septembre 2001 pas loin dans les esprits. Beaucoup de commentaires dans les médias et même d'hommes politiques les plus divers. La cathédrale ne laisse personne indifférent, elle touche notre humanité profonde.

Que retenir de toute cette montée en puissance médiatique ? les 750 millions de dons publics et privés réunis en moins de 2 jours ? L'engagement du président de la république, Emmanuel Macron de reconstruire en moins de 7 ans ? ou encore, tous ces visages en souffrance, en pleurs, en tristesse tournés vers la cathédrale en flammes ?

Pour ma part, j'ai le désir de conserver deux images qui s'interpellent : la chute dans la fumée et les flammes mêlées de la flèche et le lendemain, la croix restée telle qu'elle derrière l'autel et un amas de débris tombés du toit : droite, digne et seule. Et si ces deux images fortes en émotions nous renvoyaient en miroir notre condition humaine sur terre. Trop haut , trop lointain, nous risquons la chute par trop d'ego, trop d'individualisme. Tout peut se détruire en une nuit, mais ce qui nous reste , c'est notre intériorité même si elle est encombrée de détritus, d'encombrants. Elle est libérée par la croix. Devant cette flèche qui tombe et cette croix qui résiste à la destruction, j'ai une pensée pour une des saintes les plus populaires de notre monde moderne , morte très jeune à 24 ans après 9 ans de vie monastique . Il s'agit de la petite Thérèse de Lisieux qui a vécu une vie spirituelle intensive, dans la souffrance de la maladie ( elle est morte de la tuberculose) mais dans une Espérance totale. Imaginons la petite Thérèse devant ce drame de Notre Dame, quel message pourrait-elle nous communiquer ?

Gardons nous de jouer les tout puissants. Prions pour que la destruction de Notre Dame de Paris réveille les consciences endormies quelle que soit la culture de chacun. Et puis, si Dieu le veut, elle sera reconstruite encore plus belle ! Patientons, la construction de la première cathédrale a commencé en 1167 et s'est terminée au XIV ème siècle, soit près de 200 ans plus tard.

Et si pour une fois, sans tomber dans le syndrome de l'après 11 septembre pour des américains voulant montrer leur toute puissance avec une tour nouvelle encore plus haute que les deux tours jumelles détruites, nous donnions le symbole de la simplicité, de la pauvreté dans la beauté sobre ?

Et si la flèche n'était pas remplacée, si le chantier mettait surtout en valeur le travail des futurs ouvriers avec un esprit coopératif ? Et si cette cathédrale du XXIème siècle devenait le symbole d'une intelligence collective ouverte à la différence des cultures et des croyances ?

 

 

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Champagne au congrès de l'intelligence collective à Marseille

3 Mars 2019 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

Champagne le 1er mars au parc Chanot à Marseille qui a rassemblé plus de 600 congressistes, facilitateurs en intelligence collective, coachs, formateurs, thérapeutes, responsables d'entreprises, de service public, bref un magnifique cocktail . L'esprit de bienveillance, et même de fête s'est invité tout au long de cette journée "soleil" sans pour autant  entendre le moindre son caractéristique de bouchon de champagne expulsé.

En effet, Champagne, de son prénom Claude est venu du Québec pour nous présenter une démarche qui a franchi l'Atlantique dans les années 1990 et se répand à une vitesse exponentielle dans l'entreprise comme dans le secteur public en France. Son nom : le codéveloppement professionnel (1). Psychologue formateur à la cité de la santé de Montréal à l'époque, il en est le co fondateur avec Adrien Payette. Champagne et Payette, avouez que ce duo donne un air de fête !

Avec un fond d'humour québécois et une vraie posture d'humilité, Claude nous a embarqué pendant près d'une heure dans le récit du codéveloppement . Passionnant. De sa rencontre inattendue avec Adrien Payette dans une librairie de Montréal qui va souder une amitié durable, à l'expansion du codéveloppement autant en France qu'au Québec. Avec nuance, il a clairement indiqué les zones d'innovation acceptables comme l'utilisation du dessin pour aider le client à clarifier sa problématique, voire la co animation à deux. Mais il a su aussi dire que le codéveloppement "flash" en moins d'une heure n'est pas du codéveloppement. En effet ce processus donne du temps au temps. Et une de ces richesses en tant qu'outil d'intelligence collective, de cohésion d'équipe, et de créativité, est bien d'offrir un réel espace de confiance pour contribuer à l'accouchement d'une piste concrète et même d'un plan d'action pour celui ou celle qui est client. Le codéveloppement se révèle un outil potentiellement puissant né d'une mixité entre la culture française de rigueur ( méthodologie précise en 6 étapes) et la culture nord américaine offrant le goût du spontané ( l'étape de consultation dans laquelle la divergence est même encouragée).

Cette rencontre avec Claude Champagne très authentique et simple dans sa posture en pleine congruence avec sa présentation , a été riche en émotions. En tant qu'animateur de groupes de codéveloppement professionnel ( GCP), je me suis senti en phase, en empathie forte avec la qualité de sa présence.

