Charly Hebdo, le Bataclan, le 14 juillet à Nice, et récemment la commune de Saint Etienne du Rouvray, autant de noms qui évoquent dans notre conscience collective des drames sanglants du terrorisme aveugle qui frappe des cibles symboliques et plongent des familles dans le deuil ou encore créent chez les survivants des blessures physiques et/ou psychologiques difficiles à réparer. Beaucoup d'experts semblent affirmer que cette stratégie perverse sur le sol français très durement touché n'est pas un hasard. Il s'agit de créer un effet de tension civile autour de la religion musulmane ( même si ces actes terroristes n'ont pas grand chose à voir avec...sauf un alibi pseudo religieux), une division au sein de la société par rapport aux migrants, par rapport aux déséquilibrés psychiques qui pourraient apparaitre comme des personnes à potentiel terroriste. Le risque d'amalgame, de simplisme, de résurgence d'une durcissement social est bien pointé.
Heureusement, face à ce risque dans un climat de torpeur où chacun peut se dire " Je n'ai pas intérêt à être au mauvais endroit au mauvais moment...", des voix humaines s’élèvent et se révèlent pour refuser d'être aspirées par cette violence engendrant la violence. Ainsi, Antoine Leiris qui a perdu sa femme Hélène tuée dans le massacre de la salle de spectacle du Bataclan à Paris en novembre 2015, et qui a écrit un livre au titre très engagé : "Vous n'aurez pas ma haine". Père d'un petit garçon de 17 mois, il a exprimé un premier message sur sa page facebook .
"Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur. Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes.
Oui, Antoine Leiris, qui se positionne en simple citoyen, ouvre une voie à tous les citoyens sans attendre des leaders de la non violence comme Martin Luther King dans les années 60 aux États Unis ou encore le mahatma Gandhi au moment de l'occupation de l'Inde par la Grande Bretagne.
Comment résister à la tentation du jugement condamnation de ces terroristes auteurs de barbarie sans nom ou encore à la tentation de créer des généralisations sur la personnalité de ces hommes qui acceptent de mourir en tuant autour d'eux des innocents ?
D'abord, prendre distance avec le discours médiatique et la répétition à outrance sur les écrans des sites touchés par le terrorisme. Les faits sont là, dure réalité pour les victimes et familles et grosse secousse émotionnelle et compassionnelle pour beaucoup d'entre nous.
Oser vider, hors oreilles extérieures, ce trop plein, cette exaspération, cette colère et indignation ou autre sentiment violent qui peut surgir mêlant la peur, la colère, le désir de vengeance, etc...
Cet acte de vérité avec soi même, cette vidange émotionnelle, me semble un préalable pour se reconnecter à soi, à une source de bonté et de bienveillance qui sommeille en chaque homme. Et si chacun imaginait au fond de son cœur la réalité d'un espace de paix, de sérénité, un espace dans lequel il pourrait revenir au creux de moments de tension ?
Ce pourra être le sommet d'une montagne pour certains et pour d'autres, une plage avec un lever de soleil...
Pour ma part, cet espace intérieur où je peux me réfugier ressemble à un lac aux eaux transparentes bleutées entouré d'un écrin de sapins. Les rayons du soleil en éclairent la surface et lui donnent une atmosphère de tranquillité éternelle.
Celles et ceux qui pratiquent la méditation ou le recueillement dans le silence alimentent de manière invisible ce courant de paix. Certes , tout ce mouvement individuel et collectif ne fait pas la une des médias et pourtant...
En temps de terrorisme sur médiatisé, une urgence me saute aux yeux , celle de retrouver chacun à sa manière une connexion à son intériorité, à son sage intérieur, à son espace refuge de paix.
La paix n'est pas une espérance extérieure à l'homme, un vœu pieux ou encore la simple absence d'un état de guerre, La paix est cette perle précieuse donnée à chacun à la naissance , ce capital bonté, pour lequel les psychologues positivistes ont démontré qu'il est profondément inscrit dans la nature humaine
( ex : la coopération volontaire observée de jeunes enfants entre eux quand l'un exprime une perte ). Et celui qui symbolisa la fin de l'apartheid en Afrique du Sud et qui a passé plus de 27 ans en prison, Nelson Mandela confiait cette conviction qui l'a fait tenir debout malgré tout :
« J’ai toujours su qu’au plus profond du cœur de l’homme résidaient la miséricorde et la générosité. Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. (…) L’amour naît plus naturellement dans le cœur de l’homme que son contraire. Même aux pires moments de la prison, quand mes camarades et moi étions à bout, j’ai toujours aperçu une lueur d’humanité chez un des gardiens, pendant une seconde peut-être, mais cela suffisait à me rassurer et à me permettre de continuer.
La bonté de l’homme est une flamme
qu’on peut cacher mais qu’on ne peut jamais éteindre » .
Et si nous étions, à la veille de l'ouverture des jeux olympiques de Rio de Janeiro au Brésil, des relais vivants et discrets de cette flamme de paix . Dans le monde, plus de 7 milliards d'êtres humains et près de 400 000 nouveaux nés par jour sont concernés.