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20 août 2023 7 20 /08 /août /2023 21:12

Il s’appelle Jann Mardenborough et vit reclus dans sa chambre avec un volant de voiture de course entre les mains. Adolescent de 19 ans complétement addictif à la simulation de pilotage de voiture de courses, il fait l’inquiétude de son père qui craint pour son avenir scolaire et professionnel : « Mais qu’est ce que je vais bien pouvoir faire de lui ? C’est pas avec ces jeux vidéo qu’il va gagner sa vie ». Tout semble mal parti pour Jann et pourtant…

Inspirée d’une histoire vraie, grâce à un concours international sur simulateur Gran Turismo ( le must en la matière) pour sélectionner les meilleurs gamers de ce jeu de simulation Gran Turismo, Jann réussit l’exploit d’être retenu pour la Grande Bretagne et intègre le team Nissan avec une dizaine de candidats sélectionnés dans divers pays. L’enjeu pour ces dix champions en « salle » est de devenir le meilleur après un stage d’entrainement hyper exigeant sur voiture de course. En effet, le meilleur des 10 sera retenu pour participer aux compétitions sur les plus grands circuits du monde avec Nissan. Je vous laisse le plaisir de découvrir ce film intense en rythme, en émotions fortes , celui de la course automobile avec sa passion, ses risques et ses coups bas et en densité psychologique des personnages autour de Jann, notamment son père, le référent de Nissan incarné par le bel acteur Orlando Bloom et son coach entraineur direct, un homme qui s’est retiré de la course automobile 25 ans plus tôt pour des raisons que le film dévoilera.

Je vous propose une lecture non conventionnelle à partir des stades de l’autonomie que l’analyste transactionnelle américaine Katherine Symor a conceptualisé et qui est devenue aujourd’hui une référence dans la description de l’évolution de l’être humain vers l’autonomie, autrement dit la capacité à décider de manière lucide et d’assumer sa vie en totale responsabilité. En effet, le film inspiré Gran Turismo offre une belle illustration de cette évolution de Jann  d’adolescent addictif et reclus vers un adulte qui assume ses choix et ses risques.

1er stade : la dépendance.

Elle se joue à deux niveaux. Jann est complément addictif au jeu de simulation quitte à vivre en « marginal » à côté de sa famille ( scène du repas familial où il est encore scotché sur son smartphone) même s’il rêve un jour de devenir un pilote de course. Son père, en protecteur, cherche à le dissuader : « Ce n’est pas notre monde… le monde des courses automobiles. »

Et quand il intègre le team Nissan, certes, il a franchi une étape vers son rêve mais il reste complétement dépendant de l’enseignement du coach, Jack Salter qui mène à bout tous les candidats pour vérifier leur capacité  physique et psychologique à endurer toutes les péripéties d’une vraie compétition avec constamment un risque mortel qui n’est plus virtuel !

2ème stade : la contre-dépendance.

Là aussi, elle va se jouer avec deux personnages centraux autour de Jann : son père et le coach de l’équipe Nissan. Scène d’affrontement avec son père quand il lui dit de manière affirmée : « J’ai toujours voulu devenir pilote de course. Je vais le faire…. que tu crois en moi ou pas ». 

Avec le coach du team Nissan, Jack, c’est aussi une première réaction impulsive sur un diagnostic de sortie de route à l’entrainement quand il conteste ouvertement l’avis du coach.

C’est une étape nécessaire pour sortir de la dépendance et commencer, même de manière maladroite, à affirmer ses convictions et sa vision et sortir ainsi du monde de l’adolescence.

3ème stade : l’indépendance

Jann a été finalement retenu pour participer aux grandes compétitions et sûr de lui, il va chercher à montrer qu’il peut se débrouiller seul sans l’avis technique de Jack.

Dans cette période, un accident tragique en pleine vitesse arrête la trajectoire vers son rêve.

4ème stade : l’inter-dépendance :

C’est l’étape de maturité de l’adulte qui sait qu’il ne peut pas compter uniquement sur ses propres forces et talents et qu’il a besoin d’alliés pour avancer dans sa vie et son projet de vie. Elle passe aussi par la permission donnée par l’adulte de référence, Jack dans une relation confiante. Vers la fin du film, dans le contexte d’un duel acharné pour tenter de remonter vers les premières places du classement, Jack, complétement confiant dans la « nouvelle maturité » de Jann après sa reprise suite à son accident grave, lui lance au micro en liaison directe avec le pilote : «  Suis ta trajectoire ! »…autrement dit, maintenant , c’est à toi de prendre les décisions seul pour gagner.

