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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 22:23

"Un peu moins de bruit pour s'entendre beaucoup mieux", c'est le slogan qui apparait depuis le début de l'été sur certains panneaux publicitaires de la ville de Montpellier illustré par un homme qui semble être un mime et un clown à la fois.

Si ce slogan invite, avec une dose d'humour, chaque voisin à baisser d'un niveau le volume de sa chaîne hifi, de sa télévision ou encore de son instrument de musique pour éviter les querelles de voisinage surtout après l'heure fatidique des 22 heures, il m'interroge aussi sur la valeur sociale du silence.

Il y a celles et ceux qui recherchent le bruit, le bruit dans les discothèques, les concerts, le bruit pour vibrer, déchirer, se laisser hâpés tout entier par les ondes musicales. Il y a celles et ceux qui recherchent le silence d'une église  ou encore d'un monastère retiré pour tenter de se retrouver soi. Et puis, il y a aussi celles et ceux vieux et jeunes qui souffrent de la solitude et qui recherchent le son d'une voix y compris par le canal de la télévision pour sortir d'un silence avec soi-même.

Silence de mort dans certains lieux professionnels aseptisés où chacun est retranché dans son bureau, silence, on tourne sur les lieux de tournage de films. Silence oppressant à l'issue d'un examen oral où le candidat attend le moindre signe d'approbation d'un jury qui se veut impartial donc froid et limitant le moindre geste verbal et non verbal.

Et puis, il existe des silences qui expriment la vie. Silence entre deux amoureux qui se rencontrent et se comprennent hors des mots. Silence d'une communauté monastique après une lithurgie où chacun se recueille dans l'église encore résonnante de leurs chants et psalmodies.

Silence que l'on convoque quand la nature évoque cet infini à travers un coucher de soleil sur la mer, un lever d'aurore sur la montagne encore embrumée, silence de contemplation qui remplit l'âme.

Aujourd'hui harcelés par une société de consommation, nous pouvons basculer entre le bruit ambiant des grandes surfaces et le désir de nous retirer pour retrouver ce silence, ce silence qui peut aussi appeler le silence intérieur, celui de l'âme.

Et si, dans ce silence là, c'est moi même que j'apprenais à mieux entendre !

Anselm Grûn, moine bénédictin allemand très reconnu par ses nombreux ouvrages (1) cherchant à relier le spirituel et le psychologique, nous ouvre une porte sur ce chemin :

"La spiritualité, c’est avoir un cœur large. En nous, il y a toutes les émotions et toutes les passions mais il y a aussi un lieu de calme, de silence, qu’il faut arriver à atteindre. Dans ce lieu, , je suis libre des jugements des autres, de leurs attentes, Aucune blessure ne peut m’atteindre, je suis sain, entier, et c’est dans ce lieu que se trouve mon moi authentique."

Et si l'été et le temps de vacances nous permettait de rechercher avec détermination ce lieu de silence, pas forcément au bout d'un chemin montagneux, au milieu de l'océan, ni même dans le silence d'un lieu spirituel, mais plus profondément en soi ?

 

(1) Anselm Grûn, Apprendre à faire silence; collection DDB

 

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