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9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 20:26

Mercredi soir, la télévision nous offre une nouvelle émission : l'étoffe des champions.  Loin des clichés des émissions dites de télé-réalité, j'observe quelque chose de neuf : de vrais entraîneurs ont accepté de coacher chacun une équipe de 3 hommes et 3 femmes sur des défis sportifs. Trois équipes : les bleus, les jaunes et les rouges !

 

Bien sûr, l'exposition médiatique et notamment le commentaire cherche à valoriser chaque coach derrière son équipe, voire à réhabiliter l'image d'un Raymond Domenech (1) en procès actuellement avec la fédération de football qui l'a licencié. Ainsi, le commentaire en voix off : " Vous l'avez détesté,  vous allez l'adorer !" Il n'empêche que nous voyons concrètement trois coachs à l'oeuvre en préparant leur équipe composée d'hommes et de femmes de niveau sportif très varié : ce ne sont pas des champions ! Et j'ai  repéré trois manières très différentes de coacher. Décryptage !    Domenech-930_scalewidth_630.jpgDans une salle, deux par deux , chaque coéquipier se présente à l'autre et Raymond Domenech observe, passe, sourit...Il explique que c'est sa manière à lui de créer une cohésion de groupe à partir de la connaissance des uns par les autres. La méthode est une classique notamment dans le démarrage d'un stage de formation de communication avec A qui interviewe B et qui présente B devant le groupe.

Quant à Thierry Rey, ancienne gloire du judo français (2), il emmène son groupe sur le tatami de judo, chacun ayant revêtu la tenue rituelle du kimono blanc. Et une participante de se dire "impressionnée" devant ce coach. En effet, Thierry Rey a choisi son propre terrain de prédilection pour  se positionner face au groupe. Et le plus ancien, Jean Claude Perrin (3), avec un ton malicieux et un visage "plein de gouaille" emmène son groupe en pleine nature sur des exercices d'équilibre sur une poutre avec lancer de ballon par deux. EJean-Claude-Perrin-930_scalewidth_150.jpgt il précise : " Ce qui compte d'abord, c'est créer la confiance au sein de l'équipe".

Ce qui m'a surtout frappé, c'est la posture très spécifique de chacun. Raymond Domenech, dont l'équipe des rouges va perdre le premier défi sportif, déversera son mécontement de manière sèche et  culpabilisante sur  un membre masculin, plutôt costaud, qui n'a pas respecté les consignes données et "coupable" d'avoir fait perdre. Est ce bien la meilleure méthode pour aider une équipe à gérer un échec....en désignant le bouc émissaire !?

Pour Thierry Rey au regard très concentré et très sérieux, il va connaitre une situation non prévue par le scénario : une femme de l'équipe tombe, se blesse en franchissant la ligne d'arrivée et pique une petite crise de nerf. Thierry va tout de suite à son "chevet" puis, devant la caméra explique avec l'aplomb du maitre que : " l'accident fait partie du sport et qu'il est à accepter de fait". Où est l'attitude empathique d'un coach qui entend d'abord la souffrance et aussi la colère de celle qui préssent que l'aventure est peut être terminée ?!. article_REY.jpg

Jean Claude Perrin apparait un peu décalé par rapport au sérieux investi par ses deux collègues coachs. Ayant gagné (comme par hasard ) avec son équipe le premier défi, celle ci a droit à une journée spéciale et nous les retrouvons sur une descente rapide de rivière en raft. Jean Claude partage avec spontanéité ses émotions de joie avec toute l'équipe. Effectivement, la victoire soude, mais au demeurant,  je crois que la personnalité du coach est rassurante depuis le départ. A aucun moment, il joue la super star. Il apparait comme proche, exigeant certes, mais rassurant dans son non verbal toujours teinté d'une pointe d'humour. Je n'en déduis pas pour autant que le meilleur coach des trois, c'est lui...car son côté "protecteur" peut aussi être vécu comme étouffant. 

Et finalement, avec toute l'expérience de chacun au plus haut niveau, nous découvrons trois coachs qui tâtonnnent, se cherchent aussi pour se positionner face à des individus qui ne sont pas des champions et qui ont leur propre personnalité de l'introverti qui parle peu, reste en retrait du groupe jusqu'à celui prêt à tout pour réussir et empocher les 50 000 euros promis par l'émission.

La première leçon de coaching donnée à travers l'émission, c'est bien l'acceptation du tâtonnement car un coach reste un être humain qui vise d'abord à s'adapter, à s'ajuster à la personnalité, aux croyances, au niveau de confiance en soi de la personne coachée. Et un coach professionnel, en tant qu'accompagnateur, ne se sent pas dépendant de l'échec de son coaché même s'il peut se sentir solidaire et aider un discernement sur les raisons de l'échec. Là est peut être le différentiel entre le coach sportif ou l'entraîneur vivant émotionnellement, dans les tripes, les réussites et les échecs de son équipe ( et dans la réalité des clubs pro, pouvant jouer sa place s'il y a accumulation de  mauvais résultats pour son équipe) et le coach, exerçant un accompagnement professionnel. En effet, pour celui-ci, la visée prioritaire est bien l'autonomie du coaché et dans ce sens, un accompagnement aidant pour qu'il développe sa propre capacité à gérer lui-même ses réussites...comme ses échecs !

 

(1) ancien sélectionneur national de l'équipe de France de football et médiatisé notamment autour de l'échec de la France en coupe du monde de football en Afrique du Sud en 2010.

 

 (2) ancien champion du monde et olympique de judo en 1980 et  depuis, expérience de coach sur diverses structures de haut niveau en judo.

 

(3) entraîneur de l'équipe de France de saut à la perche dans les années 1980

 

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