Avec un mélange subtile de légèreté et de  profondeur, il nous a rappelé le fondement théorique de la démarche avec pas moins de  8 inspirateurs du codéveloppement dont parmi eux Kurt Lewin, le père de la dynamique des groupes et Carl Rogers, le fondateur de l'approche centrée sur la personne.  Souple d'adaptation, le processus de codéveloppement peut contribuer à plus de compréhension, de cohésion, de désir de faire ensemble au sein des organisations. Laissons le dernier mot à notre pétillant Claude Champagne avec sa citation finale qui le résume bien dans sa philosophie de vie, toile de fond du codev :

" La vraie force de l'intelligence n'est pas de comprendre les choses compliquées mais de les dépouiller de ce qui les empêche d'être simples" (2)

 

(1) pour en savoir plus sur le processus du codéveloppement, voir site

de l'association française www.afcodev.com

(2) de Pierre Billon, romancier et scénariste québécois

 

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L'ESPERANCE POUR SORTIR DES BRUMES SOCIALES

19 Décembre 2018 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

En pleine débâcle  mêlant le mouvement issu des réseaux sociaux des dits "gilets jaunes" mais qui ne montrent pas la sécurité de cet habit, des revendications catégorielles des uns et des autres, et notamment des policiers exacerbés par leur mobilisation pour faire face pendant 5 semaines aux citoyens "gilets jaunes", comment sortir de cette confusion sociale, des discours simplistes autour d'un gouvernement "dépassé", autiste et finalement sabotant le lien social, fracturant les représentations entre une élite, une classe sociale aisée surfant sur la vague, une classe populaire aux abois avec des fins de mois de plus en plus durs et les laissés pour compte  ?

Loin des idées pour sortir de cette crise-crispation, référendum d'initiative citoyenne, grande consultation sociale, des mesures symboliques pour rassurer les personnes aux revenus fragiles, je suggère de regarder ce qui n'est pas assez regardé par notre focale médiatico-politique, les signes d'ESPERANCE qui ne sont pas dans le ciel mais sur terre.

Quelques signes que j'observe parmi d'autres :

- la participation de plus en plus de personnes  dans les mouvements citoyens autour de valeurs humanistes, écologistes pour plus de solidarité active, concrète. Les colibris, les restos du cœur, les collectifs locaux de solidarité, etc...en sont de vivants témoignages.

- la prise de conscience des plus fragiles qui ne supportent plus cet écart exorbitant, indigne, répugnant avec les grandes fortunes quand les analystes économiques confirment que l'écart s'est encore accru ces dernières années.1%  constitué des grands milliardaires posséderaient plus de 50  % des ressources du monde !

- probablement, sans posséder de statistiques, de plus en plus de personnes pratiquent une méditation religieuse ou laïque dans le monde et en France et en font une hygiène de vie. A quand des temps de méditation silencieuse avant les débats politiques à l'Assemblée nationale, avant un conseil des ministres ou avant toute réunion d'instance de dialogue social ? Ces pratiques contribuent, de manière discrète, invisible, humble à réguler les mouvements de révolte, de colère grondant dans la société de la rue. En tout cas, c'est ma conviction.

- une jeunesse ( trop peu médiatisée) qui renonce à une vie "rangée" pour revenir au contact de la nature, monter une entreprise agricole, de maraichage ou revenant à une sobriété volontaire pour sortir de la tendance à la surconsommation et aux gaspillages.

- les solidarités de voisinage qui se font sans bruit, sans média avec du covoiturage auprès des seniors peu mobiles, de personnes SDF , de partage de bien ou de nourriture.

Enfin, en cette veille de Noël, je veux rendre hommage à ces femmes et ces hommes qui ne sont pas forcément sous les feux des médias et qui portent en elles mêmes, quand on les écoute, cette petite flamme qui brille dans leurs yeux. Oui, elles nous disent par leur écoute, par leur posture, par leur silence bienveillant que tout reste possible malgré les portes qui semblent se fermer, que le verbe ESPERER signifie aussi croire que je peux transformer ma réalité au delà de tout ce qui semble figé, contraint, bloqué. Parmi elles, les poètes ont souvent trouvé les mots justes pour faire vibrer au fond de notre cœur parfois meurtri la corde de l'Espérance. Laissons nous porter par  ces mots d'insurrection  d'Andrée Chédid, poétesse.

J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie.

Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits.

Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries.

Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir.

J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur.

 

 

 

 

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Une minute de silence pour commencer

26 Septembre 2018 , Rédigé par Michel BERNARD Publié dans #témoignages

C’était juste après l’attentat contre le journal de Charlie Hebdo en janvier 2015 et le premier Ministre avait demandé à tous les services de l'Etat et aux organismes publics de prendre une minute de silence en hommage aux victimes de cette atrocité au cœur de Paris. Je m’en souviens encore. Cette minute à laquelle j’avais participé au milieu de fonctionnaires, de sportifs, de jeunes avait eu un effet fort de résonance empli d'un sentiment d’unité et de solidarité entre nous.

