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9 septembre 2018 7 09 /09 /septembre /2018 22:57

Dans une de mes fonctions, j'assure la rentrée scolaire avec une équipe éducative d'un internat de jeunes de 11 à 20 ans. Et, dans un rituel bien rôdé depuis plusieurs années, je leur communique , avec le responsable de l'internat, l'ensemble des us et coutumes acceptables pour un vivre ensemble, c'est-à-dire un commentaire du règlement intérieur qui fixe le cadre et les règles collectives.

Exercice bien connu dans les établissement d'enseignement . Or, depuis plusieurs années, j'ai constaté que le niveau d'attention de ces adolescents bouillonnants, plein de vitalité et parfois épuisants pour l'orateur, changeait radicalement quand je leur propose de leur raconter l'histoire de Pierre Rabhi (1) concernant un petit oiseau, le colibri. Cette année, comble de bonheur et d'étonnement, j'ai même eu droit aux applaudissements ! Comment cette histoire touche-t'elle autant les adolescents. Ecoutons la d'abord avant de tenter une réponse.

Un jour, dans une grande forêt se déclare un feu. Très vite , il se propage et les animaux

effrayés s'enfuient pour échapper aux flammes galopantes. Parmi eux, un grand lion,

sortant tout juste de sa sieste (près de 14h), est tellement terrorisé qu'il bat probablement

son record de vitesse. Mais,sortant de la forêt, il aperçoit un petit oiseau, un colibri qui

vole dans le sens inverse. "Que fais tu , colibri, tu vas droit vers le feu ! Qu'est ce qui te

prend ". Alors, le colibri explique au lion qu'il effectue des allers-retours entre le lac et la

forêt pour éteindre  le feu  avec l'eau retenue dans son bec.

Complétement abasourdi, le lion lance au colibri : " Tu es fou, colibri. Ce n'est pas avec

ton petit bec, tes petits allers-retours que tu vas éteindre le feu de cette grande forêt !

Sauve ta peau d'abord !"

Le colibri, qui a le pouvoir particulier de voler  de manière stationnaire, se pose au

dessus de la tête du lion et lui répond avec sérénité :

" Je sais, lion. Mais je fais ma part."

Épilogue.

Dans la nuit, le colibri a alerté d'autres colibris qui ont fait de même.

Ainsi des milliers puis des millions de colibris se sont retrouvés au dessus de la grande

forêt. Le lendemain matin, le feu était maîtrisé et la forêt sauvée.

Cette histoire empruntée à Pierre Rabhi avec un personnage complémentaire, celui  du lion accroche l'attention des adolescents pour au moins les raisons suivantes, de mon point de vue :

- elle offre le théâtre d'une dramaturgie et d'un contraste : comment, un petit colibri se montre plus courageux qu'un grand lion effrayé ! Pour le coup, elle est aussi très visuelle et pourrait se traduire en BD ou en film d'animation.

- elle ne moralise pas (le lion peureux n'est pas critiqué par le colibri) et offre une interprétation large autour de la phrase finale du colibri " Je fais ma part."

- elle nous invite à aller vers le colibri, si étonnant entre la déraison, l'engagement et sa croyance qu'il fait pour le mieux.

Et, elle peut concerner la part de l'adulte à son travail, d'un ado dans  son établissement ou internat , ou encore d'un adhérent dans une association. Quelle est ma part ?

Cette histoire mériterait d'être mise en scène et communiquée le plus largement possible auprès des adolescents. Le modèle du colibri délivre des valeurs en direct sans discours et dans un élan spontané, juste le temps de l'expliquer à celui qui ne comprend pas comme le lion. Espérons avec optimisme, que la nouvelle génération, dans un contexte d'urgence lié au réchauffement climatique et à la pollution terre et mer, sera celle qui va éteindre le feu. Non pas une génération X, Y ou Z mais une génération colibri !

(1) Pierre Rabhi est le pionnier de l'agriculture biologique, écrivain, penseur et notamment auteur du concept et du livre de la sobriété heureuse. cf article sur ce blog.

 

 

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commentaires

F
Personne n’a le droit de connaître l’âme d’autrui.
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G
Bonjour je découvre avec plaisir votre blog.<br /> Belle réécriture de l'histoire du colibri. Différente de la version selon laquelle le colibri meure d'épuisement.
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