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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 22:53

"Chacun a tendance à faire sa petite popote sur sa petite gazinière dans sa petite cuisine", cette conviction, dans un langage bien coloré de l'époque, m'a été un jour rapporté par un préfet la tenant, me disait-il, du grand homme charismatique, libérateur de la France, le général De Gaulle.

Avons nous  changé depuis cette mise en cause d'un comportement replié, individualiste pointé du doigt  par le général  dans les années 60 ? 350px-Bubble_shield.jpg

En effet, la crise aurait la fâcheuse tendance à nous recentrer sur ce que nous possédons, sur l'avoir pour le protéger.

Aujourd'hui, avoir une activité professionnelle est déjà une belle réussite, notamment pour les jeunes de 18 à 24 ans dont le quart est en situation de chômage et dont la moitié des moins de 30 ans auraient seulement un contrat à durée déterminée !

Ceci étant, je reviens d'une session que j'ai animée près de Lille et ayant rencontré de "belles personnes" se posant des questions légitimes autour de la quarantaine ou de la cinquantaine de changement de cap professionnel, recherchant pour d'autres un second souffle pour sortir d'une routine ou encore de démotivation, j'ai pu partager l'importance du rêve éveillé mis en couleur, en images sur une feuille et reconnu comme moteur d'évolution et de changement. Tous les grands visionnaires et inventeurs ont rêvé un futur. Léonard de Vinci a rêvé le sous marin et l'hélicoptère et Martin Luther King d'une américaine ayant dépassé la lutte raciale blancs contre noirs. Ce futur s'est réalisé...souvent après eux !

 Et quand je regarde les trajectoires professionnelles de personnes que j'ai accompagnées en coaching, force est de reconnaitre qu'elles ont "bougé" les lignes avec ce rêve d'un futur désiré et également avec une certaine prise de risque.

Je ne parle pas ici du risque de celui qui se jette en chute libre du haut d'une falaise du Verdon pour un best jump en déclenchant très très vite un parachute pour éviter l'écrasement à l'arrivée.

Je ne parle pas non plus du risque de celui qui spécule sur l'argent et sur une hypothèque d'acquisition de gains. Non, je veux parler de celle ou de celui qui ose franchir sa zone de confort, celle qu'il affectionne tous les jours car elle le rassure. C'est la petite gazinière chère au général De Gaulle. J'ai toujours fait comme çà, c'est pas très marrant mais çà m'a pas vraiment causé de problème.

Or, celui qui veut vraiment vivre sa vie sent bien au fond de ses tripes qu'il a à se bousculer de temps en temps pour OSER : OSER sortir des habitudes automatisées, OSER montrer son désaccord sans violence, OSER revoir une personne avec qui il ressent une tension non explicitée pour l'expliciter et trouver une piste de pacification, et enfin OSER sortir de sa petite zone doullette de confort.

Comment passer de la bulle de confort à cet OSER ?

D'abord , se donner un cap, une intention qui transcende la bulle.

Puis, avancer par petit pas, rappelez vous le kaizen ou bon changement.

Enfin, ne pas remettre à demain ce que je peux faire aujourd'hui sans effort démultiplié, simplement en osant sortir de ma tiédeur ou encore de ma pesanteur.

Et je rêve que chacun sorte de sa petite cuisine, quitte sa petite gazinière pour un partage commun, un partage collectif. En fait, il s'agit de sortir de sa petite bulle pour voir le monde tel qu'il est et non tel que je voudrais le voir.

Et d'un visionnaire à un autre, passons de De Gaulle à Ghandi , libérateur de l'Inde sans violence et qui affirmait haut et fort : " Nous devons incarner le changement que nous voulons dans le monde." Et je rajouterais juste une potion de grande patience et de tolérance pour les acteurs.

Demain, c'est décidé, je sors de ma bulle protectrice et je ....