Si nous transférons ce questionnement à notre propre cheminement personnel et/ou professionnel, voici quelques questions qui pourraient nourrir notre réflexion :

  • Par rapport à qui, j’ai été conduit à prendre mon indépendance ?
  • Dans quelle phase, je me considère aujourd’hui sur un plan social et professionnel si c’est le cas ?
  • Quel chemin d’autonomie avec quel(s) allié(s) autour de moi et quelle(s) permission me donner ?

En effet, la racine grecque du mot autonomie est aussi éclairante. Autos signifie qui vient de soi, et nomos, les règles établies par la société, les lois. Devenir autonome, c’est aussi « faire sa propre loi » autrement dit, apprendre à s’autoriser à … .dans une lucidité des conséquences de ses comportements et décisions.

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2 avril 2023 7 02 /04 /avril /2023 20:34

 

 

L'affiche de "Je Verrai toujours vos visages" de Jeanne Herry (2023). (STUDIOCANAL)

C'est le titre du dernier film sorti  en mars 2023 de Jeanne HERRY.Encadrés et préparés par des médiateurs bénévoles, des victimes vont en prison rencontrer sur plusieurs séances des détenus, condamnés pour des faits comparables ( attention ce ne sont  pas les auteurs des faits concernant les victimes), . La parole comme lien, comme pansement, comme moyen aussi de prise de conscience. C'est fragile, incertain, mais c'est un moyen d'aller plus loin que la sanction et la réparation matérielle qu'offre la justice au moment du procès. La justice restaurative existe en France depuis 2014.

Le film suit l'un de ces ateliers : trois victimes, trois détenus et plusieurs bénévoles de la justice restaurative et en parallèle l'histoire d'une jeune femme qui veut rencontrer son frère avec en elle à la fois la peur de ses retrouvailles et le désir profond de comprendre le "pourquoi" de ce frère qui l'a violée plus jeune et qui vient de purger sa peine. Le sujet est passionnant avec le brio de la jeune réalisatrice Jeanne Herry qui donne d'ailleurs un rôle de victime à sa propre mère, Miou-Miou. Tout le cœur du film repose sur ce cercle de parole dans une salle de la prison : mélange subtil de détenus, de bénévoles de la justice restaurative et de victimes. Ce film qui n'est ni un documentaire, ni un film caricatural offre des dialogues saisissants dans ce cercle de parole. Ainsi quand Issa, un détenu pour vol dans un magasin, n'est pas présent à une séance, il est vivement interpellé à la suivante par une victime. Il cherche à justifier son absence avec un grand sourire et un grand mensonge qui ne passe pas. "Comment, tu n'es pas venu, nous on t'attendait, on est venu et on tient notre engagement même si c'est pas facile". Et là, nous touchons sans doute une des clés de la force de la justice restaurative : le contrat. Contrat des bénévoles qui s'engagent sans retour, certes avec une solide formation et supervision comme en témoigne le film mais sans garantie de réussite auprès des victimes. Contrat des victimes qui espèrent trouver des réponses dans la parole des détenus. Et les détenus qui , en acceptant cette confrontation, dévoilent aussi au-delà du masque, leurs peurs, leur fragilité, leur ambiguïté...

Enfin, ce film révèle une belle dimension pédagogique sur l'art d'écouter, l'art de ne pas chercher de solution là il n'y en a pas, l'art pour ces bénévoles de préserver une double confiance, celle des victimes et celle des détenus.

"On ne parle pas à leur place, on suggère, on écoute, on  accueille inconditionnellement", c'est ce que martèle le superviseur devant les médiateurs bénévoles en formation. La formule va à l'essentiel.

Inspirant pour tous les professionnels de l'écoute, du psychologue, au médecin, à l'assistante sociale jusqu'au coach.

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28 janvier 2019 1 28 /01 /janvier /2019 21:48

Il est de stature mince, droite, impeccable dans son costume des années  60 d'américain qui incarne un des plus brillants pianistes de jazz

. Sauf que , dans l'américaine confrontée à la ségrégation raciale dans les années de Martin Luther King, il est noir. L'autre, surnommé Tony Lip (en français Tony la tchatche) est d'origine italienne, . Il est rustre, n'a pas d'éducation, est un glouton qui revendique même des paris gagnés de gloutonnerie et il vient d'être mis en chômage technique après la fermeture de sa boite new-yorkaise dans laquelle il était simple serveur. L'autre est blanc. Qu'est ce qui va réunir ces deux hommes et les faire cohabiter de longues heures dans un périple en voiture  jusque dans le Sud de la Louisiane où l'esclavagisme noir existe encore dans les champs de coton ?

