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31 mars 2021 3 31 /03 /mars /2021 17:53

Contribution avec les 3-3-3 (😀)

« Imaginez que l’on vous montre avec certitude qu’il n’y aura jamais d’effondrement et qu’il  n’y a strictement aucun souci à se faire pour l’avenir. Que feriez-vous alors pour changer de vie ? Rien. Imaginez que l’on vous annonce avec certitude que l’espèce humaine disparaitra en 2042 à cause d’une météorite géante. Que feriez-vous ? Passer la fin de votre vie au bistrot à la mode « aquoiboniste ». …Et nous nous trouvons en équilibre, sur cette fine crête située entre l’incertitude radicale des événements à venir et la conviction qu’il est physiquement impossible de continuer notre mode de vie. »

Ce décor d’une cruelle lucidité est posé par trois scientifiques devenus chercheurs in-Terrre-dépendants : Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle  à travers leur ouvrage collectif : « Une autre fin du monde est possible » (1) publié en 2018 et terriblement d’actualité. En face de cette incertitude radicale d’une civilisation humaine qui peut s’effondrer dans le siècle en cours, il y a lieu de poser au moins trois constats :

1 quelle que soient les progrès de la médecine, l’espèce humaine comme toute espèce vivante est mortelle. Nous avons à réhabiliter notre finitude en  nous rappelant avec humilité que si notre planète vieille de 4 milliards et demi d’années avait cette durée ramenée à une journée de 24 heures, notre espèce humaine serait apparue uniquement dans les 5 dernières secondes.

2 Le réchauffement climatique continue sa progression ( déjà +1 degré au XXème siècle en France) avec des hypothèses situées entre +4 à +8 degrés en 2100 alors que l’accord de Paris de la COP 21 visait à maintenir l’augmentation de température sous la barre des 2 degrés. Avec toute son avalanche de conséquences sur la vie humaine ( des millions de réfugiés climatiques), de la raréfaction de l’eau, de la réduction encore accrue de la biodiversité et des ressources naturelles …

3 A ce jour, la plupart des gouvernements ne prennent pas les moyens suffisants pour réduire ce réchauffement de manière radicale. Bref, même si les experts scientifiques du GIEC (groupement intergouvernemental des experts pour le climat) rabâchent régulièrement leur alerte et leur inquiétude fondée concernant l’impasse dans laquelle avance notre monde, les décideurs politiques entendent certes, savent certes mais n’agissent pas avec tout le courage, la détermination et la stratégie à la hauteur de ces enjeux de civilisation.

Comment nous situer devant ces réalités d’aujourd’hui et d’un monde de demain  ? Joanna Macy, écophilosophe et activiste américaine de renom depuis plus de 50 ans, dans son ouvrage « l’espérance en mouvement » (2) illustre trois types de comportement sous forme de trois histoires :

1 On fait comme d’habitude comme si de rien n’était.

C’est l’histoire que raconte la plupart des décideurs politiques et des dirigeants de grandes entreprises. C’est la croissance économique qui nous sauvera et nous trouverons bien des moyens technologiques de faire face à la réduction des ressources naturelles et au réchauffement climatique…Question : jusqu’à quand ce modèle d’une société productiviste consommatrice peut-il perdurer ?…alors que nous savons qu’il faudrait déjà trois planètes si tous les habitants de la terre avait le même niveau de consommation qu’un européen ( et 5 planètes pour une consommation comparable à celle d’un américain) ?

2 La grande désintégration.

Devant le risque de catastrophes déjà présentes et annoncées ( déclin, crise économique, épuisement des ressources, changement climatique, extinction des espèce, guerre, violence…), il y a une perte de confiance dans le futur avec un sentiment mêlé de « qu’est ce que je peux y faire ? », de fatalisme, d’impuissance et de grande tristesse pour les générations futures. Question : comment sortir de ces sentiments de peur, d’impuissance, ou encore de pessimisme ténébreux ?

3 Le changement de cap.

Les deux premières histoires qui peuvent cohabiter aussi en nous ( alternance de «  je ne change rien, tout va bien pour l’instant » avec une montée d’inquiétude viscérale suite à une émission de télévision alarmiste) contribuent à des comportements passifs, de résignation, ou de déni même du réel. Aussi, Joanna Macy propose une troisième voie qu’elle qualifie de « changement de cap ». De quoi s’agit-il ?