 

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 21:36

Tout juste libérée après 7 années passées dans une prison mexicaine, elle apparait souriante devant les médias qui se pressent pour découvrir une jeune femme de 38 ans à priori victime d'une manipulation du pouvoir politique mexicain la faisant passer comme complice d'un kipnappeur, son ex compagnon mexicain. Ce qui frappe en écoutant Florence Cassez dans ses premières prises de paroles publiques en France, c'est cette impression d'incroyable fraîcheur, presque un sourire sur les lèvres et une physionomie d'une jeune femme qui fait très jeune. La question qui se pose alors : comment as t'elle pu tenir le coup pendant 7 années de séparation avec sa famille, avec des appels rejetés par la justice mexicaine, avec la peur au ventre, le stress tous les jours ? florence-cassez.jpg

En décryptant ses premiers témoignages, et à l'appui de la psychologie positive, plusieurs stratégies utilisées par Florence Cassez semblent lui avoir permis de résister à l'angoisse, la tentation d'en finir ou encore la dépression.

D'abord, cette stratégie mentale de s'attendre à chaque décision de justice sur appel aux deux options : libération ou maintien en prison. Effectivement, le comité de soutien, la vigilance indéfectible de ses parents engagés dans le combat avec son avocat sont des alliés de poids pour rompre cette solitude de l'incarcération. Mais cela n'est pas suffisant. Au moins trois autres stratégies ont été mises en place par Florence Cassez :

- rester digne comme elle le dit elle-même en restant bien habillée, en prenant soin d'elle.

- une activité qui la décentre au quotidien de son mental : elle a entrepris un atelier de bijoux

- elle raconte qu'elle s'est préparée depuis longtemps au moment d'être libérée, qu'elle a donc anticipé ce moment. Elle n'exprime pas de haine spécifique contre ses "bourreaux mexicains" et désire vivre sa vie sans chercher à gémir sur ses 7 années "perdues".

En définitive, elle nous offre l'image de l'optimisme dans tout son développement . Martin Seligman, pionnier de la psychologie positive aux Etats Unis, a étudié pendant près d'un quart de siècle les personnes à dominante optimiste. Il a constaté qu'elles endurent les mêmes épreuves de la vie que les autres mais avec une grande différence de comportement.

Les optimistes considèrent l’échec comme un revers provisoire. Ils ne se laissent pas démonter par l’échec et considèrent toute situation difficile comme une sorte de défi à relever ou au moins une stimulation à se surpasser.

Et au fond, l'optimiste croit qu'il trouvera toujours une solution, une sortie y compris dans les situations désespérées. Florence Cassez, avec un humour préservé , nous fait une démonstration vivante que l'optimisme est une force de résistance face à la peur, l'incertitude et le désespoir. Décidément les Florence sont surprenantes. Rappelez vous une certaine Florence Aubenas, journalisté enlevée en Irak en 2005 puis libérée après une incarcération dans une geôle étroite et sans lumière. Je vois encore son sourire  rayonnant au moment de sa libération et de son premier message sur le sol d'un aéroport français.

Etre optimiste, comme l'exprimait déjà avec un humour tout britannique Winston Churchill, premier ministre pendant la deuxième guerre mondiale, c'est voir dans toute difficulté, une opportunité.

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 22:52

J'ouvre mes yeux bleus dans cette grande salle aux baies ensoleillées. J'entends une musique douce qui me rassure. Je ne sais pas encore où je suis. Mais, tiens, deux formes s'avançent au dessus de moi. Deux sourires et deux voix qui me contemplent. C'est plutôt sympa. J'entends vaguement le mot de Papa ( la voix grave) et Maman ( une voix plus douce et chantante). Oui, plus tard, je comprendrai que je suis né d'un Papa et d'une Maman qui m'ont désiré . Mon nom est  Adam Dupont. bebe-2.jpg

Au milieu d'une fracture sociale entre les français soutenant le projet de loi pour le mariage ouvert aux personnes de même sexe ( avec adoption possible) et les français défenseurs d'un mariage, institution sociale marquant le lien entre un homme et une femme procréateurs d'enfants, le débat est ouvert.

Ce blog n'a pas vocation à prendre position pour l'un ou l'autre camp. Dans l'esprit de la psychologie positive, il veut seulement parler des personnes à ne pas oublier et qui ne peuvent pas manifester aujourd'hui : tous ces futurs bébés qui naitront dans les années à venir et qui ont droit au bonheur. Difficile de leur demander leur avis, à savoir s'ils préféreront un papa et une maman penchés sur leur berceau, deux "papas" ou encore deux "mamans". A chacun de vous de vous  remettre dans cette situation qui a été la vôtre au début de la vie !