Et bien, levons le suspens sans tuer le charme de ce film rythmé par ce parcours et des concerts d'un trio d'artistes chaque soir. Tony est recruté pour être le chauffeur et protecteur de celui qui se fait appelé Don Shirley car titulaire de plusieurs titres de docteur. Le duo d'abord campé dans un rapport de contrôle, de distanciation -Tony fait le job sans en faire trop et Don reste droit physiquement dans un statut supérieur d'érudit- va évoluer de manière inattendue vers une vraie complicité. Vous vous dites , ce n'est qu'un film. Faux, cette histoire de compagnonnage itinérant entre un pianiste noir et un chauffeur blanc est inspirée de deux personnages bien réels des années 60.

Qu'est ce qui contribue au relief euphorisant de ce road-movie par rapport à d'autres films de ce genre ?

Ce rapport inversé entre un noir "dominant" par sa classe, sa culture, son talent et un blanc plutôt rustre mais avec un grand cœur et très amoureux de sa femme qui a accepté de le laisser partir 8 semaines dans cette tournée sudiste. Des dialogues très confrontant et drôles . Tony devra un moment faire une marche arrière avec la limousine bleue pour récupérer un verre cartonné de Mac Doc jeté par la fenêtre ( ça ne se fait pas !), et plus loin, Tony "éduque" Don à apprécier le gras de beignets frits de poulet qu'il refuse dans un premier temps de prendre par les doigts par dégoût. Et enfin, la moralité de l'histoire tient aussi à la victoire du lien qui va unir deux personnalités qui se sont polies comme deux pierres anguleuses au contact quotidien. Le pianiste va insuffler un peu de sa culture et Tony réussira au fil du temps à convertir le "savant érudit " à plus de spontanéité  pour sortir enfin ses émotions enfouies et douloureuses.

Et green book ? C'est le nom du "guide touristique" pour les noirs qui leur indiquait les hébergements et les restaurants "ghettos" qui leur étaient réservés il y a seulement 60 ans.

Et si vous décidiez de refaire cette route du Sud et goûter de ce lien improbable entre deux hommes que tout semblait opposer de prime abord. Une belle leçon de tolérance, d'ouverture, et de vie qui tombe bien dans notre France "jaunie"...

 

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4 novembre 2018 7 04 /11 /novembre /2018 08:14

Ils sont 8 quadragénaires plus ou moins tétanisés au bord de la piscine avant le premier entrainement de natation synchronisée masculine coachée par une jeune femme blonde, Delphine  à priori forte en autorité et sûre d'elle-même. Ils , ce sont des losers vus de l'extérieur, des hommes qui n'ont pas trouvé leur marque dans notre société de la performance, de la réussite à tout prix. Le film "Le grand bain" est un beau miroir fort en émotions de ces hommes fragilisés par l'échec professionnel et le regard de leur environnement. L'enjeu pour chacun, au delà de plonger dans une piscine, de se soumettre à un entraînement de plus en plus exigeant, est bien d'émerger de son état de vie enlisé dans la dépression, la non reconnaissance, ou encore sous l'emprise  d'une mère tyrannique et perverse.

Sans dévoiler tous les soubresauts de ce film rythmé entre rires et larmes, jusqu'au championnat du monde de natation synchronisée en Norvège, je tiens à en partager quelques enseignements de vie habilement distillés derrière ces personnages qui nous attirent dans leur incertitude, leur pathologie et finalement leur authenticité. Parmi eux, Bertrand (joué par Mathieu Amalric) est en dépression depuis deux ans. Extrait du premier contact entre Bertrand et Delphine, la coach :

-Pour être dans cette équipe, il faut allier la volonté, la grâce, le rythme et une grande hygiène de vie. Tu t'en sens capable de çà ? ..Tu sais nager au moins ?

- Oui, pas mal...Enfin...répond avec tâtonnement Bertrand

- C'est bon. T'es dans l'équipe ! conclut Delphine.

