Titre qui peut surprendre : éloge de la vulnérabilité à l'heure de la glorification des gagnants de ce monde : les réussites commerciales, économiques de multinationales, de banques, de starts up, d'artistes ou encore les réussites sportives de ceux qui gagnent et qui affichent leur hégémonie .
Pourquoi faire l'éloge de la vulnérabilité dans un monde qui prône le culte
de la performance, de la gagne ou encore du pouvoir ?
D'abord, j'en appelle à la fragilité de nos structures d'organisation humaine face aux phénomènes météorologiques récents. Le cyclone Irma qui a ravagé l'île de Saint Barthélémy aux Antilles et la crue historique de la Seine que les spécialistes de la protection des eaux ont bien du mal à endiguer. Au XXIème siècle, à l'ère d'une modernité technologique, des robots, de l'intelligence dite artificielle, notre planète reste cependant sous le coup de risques cycloniques, sismiques, ou encore d'inondations ou de réchauffement climatique pour lesquels , les moyens de prévention semblent parfois dérisoires.
La vulnérabilité signe aussi l'acceptation de sa fragilité humaine. Et la psychologie positive montre que cette fragilité est bien une part inhérente à la nature humaine et , qu'au contraire de vouloir la cacher, la nier, en témoigner peut contribuer à un rapprochement du lien social parfois dilué dans nombre de lieux de travail. La fragilité n'est pas nouvelle. Notre psyché est colorée de zone de soleil, nos forces de vie, de résilience que Martin Seligman, psychologue américain a su promouvoir avec son questionnaire (1) déjà utilisé par plus de 3 millions de personnes dans le monde . Ces zones de soleil ont aussi leur contre partie avec l'ombre, cette partie que nous avons bien du mal à accepter, à accueillir, et que nous refoulons au plus bas de l'inconscient. Apprivoiser son ombre, comme l'indique le titre du livre de Jean Montbourquette, psychologue québécois, est un chemin qui vise à "repérer" autant que possible , dans un travail patient d'observation de soi, de ses rêves, d'un retour à l'enfant blessé, ce que nous avons rejeté de notre personnalité.
Accueillir sa vulnérabilité, c'est un peu entrer dans la posture d'un artiste sculpteur qui souhaiterait recoller deux parties complémentaires d'un cercle : un demi cercle solaire et un autre demi cercle dans l'ombre. Il y a un enjeu individuel à "recoller ces deux parties" pour trouver davantage de cohérence, d'unité et de liberté intérieure...dans un travail sur soi patient . Il y a aussi un enjeu social car j'observe que les individus qui "héritent" de situation de pouvoir important sur un Etat, une entreprise, ou un business et qui n'ont pas appris à accueillir cette vulnérabilité liée souvent à une enfance propre à chacun, peuvent se laisser submerger par leur Ego. Quel risque ? A l'image de ce qui se passe aux Etats Unis avec un président "hors norme", Donald Trump , qui peut prendre des positions et des décisions impulsives, irrationnelles, manifestation d'un EGO immature et d'une non reconnaissance de sa fragilité interne.
Dans l'histoire biblique, Saint Paul a insisté sur une conviction qui peut faire débat par son paradoxe "C'est lorsque je suis faible que je suis fort." Sans vouloir jouer les exégètes, il me semble que cette croyance déjà très intuitive pour son temps pourrait se traduire aujourd'hui par : " Accueille ta fragilité, ta vulnérabilité et tu gagneras en force intérieure."
En ce début d'année, je formule un voeu, sous forme d'une intention envoyée à l'univers, pour que davantage de grands leaders politiques, d'entreprises publiques et privées, d'organisations ancrent leur engagement et leur vision à partir de cette forme de lucidité et d'humilité. Car c'est l'ensemble de l'humanité qui est concernée.
(1) site américain www.viacharacter.org