Ces minutes de silence que nos rituels conventionnels nous proposent pour des moments tragiques comme celui de Charlie Hebdo, le décès brutal d’une personnalité reconnue dans un milieu sont effectivement chargées d’une émotion communicante.

Mais, je constate aussi que notre société reste encore bien bruyante. Bruyante avec ces infos en continue sur les radios, sur certaines chaines de télé. Et parler dans une réunion institutionnelle est parfois une manière de dire « j’existe ». Quelqu’un qui ne parlerait pas, qui se contenterait d’écouter pourrait passer pour  une personnalité effacée et invisible.

Or, je voudrais redire, à ma manière, le pouvoir du silence, pas n’importe quel silence, le silence choisi. Bien sûr, ceux qui pratiquent la méditation chaque jour, connaissent ce pouvoir qui les aide à trouver la porte du silence intérieur capable d’apaiser le vagabondage du mental agité. Bien sûr, ceux qui ,en montagne, connaissent bien la joie , après un effort souvent long et parfois rude de marche montante, de toucher le sommet et alors spontanément font  silence pour contempler un paysage , un panorama  à 360 degrés. Il y a des lieux de nature qui appellent naturellement au silence, près d'un lac de montagne, dans une forêt, portes du temps présent pour contempler simplement.

 

Il reste que nos lieux sociaux, nos réunions professionnelles, associatives, nos "débriefs" manquent cruellement de ce silence. A peine les présentations faites, l’ordre du jour posé et c’est parti pour un échange, un argumentaire, des objections, des contradictions…Un des théâtres les plus emblématiques de ce manque de silence me semble être notre assemblée nationale en France, une ruche au cœur du Palais Bourbon à Paris.

Dès qu’une parole dérange, celle du représentant de l’Etat, de la majorité, de l’opposition et ce sont des gestuelles virulentes, des rumeurs orales qui virevoltent dans un lieu qui semble parfois asphyxié par trop de parole, de parole superficielle, non intériorisée …

Je fais un rêve, un rêve éveillé. Toutes les séances de l’assemblée nationale commencent par une minute de silence, non pas pour se recueillir sur un illustre disparu,mais pour recréer un lien entre les députés de tout bord qui se rappellent qu’ils sont d’abord hommes ou femmes dotés d'humanité avant de se parer de leur étiquette politique. Christophe André, le célèbre psychiatre spécialiste de mindfulness ou méditation de pleine conscience est intervenu en décembre 2017 à la demande de députés pour leur présenter cette démarche de débranchement du mental pour se reconnecter à soi et au présent  . Une lueur se lève. Je fais encore un rêve. Et si toutes nos réunions prenaient une seule minute de silence avant de démarrer.

Chacun ayant liberté pour habiter cette minute : se reconnecter à soi, à ses sentiments du moment, à son corps   ; une minute pour se détendre tranquillement en reprenant conscience de sa respiration, une minute pour sourire à soi et aux autres, bref une minute de « restauration » pour sortir du mental qui occupera largement sa place dans la réunion.

Utopie, pensez-vous ?

Quelques arguments très rationnels pour cette minute de silence pour soi :

  • Elle ne coûte rien financièrement. Elle ne coûte pas de temps significatif.
  • Elle peut contribuer à une meilleure connexion entre les personnes partant du constat que chacun sera plus en connexion avec lui-même, plus détendu…
  • Elle peut être expérimentée sur une période (sans risque)  avant d’être confirmée ou non.

Des contre indications ?

Je n'en vois aucune si ce n'est , par manque d'habitude, la difficulté probable de beaucoup de personnes à trouver la bonne posture sans se sentir ni gênées, ni bloquées par ce silence inhabituel. Peut être que des slogans publicitaires pourraient inciter à respirer profondément, tranquillement pendant cette minute. La recherche scientifique confirme l'importance de respirer plus amplement pour absorber plus d'oxygène par minute mais aussi éliminer plus facilement le CO2 .

Et puis, sur un plan purement biologique, l'homme n'a pas été créé pour parler sans cesse. Au contraire, en rencontrant des hommes et femmes de silence comme les moines et moniales dans leur monastère, je mesure combien leur parole est vraiment habitée quand ils reçoivent un hôte. Ainsi, à partir de  cette minute de silence ritualisée et initiatique,  pourrait être insufflée une pédagogie nouvelle du silence  dès le plus jeune âge dans les lieux très bruyants des écoles et en retirant les écouteurs des oreilles.

" Si le mot que tu vas prononcer n'est pas plus beau que le silence,

ne le dis pas."

Un précept d'origine soufiste qui pourrait bien changer

la tonalité de nos réunions s'il était appliqué avec discernement.

 

 

 

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