 Reste que la question de l'identité de ces futurs êtres est au coeur de ce débat.

Et si Adam Dupont avait vu deux "Mamans" ou vu "deux Papas" au dessus de son berceau , qu'est ce que cela changera t'il pour sa vie future d'adolescent puis d'adulte ?

Les avis des spécialistes pédopsychiatres semblent très partagés. Certains estiment que c'est la qualité d'amour, la qualité du lien quel que soit le sexe des parents qui sera déterminant pour le développement de cet enfant. D'autres, au contraire, estiment que la construction d'un adulte équilibré passe, autant que possible, par le repérage d'une maman ( biologique ou d'adoption) et d'un papa ( biologique ou d'adoption). Mais je pointe une petite interrogation. Et si demain, les pères étaient réduits à des hommes donneurs de sperme pour des couples de femmes désirant éduquer un enfant, ne risque t'on pas de "tuer le père" réduit à une simple fonction biologique.

Une société sans père pourrait devenir une société sans repère. Alors, je fonde simplement l'espoir que le débat, même s'il est parfois vif entre les deux camps, accouche au moins sur trois fondements partagés pour  une société durable et humanisante :

 

- une société se développe  par des actes de fécondation issus de l'amour d'un homme et d'une femme.

 

- une société se développe dans la tolérance et la recherche de compréhension de toutes les formes de relation amoureuse,quel que soit le sexe des partenaires.

 

- une société contribue à l'épanouissement d'adultes dans la mesure où elle leur propose dès le plus jeune âge un repérage simple et cohérent de leur origine biologique.

 

Ces trois croyances pourraient être travaillées, mises en pratique pour aider l'accouchement d'un code éthique plus consensuel , appui d'un code civil peut être à toiletter.

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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 21:07

Pour rencontrer l'Espérance, il faut être allé au delà du désespoir. Quand on va jusqu'au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. Ces paroles prophétiques de Georges Bernanos, écrivain spirituel français du XXème siècle méritent d'être entendues au moment de cette fin d'année 2012 qui est loin d'être la fin du monde. Au contraire...

Oui, nous sommes entourés de corbeaux du désespoir qui nous rongent avec leurs nouvelles dramatisantes. Le monde va mal. Il est en guerre, il est en récession, il est en crise. Il souffre. De quel monde parle t'on ? Certes, les Sans Domicile Fixe ( SDF) nous rappellent la fragilité de la condition humaine. Pour autant, doit on gémir dans le désespoir en constatant, avec stupeur, que l'appel de l'abbé Pierre, de l'hiver 1954, pourrait être encore d'actualité. A Paris ou ailleurs en France, il est encore "possible" de mourir de froid dans la rue !!

La nuit s'estompe, un soleil grimpe doucement à l'horizon. C'est une nouvelle aurore. Le désespoir de la nuit cède la place à l'annonce d'un nouveau jour. Oui, nouveau, ce n'est plus hier, ce n'est pas encore réalisé, c'est à vivre.

Voilà où peut se loger Dame Espérance, dans le " c'est à vivre". Dans cette ouverture à tous les possibles que représente une journée qui s'annonce, hors de toute programmation car nous ne sommes pas encore robotisés.

Les chrétiens voient dans l'ESPERANCE la promesse d'un Dieu qui s'engage à  donner le meilleur à vivre pour chacun et la croyance qu'il les aidera à se relever en toute circonstance.

Les humanistes peuvent décliner l'ESPERANCE comme cette invitation à explorer constamment le champ des possibles, à laisser ouverte la fenêtre à la rencontre.

Bref, dans cette transition entre 2012 et 2013, ESPERER, c'est oser un regard qui croit au don, celui de chaque journée, au don  d'exister, de respirer, de goûter la vie avec toutes ses saveurs et ses senteurs comme une fleur qui n'a pas fini de se dévoiler. Et observons ce petit enfant qui regarde la mer au côté de sa maman . Au moment où elle veut repartir, il lui retient la main pour lui dire avec son coeur d'enfant : " Attend encore un peu, je n'ai pas tout vu !" mer-cheval.jpg

La force d'ESPERANCE est présente  chaque fois que nous pouvons dire, avec notre coeur, " je n'ai pas tout vu ! "  et que nous prenons le temps de regarder l'horizon de notre vie dans toute son amplitude.