C'est par la reconnaissance de ce qu'il est que le premier pas est franchi. Il est pris tel quel sans qu'on lui fasse passer un test qui pourrait encore le mettre en échec. Et la manière dont il appuie sur les pédales pour se rendre aux entrainements en soirée témoignent d'un retour d'une motivation pour quelqu'un qui passait jusque là, ses journées chez lui, allongé sur la banquette en jouant avec son smartphone.

Leçon deux : le groupe se retrouve régulièrement dans le vestiaire de la piscine qui devient un lieu rituel où chacun peut partager (quand il le souhaite) son histoire de vie avec une règle que le groupe semble s'être donnée et rappelé par l'un deux s'il y a dérapage "on ne juge pas l'autre ". Ainsi, le groupe s'offre un espace de parole, de reconnaissance de ce qui n'est pas acceptable dans la société du dehors.

Enfin, la coach, Delphine sera remplacée provisoirement , suite à une défaillance personnelle, par une autre coach, Amanda , qui va les diriger depuis son fauteuil roulant au bord de la piscine. C'est le passage d'une autorité soft à une autorité plus virile . "Si vous voulez aller au championnat du monde, il va falloir changer de rythme et aller au bout de vous-même" leur lance t'elle presque en colère devant leur mollesse. C'est comme si ces hommes passaient des mains d'une maman protectrice (Delphine) à la poigne de fer d'un papa exigeant ( Amanda) et le tout dans une visée de les aider à retrouver leur fierté d'homme.

Belle leçon de vie jusqu'à cette scène inoubliable où le groupe avec ses deux coachs femmes , à l'issue du championnat du monde, sort du bus pour aller observer l'aube et le lever du soleil dans la campagne. Ils ne sont plus tristes, plus coincés, ils goûtent cet instant magique...signe de renaissance : le soleil les sort de la nuit !

Comment sortir de la spirale descendante de la fragilisation sociale ? La réponse suggérée par Gilles Lellouche, le réalisateur, passe par la force du groupe, le soutien d'adultes exigeants et aimants (coachs) et un défi qui va obliger chacun à puiser dans ses ressources. Et c'est beau à voir, comme la dernière chorégraphie du championnat du Monde  avec une équipe de France composée de ces 8 hommes "reboostés" arrivant sur le bord de l'eau dans une tenue capuche noire sur la tête. Chut sur la suite époustouflante ! On rêverait même que la natation synchronisée pour hommes redevienne une  discipline sportive olympique. ! (1)

(1) au début du XXème siècle, la natation synchronisée pour hommes existait. Après la deuxième guerre mondiale, elle a été supplanté en notoriété par la natation synchronisée féminine devenue olympique en 1984. Actuellement, sont reconnues  la natation synchronisée féminine et la natation mixte en duo homme-femme.

 

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26 avril 2018 4 26 /04 /avril /2018 22:13

La première scène se passe de commentaire. Un groupe de personnes dans un champ observe une coupe de terrain sur environ 1 mètre de profondeur . Constat accablant : le sous sol est devenir dur comme un cailloux , impropre à la culture, seule la couche supérieure semble encore exploitable. Oui, en France, 60% des terres agricoles sont considérées comme mortes suite à une surexploitation de l'agriculture industrielle et chimique. De quoi parlons nous ?

D'un film documentaire qui ouvre le regard sans complaisance, ni violence sur l'enjeu du passage d'une agriculture industrielle, chimique à une agriculture plus vertueuse, sans produits phytosanitaires, respectueuse et protectrice de la terre. Son titre : on a 20 ans pour changer le monde.

J'ai presque envie de renchérir : 20 ans, est ce si sûr ? Peut être moins... L'alarme de ce film, après d'autres, sonne juste. Il ne s'agit pas de condamner ceux qui n'ont connu après guerre que l'exploitation à coup d'engrais de la terre dans une période qualifiées par les historiens des trente glorieuses : 1945 à 1975 avant le choc pétrolier. Où est la la gloire d'une période de consommation sans limite ? Une autre scène montre, au milieu d'un champ l'échange entre un agriculteur traditionnel et des membres de "Fermes d'avenir" (1) qui témoignent de la nécessité de changer de mode de culture. Sans pression, sans jugement. Avec des arguments en termes de rentabilité durable par unité de surface et de protection du bien le plus précieux pour un agriculteur : la terre.

