Les seigneurs de la Terrre : une BD qui secoue nos valeurs fondamentales

27 mars 2016 7 27 /03 /mars /2016 00:39

Les seigneurs de la Terrre : une BD qui secoue nos valeurs fondamentales

Florian est un jeune et brillant avocat du barreau de Lyon et qui vit une dolce vita avec Anne, belle et amoureuse, issue comme lui du même milieu agricole. Du haut de leur belle terrasse avec vue sur le Rhône, tout semble aller pour le mieux pour ce jeune couple qui a quitté volontairement la Terre pour profiter des plaisirs de la vie mondaine lyonnaise. Mais quand Florian, à la demande de son père, président d'une coopérative agricole, accepte de jouer l'interprète pour un voyage d'étude au Paraguay, un premier basculement s'opère. Florian découvre en direct la violence de l'exploitation des petits paysans expulsés par un grand groupe agricole ...partenaire de la coopérative dont son père est président !

Cette BD toute récente est d'une part magnifiquement illustrée par un dessinateur, Luca qui sait capter notre regard par la pureté des couleurs et des courbes des paysages comme la finesse des traits des visages des personnages et d'autre part est scénarisée par Fabien Rodhain, écrivain humaniste, conférencier, auteur de pièce de théâtre et expert en codéveloppement (1). Elle bénéficie du soutien de Pierre Rabhi qui précise dan sa préface : "Tous les talents sont invités à aider à prendre conscience de notre inconscience pour se mettre au service d'une vision plus réaliste du monde". C'est à cette idée que Fabien Rodhain et Luca Malisan ont dédié leur ouvrage Les Seigneurs de la terre."

J'ai été moi-même très accroché par l'histoire de Florian tiraillé entre la recherche d'une reconnaissance d'un statut social, du bien vivre à Lyon pour faire aussi plaisir à Anne qui a définitivement rejeté le milieu agricole et son désir émergeant de revenir travailler la Terre. Ainsi, nous sommes conduits à revisiter nos valeurs, nos valeurs fondamentales que j'aime nommer nos valeurs "racine", celles qui nous font tenir debout quand rien ne va plus ou encore celles qui nous aident à nous orienter par temps de tempête ou quand un choix décisif se pose. Pour Florian, la valeur reconnaissance sociale et amour pour Anne pourrait l'inciter à rester dans sa vie lyonnaise. Or, sa vie professionnelle ne l'enchante pas dans le fond : il s'est spécialisé dans les affaires de divorce, ce qui ne semble pas vraiment son motivateur premier. Dans un dialogue avec Anne, il se lâche " Tu crois que c'était mon rêve quand je me suis lancé dans le droit ?". Et c'est bien là un des creusets de nos existences : " aller au bout du rêve que l'on s'est forgé" et si je constate que le réel n'est pas à la hauteur du rêve, que décidez ? Rester parce qu'il est trop difficile, trop tard, trop risqué de changer... ou bien se requestionnner, en replongeant dans ses valeurs "racine", à 30 ans, 40 ans, 50 ans et plus autour de son choix de vie professionnelle et oser expérimenter un autre cap ??.

Bravo à Fabien de poser à coup de dialogues parfois musclés ( fils-père) un scénario questionnnant et dérangeant autour du personnage de Florian agité par des valeurs contradictoires, et enveloppé d'un certain mystère lié à une enfance particulière. Et si Florian nous ressemblait un peu, beaucoup avec ses valses hésitations dans ses choix, dans ses aspirations, dans ses impulsions parfois même violentes. Bref, une bande dessinée que j'ai lue, relue et relue car elle ne s'épuise pas à la première lecture. Elle contribue assurément à remuer le lecteur, à le labourer comme un champ pourqu'il retrouve de la fertilité...

(1) pour en savoir plus sur le codéveloppement, site www.codeveloppement-académy-com

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