 

Le thème de cet article, la force d'ESPERANCE sera décliné sur la radio RCF Maguelone, dans la chronique DECLIC , en direct le lundi 31 décembre à 11h 25 et le samedi 5 janvier vers 18h 45.

http://www.rcf.fr/radio/rcf34/emission/437972

 

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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 23:08

Quand votre moral est au plus bas, quand vous traversez une période de spleen, de blues ou encore un passage à vide, que faites vous pour remonter la pente, quelle est votre potion magique ? Interrogés récemment dans un magazine, voici ce que des personnalités répondent, avant d'en tirer des enseignements pour soi. potion magique

" Ce que je fais pour rebondir lorsque j'ai le moral dans les chaussettes ? C'est simple, je change de chaussettes ! J'en mets des toujours propres, des neuves s'il le faut. A ce moment là, une sorte d'optimisme me remonte des pieds à la tête et je me sens mieux" signé Bernard Pivot, notre journaliste écrivain rendu médiatique par l'émission Apostrophe.

" J'ai deux trucs pour me redonner le moral. Le premier, c'est le jardinage. Quand je ne vais pas bien et que je regarde une fleur, sa beauté me permet de dépasser mes petits soucis. Le deuxième, c'est un "truc" de fille : faire des achats ! J'aime fouiner au BH-V au rayon déco ou bricolage..." . Celui qui parle est un humoriste bien connu, Elie Semoun.

" Je mets en oeuvre ce que je crois être la grande arme des femmes : je m'active ! Je fais des choses très simples, très ménagères...Il faut bouger pour ne pas laisser le petit vélo tourner sans contrôle dans sa tête." C'est la conviction exprimée par une femme politique, Michèle Delaunay, ministre déléguée aux personnes âgées et à l'autonomie.

" Quand la vie pèse, il faut s'attacher à la légèreté. Mon père , qui était garagiste, me faisait balayer le garage en me disant : "Je sais que çà t'ennuie, mais fais-le bien ! Ce qui me sauve, c'est de me consacrer à quelque chose de précis" raconte Guy Marchand chanteur et comédien.

" En écrivant, je me purge, j'évacue mes humeurs. L'écriture joue un grand rôle "énergétique" dans ma vie." témoigne Macha Méril, comédienne et écrivain.

Quels points communs entre ces 5 réponses de personnalités du monde politique, du show biz et de la télévision ? Cela ne  saute peut être pas aux yeux.

Même si chacun évoque une potion magique très personnelle ( entre le changement de chaussettes de Bernard Pivot et l'écriture pour Macha Méril, l'écart peut sembler grand), il reste que chacun et chacune a trouvé un petit rituel bien à lui. Un rituel (1) est quelque chose de précis qui va provoquer chez la personne un certain état d'être. En reliant ce rituel à la programmation neurolinguistique, nous pouvons dire qu'il y a une sorte d'ancrage du rituel. C'est flagrant chez Bernard Pivot qui, en changeant de chaussettes, change son humeur !

Par ailleurs, notons que les "potions magiques " évoquées sont de l'ordre du faire et non du penser. Et effectivement, l'état de perte de moral fait souvent tournoyer les corbeaux de nos idées noires dans notre ciel et mental, le petit vélo évoqué par Michèle Delaunay. Pour en sortir, substituer une autre pensée n'est jamais aisé et cela n'arrête pas forcément la première, le recentrage de l'attention sur un acte, une activité est une diversion souvent plus efficace.

Alors, si vous cherchez votre potion magique, quelques recommandations pour la cuisson :

- un acte ou une activité qui vous sort de vos idées grises ou noires.

- un état de plaisir lié à ce rituel.

- quelque chose de simple à portée de main dans toute circonstance.

 

Dans le rayon "potions magiques" sur le marché de Noêl, vous pourriez trouver : manger une barre de chocolat, se frotter à un arbre par le dos, marcher en respirant ( ou en sentant) par les pieds, se cuisiner un bon petit plat, se promener avec son chien, observer son chat, lire une bande dessinée, dessiner, faire quelle chose pour une personne qu'on aime, ou encore faire le ménage bien présent  dans la tenue de l'aspirateur ou du balai brosse, etc... 