Un personnage tout en énergie, en détermination traverse ce film, entre rencontre avec des agriculteurs "traditionnels", inauguration d'une ferme d'avenir, visite d'un futur lieu, ancienne base  aérienne militaire, qui deviendra une grande ferme agrobiologique avec un vaste terrain jusqu'au bureau du Ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot. Il s'appelle Maxime De Rostolan et est un des pionniers fondateurs de "Fermes d'avenir", vaste mouvement citoyen visant à créer des espaces de culture respectant un code de conduite pour ne pas saturer la terre et produire des fruits et légumes de qualité nutritionnelle.

Autre scène savoureuse : la venue d'un grand cuisinier parisien goûtant des légumes  issus d'un sol "épuré" et s'enthousiasmant du goût au palais.

En quittant la salle de cinéma, j'étais tout retourné, comme une terre sainement labourée, par le bel élan de ce groupe d'hommes et de femmes militants avec passion et détermination sans jouer, ni les donneurs de leçon, ni les provocateurs violents. Juste une pétition remise au bon moment au Ministre de l'agriculture qui réagit avec humour. Oui,  entre un monde hors sol, amnésique sur les blessures durables infligées à notre mère la Terre et un monde où l'homme retrouve sa noblesse en prenant soin d'elle, Oui, la transition semble vraiment possible.

Un rayon de lumière, d'espérance à travers ce film bien rythmé et dense a jailli et c'est bon.

(1) fermesdavenir.org

 

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18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 10:34

Non, ce n'est pas un ordre militaire donné à des soldats tirés du lit tôt le matin pour faire un exercice. Ce n'est pas non plus un slogan d'un parti politique ou d'un syndicat professionnel. Ce pourrait être un appel au réveil d'une nouvelle conscience en émergence dans la société civile.Levons le voile : c'est le titre du premier film réalisé par notre humoriste , Franck Dubosc, l'homme au regard malicieux derrière  de beaux yeux bleus sur un nez aiguisé.

Et bien, même si je ne me reconnais pas un fan de l'humoriste Franck Dubosc, il m'a bien scotché dans cette comédie romantique sur fond de confrontation à notre rapport au mensonge et au handicap physique. Si les anglais avaient depuis quelques années la "beautiful" comédie romantique et pétillante avec "coup de foudre à Nothing Hill ", menée par le duo de charme Julia Roberts et Hugh Grant, nous avons maintenant un nouveau duo romantique bien de chez nous avec Alexandra Lamy et Franck Dubosc.

Qu'est ce qui fait le charme de bout en bout de ce film ? D'abord, des scènes tout à fait inattendues comme un certain repas en tête à tête qui se termine sous l'eau ( chut, je ne peux plus en dévoiler...), des dialogues de dupes entre un homme qui veut séduire avec un mensonge qui l'enferme petit à petit vers une impasse et une femme très lucide qui a gardé, sur  son fauteuil roulant, toute la fraîcheur, l'enthousiasme, pour assumer son handicap et le dépasser. Les scènes de concert et de sport , rythmées par la musique classique  offrent un beau mariage coloré de sons et de lumière pour nous interroger sur un personnage finalement coincé dans un mensonge permanent dont il ne sait plus comment se défaire. Et là, la fable  émeut au plus profond car le miroir nous est tendu, séquence après séquence. Je pense notamment à la phrase lâchée par le frère de Jocelyn, cet homme riche, nonchalant, menteur, incarné par Franck Dubosc : " Ton problème, c'est que tu ne t'es jamais aimé ! "

Et pour accomplir ce chemin de l'acceptation de lui-même, Jocelyn devra vivre de dures confrontations , y compris avec son ami médecin, Max, faire des kilomètres en Ferrari rouge pour un incroyable acte de pardon et souffrir dans son corps et son âme. Ouf, il évite le purgatoire ! Et si derrière la fable romantique, se cachait la question d'oser accepter son milieu d'origine, ses failles, remettre en cause son EGO surdimensionné.

Etre debout, homme ou femme debout est bien plus qu'une posture physique, c'est une posture intérieure. Laisser mourir le personnage, comme dirait Guy Corneau (1) pour faire advenir l'homme nouveau, l'homme qui accepte toutes ses parties intérieures, les parties claires,ensoleillées comme les parties plus sombres, celles que l'on voudrait laisser au grenier du passé. Etre debout, c'est porter ses forces comme ses faiblesses sans se cacher dans le déni de soi.

(1) Guy Corneau, psychanalyste québécois d'inspiration jungienne. Voir article sur ce blog :

le personnage est mort... Guy Corneau nous a quittés.