Elle part d’une vision du passage d’une économie fondée sur la croissance industrielle qui nous emmène dans une impasse à une société de soutien du vivant. Cette vision se fonde sur des éléments de constat, notamment la réalité de plus d’un million d’organisations dans le monde œuvrant déjà pour la durabilité écologique et la justice sociale  sans compter toutes les actions de résistance citoyenne comme celles influencées auprès des jeunes par la jeune activiste suédoise Greta Thunberg. Cette voie qui invite à jouer collectif encourage un engagement actif. Cependant, Joanna Macy souligne que ce changement de posture passe par un changement de conscience individuelle avec plus de compassion, de sentiment d’appartenance et de gratitude pour la  beauté du vivant et de notre planète.

En contributeur pour un changement de cap, je propose de l’éclairer avec au moins  trois axes d’évolution que plusieurs auteurs engagés  reprennent dans leur philosophie pour un nouveau monde :

1 Retrouver,  chacun à sa manière, un lien de proximité avec les espèces vivantes non humaines , arbres, fleurs, animaux sur terre, sous terre, dans le ciel et en mer.., Cette nouvelle reliance passe par exemple par le changement de regard sur les arbres  qui sont effectivement les grands protecteurs de notre santé par leur travail quotidien de captation du carbone, du rejet de l’oxygène dans l’atmosphère, de l’évapotranspiration pour nous rafraîchir en forte canicule, ou encore renforçant notre système immunitaire avec l’effet des phytoncides. C’est en plus les considérer comme des partenaires de vie qui peuvent nous communiquer à leur manière des enseignements et de la sagesse à travers leur longévité et leur force tranquille.

2 Travailler son engagement pour un changement de cap à partir de son intériorité. C’est notamment l’approche proposée par Michel Maxime Egger (3), sociologue et écothéologien suisse qui évoque la posture du méditant militant. Il souligne que la force d’un engagement dans la durée s’enracine avant tout dans un désir profond du cœur…et que ce désir peut émerger grâce au silence intérieur et à la méditation. Ainsi, dans une conférence récente, il insiste sur une attitude intérieure qu’il nomme le « non agir », une forme de lâcher prise qui ouvre la possibilité à l’énergie du vivant d’agir à travers nous. Nous sommes ainsi en dehors du dictat du petit égo qui aurait envie  d’être admiré en jouant le rôle d’un militant d’une grande cause écologique…

3 Collectivement, pour sortir des scénarii conditionnant de sociétés modernes ultraconnectées, robotisées, avec l’intelligence artificielle ou encore de scénarii catastrophes dont les films à grand spectacle ont imprégné notre cerveau  d’images mentales, il semble opportun d’inventer une nouvelle histoire, un nouveau récit. C’est notamment ce que suggère Cyril Dion (4), coauteur du film Demain et cofondateur avec Pierre Rabhi du mouvement Colibris.

Comment ? Partir déjà de l’existant même à petite échelle comme les oasis promus par Pierre Rabhi (5) qui sont des espaces de vie, de travail, de communauté cherchant à vivre dans le respect de la nature et de la sobriété…heureuse . Faire émerger une vision d’un futur désiré qui donne envie, qui fédère de manière large une population dans ses diverses composantes, jeunes, salariés, retraités, hommes et femmes…

Et si….nous imaginions ce nouveau monde aujourd’hui comme le suggère Joanna Macy.

« Quand nous mettons en images l’avenir que nous espérons,

nous renforçons notre conviction que cet avenir est possible ».

 

😀 3-3-3 = 3 constats-3 types de comportement-3 pistes ou axes d’évolution.

  1. Une autre fin du monde est possible – Vivre l’effondrement (et pas seulement y survivre) : Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Gauthier Chapelle ; 2018
  2. L’espérance en mouvement ; Joanna Macy et Chris Johnstone ; 2018
  3. Ecospiritualité, réenchanter notre lien à la nature ; Michel Maxime Egger ; 2018
  4. Petit manuel de résistance contemporaine ; Cyril Dion ; 2018
  5. Vers la sobriété heureuse ; Pierre Rabhi ; 2010
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  • Michel BERNARD
  • Coach, praticien appreciative inquiry, et formateur en ressources humaines et management, j'ai à coeur de faire partager mes découvertes autour de la psychologie positive et de la pédagogie du "mieux apprendre".
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