Le grand secret de cette potion magique  personnelle, c'est qu'elle est inusable et peut être prise à tout moment. Y a t'il un risque de consommation excessive ? Seulement si vous avez choisi de boire un vin chaud, de manger du chocolat ou encore de croquer une tartine de nutella. Elle  peut faire l'objet de confidence et pourquoi pas d'un jeu à l'occasion des fêtes de Noêl. Chacun écrit sa "potion magique"sur un morceau de papier, le meneur du jeu les ramasse et les mélange  puis les tire au sort un par un. C'est au groupe de deviner à qui appartient la "potion magique" tirée au sort.

Et la vôtre, c'est quoi finalement ?

 

(1) voir article sur ce blog : " Le rituel, une stratégie pour changer"

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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 22:10

Installé dans un train TGV roulant à pleine vitesse dans la nuit et qui m'emporte de Montpellier vers Paris , mon voisin dort et récupère de sa nuit, que faire ?

Lire "mettre en pratique le pouvoir de l'instant présent" d'Eckart Tollé , ouvrir l'ordinateur et avancer un travail, ou me rendre à la voiture bar pour me délasser le corps en marchant ?

Non, je fais un autre choix : je glisse le cd audio " l'art du bonheur dans un monde incertain" dans mon ordinateur portable, je coince les oreillettes blanches dans mes oreilles même si les propos entendus auraient sans doute profité positivement à tous les passagers de la rame et j'écoute.

Emporté à plus de 200 km/h dans un jour en train de se lever, je garde mes oreilles attentives à un message étDALai-LAMA.jpgonnant d'un homme dont le rayonnement est devenu universel : sa sainteté le Dalaï-Lama. 

Dès le premier chapître, il place le bonheur dans la relation entre soi et la communauté. Mais quelle communauté ? En effet, il observe que notre monde occidental s'est très vite individualisé, les voisins de palier en ville ne se connaissent plus forcément et une enquête aux Etats Unis, à quelques annnées d'intervalle, montrait qu 'en moyenne un américain avait trois amis proches il y a quelques années et qu'aujourd'hui, la moyenne est descendue à deux. Aussi, avec douceur, le Dalaï-Lama nous pose la question : " A quelle communauté nous sentons nous vraiment reliés ?" A celle de notre quartier, de notre paroisse, de notre travail, de notre association, ou encore celle plus virtuelle d'un réseau social sur internet ? Selon lui, l'homme occidental souffre d'un manque de sentiment d'appartenance, à l'opposé du peuple tibétain malgré l'occupation chinoise. Notre bonheur, reprend-il, dépend de cette relation entre le "je" et le "nous".  Et effectivement, en faisant un pont avec la pyramide de Robert Dilts, expert en programmation neurolinguistique, celui-ci place , en haut de celle ci, l'appartenance à un groupe qui peut aussi donner sens à sa vie. Observons que les personnes très engagées dans un combat social, humanitaire, pour la justice sont généralement reliées à un groupe existant ou encore un groupe qui s'est constitué sous l'influence de leur charisme.

Le bonheur vu avec le sourire malicieux et la sagesse du Dalaï-Lama, devenu dès 15 ans chef de l'Etat du Tibet, ne s'écrit pas seul comme pourraient le laisser croire certaines approches du développement personnel. Pour le cultiver, il s'agit d'abord de s'interroger sur notre lien à la communauté, notre forme de lien social. Trois petites questions pour faire un petit pas vers ce bonheur local  :

- Suis je en bon terme, relié avec mon et mes voisins de quartier, de village ?

- Suis je prêt à coopérer à cette communauté locale ?

- Sinon, qu'est ce qui m'en empêche vraiment ?

Enfin, il est frappant de constater qu'en matière de terminologie, le terme "communauté" renvoie ou bien à des communautés religieuses, ou bien à des collectiviés territoriales qui sont constituées en communauté de communes et d'agglomération dans les grandes villes.

Et en écho avec les mouvements solidaires autour du développement durable, le slogan "moins de bien, plus de lien" prend tout son sens. Et je construit un dernier pont : " Plus de lien, plus de sentiment d'appartenance et plus de raison d'exister vraiment".

A vous maintenant, quel sera votre pont ?