 

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25 juin 2017 7 25 /06 /juin /2017 12:06

Ce qui nous lie et nous relie

 

Ils s’appellent Jean, Juliette et Jérémy. Ils sont frères et sœur élevés dans le culte de la viticulture bourguignonne au sein d’un domaine familial qui se transmet de génération en génération. Mais ce qui aurait du être un passage de témoin traditionnel va être percuté par le départ précipité de l’aîné, Jean qui ne supporte plus l’emprise du père. Il part faire le tour du monde et ne revient que…10 ans plus tard quand il apprend que son père est proche de la mort.

Le retour de Jean, enfant prodigue ( ?), sac sur le dos et à pied sur la route conduisant au domaine familial au cœur du vignoble est la première scène de ce film plein de tendresse, d’humanité, de fraternité au sens du lien entre frère et sœur, réalisé par Cédric Klapisch avec des belles couleurs de vignobles et des personnages confrontés au lien à la terre et à la famille. C’est aussi une histoire qui, au-delà des liens entre nos trois J, Jean, Juliette et Jérémy, raconte comment l’enfance, l’enfant intérieur conditionne beaucoup de nos comportements d’adultes. Prêt(e) pour une lecture non cinématographique et plus attentive à un décodage du lien entre adulte et enfant ?

Jean, en arrivant dans la cour du domaine, observe les deux petits bouts de corde restés accrochés sur la branche du chêne, archive vivante de la balançoire. Par la pensée, il revoit la course à trois pour être le premier à s’asseoir sur la balançoire. Jeu où ils finissent tous ensemble sur la balançoire. Cette scène revient par ellipse périodiquement dans le film.

Au fil des retrouvailles dont je ne vous révèle pas les phases fortes en émotions pour préserver votre fraîcheur de futur spectateur, Jean va même dialoguer avec le petit Jean de son enfance. Il est tiraillé entre rester pour soutenir Juliette et Jérémy afin d’assurer la pérennisation du domaine viticole et son désir de revenir près de sa compagne restée en Australie avec son jeune fils, Ben. Le cœur d’enfant réveille l’adulte qui veut d’abord vendre le domaine pour rentrer en Australie car il a besoin d’argent. Que lui dit son enfant intérieur ?

Un enfant blessé par la non reconnaissance du père qui l’a toujours critiqué devant son frère et sa sœur. Un enfant qui va « purger » à l’hôpital devant son père inconscient toute sa rancœur. Il est debout devant le lit (mais la caméra nous cache le visage du père et nous montre pudiquement que ses bras posés à plat sur le lit) et crie sa colère rentrée trop longtemps de tout ce passé où il ne s’est pas senti aimé, reconnu, soutenu par son père.

Cet enfant blessé va changer de posture quand (je ne vous dévoile pas le comment), il découvre qu’en fait son père était fier de lui et aurait voulu lui transmettre tout son savoir-faire de viticulteur. Ainsi, un dialogue interne fait rage entre la blessure d’enfance et l’émergence d’un enfant réhabilité par cette découverte et qui retrouve son énergie, son élan de vie prêt à se donner.

Une belle scène du film nous montre les deux Jean, le Jean adulte et le Jean de 10 ans à une fenêtre de la maison familiale, chacun cherchant son horizon.

Juliette, la soeur « coincée » entre l’aîné, Jean et le jeune Jérémy, manquant indéniablement de confiance en elle va aussi faire un beau chemin de réconciliation avec ses peurs d’enfant pour reconnaître son talent de viticultrice capable par elle-même (et sans l’aval du grand frère aîné) de déterminer le meilleur jour pour commencer les vendanges.

Belle invitation à chacun, chacune pour retrouver un dialogue avec son enfant intérieur, enfant souvent tiraillé entre une blessure originelle et un potentiel de vie, d’élan créateur comme le disait si bien Guy Corneau, psychanalyste québécois dans son livre « le meilleur de soi ».

La manière dont nous réhabilitons notre enfant intérieur blessé conditionne la guérison du lien que nous avons avec nous-même et par ricochet avec les autres.

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30 novembre 2016 3 30 /11 /novembre /2016 22:36

Il est au centre de tous les médias, il est beau, il a l'art de la parole et il séduit autant en France qu'outre atlantique. Lui, c'est le commandant Cousteau qui a  fasciné mon enfance autour des premiers grands films documentaires dévoilant le monde sous marin, le monde du silence.