 

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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 22:45

Avec sa grande barbe autour du visage illuminé par un sourire radieux, Anselm Grün, âgé de 67 ans  incarne déjà en soi une forme de sagesse des temps modernes. L'homme sort des clichés traditionnels du moine bénédictin qu'il est devenu à l'âge de 19 ans car il n'a pas quitté, depuis cet engagement précoce,  l'abbaye de Mûnsterschwarzach implantée en Bavière. anselm-grun.jpg

Se définissant comme un soigneur des âmes, il est père abbé et manager ou cellérier d'une abbaye de plus de cent moines, conseille des grandes entreprises allemandes et propose un accompagnement psychologique et spirituel à de nombreuses personnes venant le solliciter.

Et il est de plus en plus reconnu comme un auteur international de "best sellers" dans un domaine reliant le spirituel, la psychologie et le développement personnel avec, à son actif, plus d'une trentaine d'ouvrages. Comment expliquer un tel attrait du public pour cet homme appelé à vivre dans le retrait de la vie monastique ?

D'abord, ce qui attire quand on pénètre dans la lecture de ces ouvrages, c'est la clarté, la luminosité du style sans tomber dans le simplisme d'explication car les références sont nourries autant aux sources des Pères de l'Eglise que de sources psychologiques modernes. Ainsi, dans un de ses ouvrages phares "Invitation à la sérénité du coeur", il montre que les techniques de méditation pour trouver la paix remontent aux premiers siècles avec Evagre le Pontique, moine oriental et Jean Cassien qui, dès le IIIème siècle, se retira dans le désert d'Egypte.

Quand il accompagne une personne, il pose régulièrement cette question: " A quel moment, vous êtes vous sentie le mieux dans votre enfance, à quel moment avez vous pu jouir de l'instant en vous oubliant totalement ?". Avec force de clairvoyance, il estime que chacun peut trouver son propre chemin de croissance humaine et spirituelle en tenant compte de son enfance, de ce qu'il a éprouvé en joie et désir et que l'adulte recherche à retrouver d'une manière ou d'une autre dans sa vie. Généreux car répondant à de multiples sollicitations  les plus variées pour donner des enseignements de sagesse, il rappelle souvent que la paix, le repos de l'âme pour lutter contre le stress et l'intranquillité de l'esprit , c'est aussi apprendre à sortir de l'agitation qui "vient souvent du fait que nous voulons faire trop de choses à la fois et que nous sommes entourés de trop d'objets".

Et si la voie de la sérénité intérieure passait par un désencombrement de nos vies...

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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 22:36

1952, l'oeil du photographe Willy Ronis est arrêté par un jeune garçon qui semble s'envoler avec sa baguette de pain sous le bras.enfant-baguette-bis.jpg Cette photographie en noir et blanc demeure  un grand classique et semble éternelle. Pourtant, nous ne sommes plus en 1952 mais 60 ans plus tard. Ce petit garçon en short avec sa longue baguette de pain sous le bras, comme j'aimerais à nouveau le croiser au coin d'une rue. Qu'est ce que cette photographie de l'instantanéité d'un quotidien nous révèle t'elle qui traverse le temps en préservant toute la force de l'émotion ?

Je crois que l'ensemble est un appel à la joie de vivre au coeur de la banalité du quotidien. Partons de l'atmosphère générale. La rue semble plutôt laide, sans décor avec un mur noirci. Mais elle  illuminée, presque transfigurée par le regard rireur et jovial de ce jeune garçon. Et puis, il n'est pas statique, il nous entraîne dans son élan. Un pied est hors du sol et l'autre semble à peine posé : il survole l'espace du trottoir. Remontons. L'oeil est frappé par la longueur démesurée de la baguette de pain qui semble aussi  longue que la taille de son porteur ! Pourtant, elle ne l'écrase pas. Au contraire, il la tient d'une main ferme sans être raide et son autre main est , comme ses jambes, dans le mouvement. Tout ce petit corps mince se propulse avec légèreté vers l'avant, vers demain. Enfin, la lumière sur ce visage joyeux nous saisit dans l'émotion.La bouche rieuse, les yeux ouverts sur l'avenir et teintés d'un brin de malice , ce visage nous parle et nous dit :" Que c'est bon la vie !".

Prenons un peu de distance et ressaisissons l'ensemble. Un petit lutin, probablement à l'heure méridienne, s'élance avec fierté, rire et élan sur un trottoir, porteur d'une baguette de pain pour sa famille.

C'est le petit prince des temps modernes. Il nous fait signe avec un clin d'oeil : " Et si nous portions nos baguettes de pain avec ce même enthousiasme rieur ?" A vous de transformer en 2012 la métaphore attachée à la baguette de pain...

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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 22:28

A plus de 1000km/h, l'homme vient de rentrer dans l'atmosphère puis il déclenche son parachute et quelques minutes plus tard, il se pose comme une libellule (1) . L'exploit à la hauteur de la marque qui le sponsorise est aussi à l'image d'un monde qui cherche à dépasser sans cesse les limites humaines. Jusqu'où ?

Dans un autre espace, j'écoute ce message : " J'ai choisi mon camp, celui de la lenteur. J'éprouvais trop d'affection pour les méandres du Lot, un petit paresseux, et pour cette lumière qui en Septembre s'attarde sur les derniers fruits de l'été et décline insensiblement. J'admirais ces gens, hommes ou femmes qui, peu à peu, le temps d'une vie, avaient donné forme à un visage de noblesse et de bonté....La lenteur, c'est à mes yeux, la tendresse, le respect, la grâce dont les hommes et les éléments sont parfois capables....La lenteur est un choix de vie : il conviendrait de ne pas brusquer la durée et de ne pas nous laisser bousculer par elle, une tâche salubre, urgente, dans une société où l'on nous presse et où souvent nous nous soumettons de bon coeur à un tel harcèlement."

Dans notre société à tgv, à très grande vitesse dans laquelle nous recevons des prescriptions, des sollicitations, des informations tout azimut via nos courriels, nos iphones ou autres compagnons numériques, j'éprouve de plus en plus cette nostalgie pour ce retour à la lenteur du temps qui passe, des saisons qui se succèdent sans se rattraper.

Est ce bien réaliste de vouloir revenir à des rythmes plus lents comme le suggère l'auteur du message, Pierre Sansot, philosophe et auteur d'un titre étonnant " Du bon usage de la lenteur" ? 

Oui, je réponds oui pleinement car notre horloge interne est toujours la même depuis la nuit des temps. Notre vie est rythmée par le cycle circadien de 24 heures régulant notre température, notre tension artérielle, nos secrétions hormonales contrôlant notre faim et notre sommeil. Si nous nous éloignons trop de ce rythme ( nuit raccourcie, travail en continu, activisme forcené...), nos médecins nous rappellent que nous risquons de tomber dans la maladie, le stress chronique, ou même le burn-out qui signifie au sens littéral la brûlure.

Pas simple cependant de sortir des conditionnements au toujours plus vite, plus efficace, au zapping, enchaîner des choses très vite ou encore le "multitâchisme" ou vouloir faire plusieurs choses à la fois. Qu'est ce qui peut alors, comme un parachute, ralentir notre dérive vers le "toujours plus" ?

L'épuisement, la maladie inattendue qui nous réveille à nos propres limites et qui agit comme un clignotant orange.

Ou encore, la prise de conscience d'un autre rythme qui fait du bien au corps et au mental.

Certaines activités nous ouvrent davantage vers cette prise de conscience. La marche en pleine nature où l'on suit un sentier sans chercher à chronométrer son temps, une activité culinaire où l'attention pour réussir son plat favori nous invite à un déroulement ajusté, dans le mélange des ingrédients, dans la cuisson, ou encore dans la décoration finale.

Ralentir son rythme, c'est aussi oser s'octroyer de vraies paus100 2505es respiration au cours de sa journée. Je ne parle pas nécessairement de la pause cigarette pour les fumeurs. J'évoque cette pause de quelques minutes où le salarié peut stopper son activité et prendre quelques minutes pour ressaisir l'instant présent, "réhabiter" son corps et rester en conscience avec sa respiration, préservant ainsi son attention sur chaque inspiration et  chaque expiration, . Ce rituel peut changer le cours d'une journée en ramenant de la conscience  dans un automatisme de travail. Il peut aussi raviver un rythme de travail plus en harmonie avec soi-même. L'efficacité n'est pas nécessairement synonyme de rapidité d'exécution, elle peut s'articuler avec la conscience dans le geste et dans le processus de pensée.