Le film récent L'Odysée magnifiquement interprété par Lambert Wilson dans le rôle de JYC alias Jean Yves Cousteau ne fait pas l'apologie naïve de ce personnage hors norme, inventeur du détendeur en plongée et explorateur de l'Antartique et de ses fonds marins sous les icebergs. La lumière bleutée et argentée de la mer, du navire d'exploration la Calypso, la lumière de son couple avec Simone au début de l'aventure, la lumière avec ses deux fils initiés très jeunes à la plongée va aussi côtoyer l'ombre. L'ombre des profondeurs marines , là où le soleil ne perce plus, l'ombre d'une vie de couple engloutie par sa passion égocentrique pour le faire valoir de ses films documentaires, l'ombre avec la mort de son fils Philippe qui sera un drame profond à tel point qu'il confie à son autre fils "' Je me sens tout seul". Longtemps, une des personnalités préférées des français, inspirateur de beaucoup de plongeurs et d'hommes de la mer, Cousteau dévoile, par ce film, au-delà de la lumière des projecteurs médiatiques, cette ombre qui a aussi coûté cher à sa vie de couple, à la relation avec ses fils et à ses proches.

Que retenir ? L'homme au petit bonnet rouge de scaphandrier ( le bonnet rouge était aussi une manière de retenir l'attention et les médias) ? L'homme qui a fait progresser de manière significative la connaissance du monde sous marin et de ses habitants ? Ou encore un homme dont l'ego a pu lui permettre d'obtenir des soutiens d'une équipe de plongeurs dévoués et de financeurs américains séduits et en même temps masquant une ombre qui va ravager femme et enfants... Lumière et ombre sont aussi nos deux facettes dans notre vie terrestre. Cette ombre, cette part de nous que nous ne voulons pas voir, rejetons et qui nous conditionne dans nos aspirations, nos désirs comme nos peurs. Et si Cousteau, dans ce personnage séduisant et irritant, nous montrait, par contraste, la voie du dépassement. Non, pas celui de chercher l'exploit à tout prix au risque de sa vie ou de celle des autres. La voie qui cherche à concilier lumière et ombre, force et fragilité, accueil du beau en  soi comme des ténèbres. C'est une forme de plongée intérieure dans un autre monde du silence.

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2 septembre 2013 1 02 /09 /septembre /2013 05:49

Elle joue du piano près de sa fenêtre. Lui, photographe alcoolique et fumeur la mitraille chaque jour avec son appareil photo depuis sa fenêtre de voisin, sans se révéler. Elle s'appelle Elena et lui Antoine. Matéo, un jeune garçon laissé très souvent à Antoine par sa maman absente ( mystère ) ,  va compléter ce jeu à trois.100 2683

L'interprétation de Benoit POELVORDE, acteur belge plus connu pour son registre comique, est bouleversant dans le rôle d'Antoine, tout en respiration halletante derrière son apparail photo, en silence et en conteur étonnant de Cendrillon revu et corrigé pour son "copain" Matéo. Elena, jouée par une jeune comédienne de talent, Ariana Labed, est l'image d'une déchirure entre une famille blessée ( le film l'explicitera à un moment fort du film), une passion pour l'archéologie égyptienne, et une détresse intérieure incommensurable. Ces trois êtres vont se rencontrer, partir ensemble dans un bout de campagne et le film, par contraste avec une atmosphère lourde, tendue, respire la VIE.

"Une place sur terre" qui vient de sortir sur les écrans est bien, par contraste avec ses personnages hauts en sensibilité, un hymne à la VIE, à ce qui nous touche dans le plus intime du quotidien. Dans les brins de respiration du film, j'ai goûté notamment la participation spontanée du trio Antoine, Elena et Matéo à un enterrement dans un petit village qui n'était plus triste et la ronde autour d'un sapin, beau moment de communion simple à la nature.

Dans les yeux fatigués d'Antoine allumés par un reste de lueur, le regard clair d'Elena et la douceur de Matéo qui comprend la souffrance des adultes sans le dire, nous touchons à la profondeur de la VIE... à travers des personnages qui luttent pour leur survie.

A recommander à celles et ceux qui aiment goûter une sensibilité d'âme au cinéma loin des films  à grand renfort d'effets spéciaux et de bruits à haute dose de décibels...