Ralentir, c'est oser stopper la machine infernale du mental, de notre cinéma intérieur permanent pour reprendre possession de notre corps et de notre âme. Ainsi, nous nous ouvrons à la possibilité de goûter la Vie dans l'instant, sans retour vers le passé, ni projection vers l'avenir. Ralentir, c'est s'arrêter de temps en temps sur le bord de notre vie pour regarder l'eau de la rivière qui coule.

 

(1) exploit réalisé le 15 octobre 2012 par Félix Baumgartner avec un saut de 39 kilomètres et une vitesse dépassant le mur du son, soit près de 1342 km/h.

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 23:35

 Je me définis comme reliant des frontières. En effet, je suis née en Amérique Latine, en Uruguay, dans le Sud et je suis actuellement dans le Nord, professeur d'économie à Paris. Je suis, par ma formation, un chercheur qui utilise des concepts théoriques et en même temps, je milite sur le terrain avec des organisations non gouvernementales comme Justice et paix." Cette voix au doux accent chantant d'Amérique du Sud animée par un visage souriant détonne dans la galaxie des experts en économie. C'est celle d'Elena LASIDA (1), une des rares économistes qui touche les coeurs sans chercher à déballer tout son savoir avec la panoplie  de schémas, de statistiques ou de prédictions habituelles. img-1-copie-1.png

Ayant eu le privilège de l'écouter à l'occasion d'une conférence intitulée " Quand l'économie interroge le sens de la vie ", j'ai été très réceptif à son questionnement reliant l'économie au social :

" En quoi nos formes d'activité économique contribuent-elles au lien social ?"

Force est de constater que circuler dans un hypermarché et remplir son caddie puis passer à la caisse limite le lien social, s'il en est un, avec la caissière à moins d'avoir l'heureux hasard de croiser des connaissances entre le rayon des surgelés et celui des fruits et légumes.

Concernant les AMAP ou Associations de Maintien de l'Agriculture Paysanne, elles proposent la vente de produits  de la ferme ( fruits et légumes)  directement du producteur au consommateur. Leur développement et leur succès croissant auprès des consommateurs témoigne d'un autre lien social. La relation économique prend souvent le temps du lien entre agriculteur et consommateur, surtout si celui ci se déplaçe sur la ferme elle-même.

Et que penser de ce que j'ai découvert ce week-end dans un petit village de l'isère, le distributeur automatique de baguettes de pain ! A priori très rentable pour le boulanger local qui en a installé plusieurs dans divers villages environnants. Est ce que cette forme de vente, qui peut certes faciliter la recherche de la baguette de pain quand ochatenay-septembre-2012-024.jpgn a loupé l'heure d'ouverture de la boulangerie, est elle vraiment productrice de lien social ? Dans ces villages, se donne-t'on rendez vous devant le distributeur pour se rencontrer et tailler la causette comme, naguère, à l'occasion du passage de la camionnette du boulanger dans le village ?

Cette généralisation de distributeurs automatiques, y compris dans le tissu rural, pourrait un jour conduire au distributeur de médicaments plutôt qu'à la pharmarcie. Que restera t'il alors comme espace de vente direct entre producteur et consommateur ?

Peut être, l'été, les quelques baraquements de vente de fruits  le long des routes touristiques du sud de la France ?

Réconcilier le rapport économique avec le lien social apparait à contre temps du mouvement général et pourtant, il est porteur de sens pour nos générations et les suivantes.

Alors, Monsieur le boulanger, si vous mettiez seulement des biscottes dans vos distributeurs plutôt que du pain ?

Et si vous pouviez choisir votre caissière dans votre hypermarché entre Claudine, Alexandra ou Sophie ? Ah, un espoir, il semblerait que le coiffeur ou la coiffeuse préserve une clientèle encore identifiée et fidélisée pour une partie et où l'on cause de tout et de rien et c'est çà aussi le lien social.

Aussi, j'espère que nous ne deviendrons pas tous chauves dans quelques années avec le réchauffement climatique !

 

(1) dernier ouvrage d'Elena Lasida : le goût de l'autre. La crise, une chance pour réinventer le lien.

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