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29 octobre 2011 6 29 /10 /octobre /2011 19:52

Il vient de traverser plusieurs salles dans le palais royal de Buckingham à Londres croisant les membres éminents du gouvernement et les techniciens de la radio, chacun comptant sur lui. Il s'apprête, avec une angoisse presque panique, à prononcer un discours d'entrée en résistance et donc en guerre de l'Angleterre face à l'Allemagne d'Hitler. Cet homme,  Georges VI, vient d'accèder au trône de roi d'Angleterre par la force des choses, son frère ayant abdiqué pour l'amour d'une femme. Or, chacun le considérait comme inapte à la fonction et surtout paralysé par un terrible handicap visible en public : son bégaiement. Cette histoire vraie, magnifiquement interprêtée dans le film sorti en 2011 " Le discours d'un roi" ( traduction française) est aussi celle d'un coaching réussi, malgré toutes les résistances du départ.le-discours-d-un-roi-de-tom-hooper-10370320momsw.jpg

Avec le soutien de sa femme qui y croit dur comme fer, il va rencontrer divers soignants en bégaiement qui échoueront tous. La dernière chance, c'est Lionel Logue, un thérapeute de l'élocution aux méthodes, à l'époque, peu orthodoxes fondées notamment sur la relaxation physique, la respiration et la préparation mentale. La première rencontre entre les deux hommes est un petit caviar de subtilité verbale, chacun voulant se montrer plus fort que l'autre.

Logue veut amener son client à exprimer sa demande , quitte à patienter pour ce faire.

Son client, après une première séance, va renoncer puis revenir. C'est bien au coach de s'adapter et de respecter le désir du coaché. En terme de règle du jeu, elle est posée de manière directe. A la première séance, le roi Georges VI qui est dans le cabinet privé de Logue, sort une cigarette de son étui. Immédiatement, Logue lui dit sur un ton ferme sans appel : " Ici, on ne fume pas. C'est moi qui fixe les règles. C'est vous qui vous déplacerez. ". Et s'il y a un respect éthique du désir du client en coaching, les règles déontologiques sont bien fixées dès le départ par le coach pour garantir un cadre créant une relation de proximité, de confiance en dehors de toute recherche de domination.

Dans le suivi des séances par Logue, les progrès sont très progressifs et infimes et le roi Georges VI, montré sous les traits d'un homme exigeant avec lui-même et facilement en colère, claque la porte à plusieurs reprises.

Logue ira aussi sur le terrain de la provocation interpellante devant celui qui ne se considère pas à la hauteur de la fonction royale.

- Pourquoi perdre mon temps avec vous ?

- Parce que j'ai une voix, hurle le roi humilié en son fort intérieur.

Et Logue de sourire devant cette belle puissance vocale sans l'ombre d'un bégaiement !

C'est bien là, la plus belle réussite de cet étonnant Lionel Logue : contribuer à ce que cet homme peu sûr de lui, handicapé et tétanisé par sa voix, se reconnaisse finalement en capacité d'assurer cette fonction . Paradoxe entre un Hilter charismatique à la voix de tribun devant des foules séduites dans des stades plein à craquer et un Georges VI, bégayeux, angoissé, et finalement réussisant un magistral discours de soutien à son peuple entrant en guerre.

Certes, Lionel Logue , n'est pas coach mais thérapeute de l'élocution et le coaching n'existait pas à l'époque. Cependant, deux traits de caractère de Logue me semblent pertinents à pointer : sa discrétion sur son client spécial (sa femme ne le savait pas au début) et sa persévérance au delà des coups de colère, des renoncements provisoires du roi. Finalement, les "duels" verbaux entre les deux hommes traduisent aussi que le premier à croire en la capacité d'assumer la fonction royale, ce fut Logue. La croyance du coach est souvent moteur pour "déplacer" les croyances paralysantes du client.

A sa mort en 1952, Georges VI fait l'unanimité du peuple anglais en deuil car il l'a touché par sa simplicité, son courage et son humanisme révélés durant l'épreuve de la deuxième guerre mondiale. Ce destin étonnant s'est joué notamment sur une rencontre.

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  • : Le blog de Michel BERNARD
  • : ce blog est destiné à ouvrir un espace de reliance entre la psychologie positive, le coaching et le développement personnel.
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  • Michel BERNARD
  • Coach, praticien appreciative inquiry, et formateur en ressources humaines et management, j'ai à coeur de faire partager mes découvertes autour de la psychologie positive et de la pédagogie du "mieux apprendre".
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